L’autocensure, une maladie de la démocratie contemporaine?

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Tant que de nouvelles révélations abonderont et que les gens se rendront compte de la surveillance du gouvernement, ils se garderont de faire part de leur opinion personnelle sur les réseaux sociaux, si celles-ci ne s'inscrivent pas dans la ligne directrice du gouvernement, révèle une étude récente.

Avez-vous déjà hésité avant de partager une publication sur Facebook ou avant de publier un Tweet? Si votre réponse est "oui", ne vous ruez pas chez le psy. Vous n'êtes pas paranoïaque mais vous faites partie d'une tendance générale d'autocensure, affirme Elizabeth Stoycheff, chercheuse de l’université de Wayne State à Detroit, dans son étude intitulée "Sous surveillance: examen de l’effet de la spirale du silence sur Facebook depuis les révélations sur la surveillance d’Internet par la NSA".

Si de temps en temps vous vous posez la question de savoir si votre publication plairait à un représentant de l’État qui surveillerait vos communications, vous êtes certainement victime du phénomène baptisé "spiral du silence".

La "spirale du silence" est le phénomène par lequel les gens cachent des opinions qu’ils jugent impopulaires pour s’adapter et éviter l'isolement social, explique le Washington Post. Il a été examiné dans le contexte des réseaux sociaux sur lesquels nous adaptons nos opinions à l'activité en ligne de nos "amis" sur Facebook et Twitter. Mais ce phénomène s’est répandu et complexifié, ce qui est dû en grande partie à la surveillance mise en place par les autorités.

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Ainsi, Elizabeth Stoycheff a mené une expérience au cours de laquelle les participants ont d'abord été interrogés au sujet de leurs convictions politiques, leurs traits de personnalité et leurs types d’activité en ligne afin de leur créer un profil psychologique. Ensuite, elle a régulièrement rappelé à une partie des participants que la surveillance du gouvernement s’appliquait sur via Internet et leur a donné un nouveau questionnaire pour connaître leur opinion à propos d'un titre fictif neutre. Ce dernier informait que les frappes aériennes américaines avaient ciblé Daech en Irak. Sujet sensible. Résultat, "la majorité des participants a réagi en appliquant une autocensure et en supprimant les opinions qu’ils jugeaient minoritaires".

La chercheuse trouve les résultats inquiétants:

"Un grand nombre de personnes avec qui j’ai parlé affirment ne pas se soucier de la surveillance en ligne parce qu’ils ne violent aucune loi et qu’ils n’ont rien à cacher. Et je trouve cette façon de se justifier profondément troublante.", confie-t-elle à Washington Post.

Curieusement, ceux qui affirmaient n’avoir rien à cacher étaient ceux qui étaient dans le même temps les plus susceptibles de faire taire leurs opinions minoritaires au cours de l’expérience. 

"Le fait que les gens qui affirment n'avoir rien à cacher se sentent intimidés montre à quel point la confidentialité en ligne est plus prégnante que la légalité des actions. Pourtant, pouvoir gérer sa présentation et son image dans la vie privée et maintenant dans les historiques de recherche et les métadonnées est un droit de l'homme fondamental", souligne la chercheuse.

Mme Stoycheff est également préoccupée par le comportement "tranquillement oppressif" de l'autocensure.

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Le fait que la surveillance semble donner naissance à une culture d'autocensure parce qu'elle prive de leurs droits des groupes minoritaires préoccupe la spécialiste. Et il est difficile de protéger les droits de ces populations vulnérables lorsque qu’ils n’ont pas voix au chapitre. 

"La démocratie se nourrit de la diversité des idées tandis que l'autocensure affame", constate Mme Stoycheff.

"Il est nécessaire de faire comprendre aux Américains que ces libertés civiles sont tout aussi fondamentales pour le bien-être du pays à long terme que la prévention des attaques terroristes, qui sont pourtant très rares.", conclut Elizabeth Stoycheff.

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