Quel est le principal défaut de la politique étrangère US

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Les Etats-Unis sont victimes de leur propre politique étrangère, gaspillant depuis les 30 dernières années de l'argent et des vies pour atteindre des buts illusoires au Proche-Orient, en Afrique du nord et ailleurs.

Qu'est-ce qui est à l'origine de ce cap erroné, surtout au Proche-Orient? Les paradigmes faux et les intérêts particuliers, répond le politologue et historien américain Robert S. Leiken dans un article pour The National Interest.

Paradigmes erronés

"Les Etats-Unis ont passé ces 30 dernières années à s'attaquer à des ennemis illusoires et à défendre leurs prétendus amis aux Proche-Orient, à sacrifier pour rien du sang et des fonds, se polarisant sur le régime (américain, ndlr) et diminuant son influence".

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Cette mésaventure américaine ressemble bien à un jeu de colin-maillard qui ne réussit toujours pas, poursuit-il. Les administrations s'attaquent sans relâche aux problèmes moyen-orientaux, se comportant comme un bagarreur ivre de bar, sans parvenir à les résoudre.

D'abord, Washington a dérangé un nid de guêpes en Irak suite aux attentats du 11 septembre 2001. Ensuite, il s'est tourné vers la Libye et la Syrie. Le résultat? La menace numéro un du monde, Daech, prospère dans chaque pays mentionné.

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Et il aurait fallu peut-être tout simplement réfléchir avant de s'impliquer dans ce nid de guêpes moyen-oriental qui ne cesse de s'étendre, se poser des questions: qu'est-ce qui se trame là et quelles conséquences peut entraîner l'ingérence américaine?

"Ceux qui ont mis pieds en Irak n'ont pas supposé qu'un conflit des sectes, des civilisations, éclaterait par la suite", estime l'analyste.

Et après le 11 septembre, Washington a adopté un paradigme erroné. Si l'on s'était rendu compte que cette crise chiite-sunnite préparait le terrain pour un théâtre militaire, on aurait pu éviter la crise qui se déroule sans discontinuer déjà depuis 15 ans.

"L'intervention occidentale n'a pas mis fin à ce conflit et ne le fera pas, elle ne fait que l'intensifier et le prolonger", met-il en exergue.

Intérêts particuliers

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Après la tragédie du 11 septembre 2001, des milliers de compagnies privées et d'agences fédérales ont fait leur apparition, avec des millions d'employés se spécialisant prétendument dans la sécurité intérieure et dans la lutte contre l'insurrection. Puis, sous le prétexte de la guerre contre le terrorisme, cette filière anti-insurrectionnelle s'est étendue vers la Maison Blanche et le Pentagone entraînant de plus en plus d'interventions.

Par exemple, à la place de garder l'Ukraine comme un "pont" entre la Russie et l'Occident, ces soi-disant partisans de la démocratie ont aidé à renverser le pouvoir ukrainien de l'époque, transformant ainsi la bourbe géopolitique en champ de bataille dans le style de la guerre froide.

Entre-temps, les Etats-Unis soutiennent toujours leurs amis du Golfe, ceux qui s'emploient à financer les islamistes dans la région.

"Par conséquent, nous nous sommes placés dans un cercle vicieux de violence au Proche-Orient, en Afrique du nord et en Afrique centrale", explique M. Leiken.

Selon lui, si la Maison Blanche est vraiment préoccupée par les réseaux djihadistes croissants, elle devrait en premier lieu imposer des sanctions aux entités qui les financent. D'ailleurs, les Etats-Unis devraient revoir leur position envers la Russie. Il faut que Washington aide l'Europe et la Russie à parvenir à une détente, au lieu d'encourager cette querelle. Concernant l'équilibre des pouvoirs, le gouvernement américain doit apprendre à le maintenir par la voie diplomatique, pas militaire.

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Dans ce sens, l'avis de M. Leiken fait écho à celui du politologue et professeur américain Stephen F. Cohen qui maintient que la ligne des Etats-Unis ne mène nulle part. Dans un de ses récents entretiens, M. Cohen a estimé que la Russie lutte avant tout pour la stabilité du monde où les grandes puissances doivent coopérer en matière de sécurité, toute en préservant leurs spécificités.

On peut dire toutefois que cela va à l'encontre des intérêts de Washington, mais il est temps qu'il abandonne les stéréotypes vieillis de l'époque de la guerre froide et s'attèle aux problèmes d'actualité, résume M. Cohen.

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