La Russie ne s'est jamais considérée comme inférieure à l'UE

© Photo Service de communication de l'Usine Legrand a OulianovskXavier Moreau
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La décision du ministère russe des Affaires étrangères de revoir les principes de sa coopération avec l'Union européenne en réponse à la révision par cette dernière de sa stratégie de coopération avec la Russie a provoqué de nombreuses réactions dans les milieux politiques internationaux.

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Selon une source diplomatique russe, les affaires ne peuvent plus être menées comme avant, car l'UE s'octroie un rôle de leader dans ses relations avec la Russie. Bruxelles s'estime en droit d'indiquer à ses collègues russes "ce qu'ils doivent et ce qu'ils ne doivent pas faire". La source a indiqué à cette occasion que la Russie n'avait pas besoin d'une telle coopération.

L'agence Sputnik a demandé à Xavier Moreau, cofondateur du centre analytique Stratpol, de commenter les positions de Moscou et de Bruxelles.

"Moi, je crois que les Russes n'ont jamais cru vraiment à l'Union européenne, parce que la Russie cherche des relations bilatérales avec des pays sérieux c'est-à-dire avec la France et l'Allemagne, exactement sur le modèle qu'on a vu à Minsk. C'est-à-dire que les trois grands puissances continentales se réunissent, se mettent d'accord pour régler un problème, en l'occurrence l'Ukraine. Je pense que c'est ça que cherchent les Russes aujourd'hui", a déclaré Xavier Moreau.

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A titre d'exemple, il a cité l'époque qui a suivi les guerres napoléoniennes.

Il s'agit d'une "vision je dirais post-guerres napoléoniennes, c'est-à-dire d'une vision assez viennoise en fait, avec les grandes puissances européennes qui se mettent d'accord pour régler les problèmes". ​Selon M.Moreau, "la Russie ne s'est jamais considérée comme inférieure à l'Union européenne".

"On est dans un système qui est à la fois westphalien, c'est-à-dire que les acteurs internationaux sont des Etats-nations dont la Russie fait partie. Dans le même temps, on est dans un système, comme je vous disais, viennois, c'est-à-dire, vous essayez de régler les conflits avec un accord entre les grandes puissances européennes", a indiqué l'analyste.

D'après lui, il s'agit du système vers lequel tend la Russie et vers lequel avance également l'Union européenne.

"L'UE est aux abois, elle parle beaucoup, elle prend des décisions qui en fait n'aboutissent à rien, elle est très contestée en interne et donc elle s'agite. L'Union européenne s'agite et la Russie passe", a constaté le cofondateur de Stratpol.

Son collègue John Laughland, directeur des études à l'Institut de la démocratie et de la coopération de Paris, estime pour sa part que l'attitude de l'Union européenne est "toujours très arrogante et toujours très donneuse de leçons".

"L'Union européenne se veut dans l'avant-garde des valeurs humaines et elle traite la Russie comme un mauvais élève qui a besoin d'être encouragé, mais aussi châtié de temps en temps. Donc, il y a toujours cette attitude profondément suffisante et arrogante à l'égard de la Russie", estime l'expert.

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Il est toutefois persuadé que malgré son arrogance, l'Union européenne est "parfaitement consciente — d'abord avec la Russie, mais aussi avec la crise des migrants — qu'il y a des choses dans le monde qu'elle ne peut pas contrôler".

"Ça fait 20 ou 25 ans qu'elle fait comme si elle pouvait tout faire, comme si elle pouvait restructurer le continent, faire disparaître les monnaies nationales, instaurer un gouvernement fédéral au niveau européen, faire disparaître les vieilles nations d'Europe. Il s'agit là d'un plan révolutionnaire conçu pour le long terme, conçu au moment de la fin de la guerre froide", a indiqué John Laughland.

Il espère que grâce au comportement de la Russie en Ukraine et en Syrie ou grâce à la crise des migrants qui échappe au contrôle de Bruxelles, l'Union européenne regardera enfin la réalité en face et ne se tournera pas vers des "projets idéalistes et irréalisables".

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