Les animaux choisissent les chasseurs
"La chaîne logique est simple, explique sur son blog Maria Boutina, membre du conseil d'administration de l'association Droit aux armes. Une législation adéquate entraîne la circulation de plus d'armes légales, par conséquent plus de chasseurs adéquats, par conséquent une exploitation plus rationnelle des ressources naturelles et un plus grand respect de la faune. Et, au final: une nature florissante."
Autre exemple: en Allemagne, les chasseurs abattent environ 700 000 sangliers par an, contre 35 000 en Russie (avant la peste porcine africaine). La Suède abat chaque année 100 000 élans, les Finlandais 70 000, alors que toute la Russie, du Kamtchatka à Kaliningrad, en élimine 22 000. Ces chiffres ne témoignent pas de la cruauté des Européens mais de l'abondance d'animaux dans les forêts du Vieux Continent, car les quantités de gibier sont calculées à partir du nombre de têtes. Le milieu de la chasse fournit aussi une grande partie des moyens pour la protection des animaux et de la nature sauvage — en Europe et aux USA, mais également en Russie — aussi bien par les contributions régulières des chasseurs que par les paiements pour les licences, qui permettent notamment de chasser un animal particulier et l'utilisation de l'infrastructure de chasse. Par exemple, un tour de chasse à l'ours au Kamtchatka coûte entre 15 000 et 17 000 dollars — environ les deux tiers de cette somme sont reversés au domaine de chasse d'accueil. D'ailleurs, 80% des tigres de Sibérie vivent sur le territoire des domaines de chasse et seulement 20% sur les territoires protégés de l'Extrême-Orient.
Chasseur vs braconnier
"L'argent payé par les chasseurs pour tuer les animaux vieux et impuissants pourrait servir à protéger d'autres espèces, ce qui est un argument en faveur de la chasse commerciale correctement contrôlée", a notamment déclaré le prince britannique William à la télévision au sujet de l'utilité de la chasse aux trophées.
En effet, le coût des tours de chasse en Afrique atteint des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars — cet argent permet de nourrir les animaux sauvages, de tirer des prédateurs, et surtout de soutenir la formation de garde-forestiers pour protéger les animaux des braconniers. Ces derniers, au même titre que l'aménagement industriel et agricole des terrains sauvages, sont le principal fléau des animaux sauvages.
La déclaration du prince britannique n'a pas été sans provoquer des remous dans le camp des Verts européens, même si les statistiques que ces derniers citent parlent plutôt en faveur des chasseurs. Aujourd'hui, il y a près de 15 000 tigres en Afrique dont 300 sont tirés chaque année dans le cadre des chasses aux trophées (2% de la population) — ces chiffres sont cités par l'un des critiques de William, le directeur de l'organisation britannique de protection de la nature Lion Aid, Pieter Kat. A titre de comparaison, le magazine de l'Académie des sciences des USA Proceedings of the National Academy of Sciences a prédit une division par deux de la population des lions africains dans les régions centrales du continent et dans l'Est d'un tiers, à cause du braconnage et de l'aménagement agricole des terrains. Pas des chasseurs de trophées.
Mais quand, six mois plus tard, les autorités ont annoncé la nécessité d'éliminer environ une dizaine de prédateurs (devenus plus nombreux à cause de l'interdiction de chasser le lion), pratiquement personne ne l'a remarqué — car ces animaux n'étaient pas des héros du web.
Le tracteur et les "docteurs" chinois
Le sort de milliers d'éléphants abattus chaque année en Afrique par des braconniers ne suscite pas non plus d'émotions aussi vives que la mort du lion Cecil. Pourtant, à la réserve de chasse de Selous en Tanzanie — la plus grande réserve de gibier en Afrique — la population d'éléphants s'est réduite de 80% en dix ans: en 2005 on comptait encore 70 000 spécimens, contre seulement 13 000 aujourd'hui.
La demande provenant d'Asie de l'Est entraîne souvent un braconnage massif, pratiquement à échelle industrielle. Dans la médecine orientale traditionnelle, les parties d'un corps animal sont utilisées pour préparer des potions et la poudre d'une corne de rhinocéros africain, par exemple, vaut plus cher que l'or. Cela coûte la vie à des milliers d'animaux. L'antilope saïga, qui vit sur le territoire de l'ex-URSS, n'a pas non plus de chance. "Avant (la chute de l'Union soviétique) près de 700 000 saïgas vivaient sur le territoire de la Kalmoukie, rappelle Valeri Kouzenkov. Il en reste aujourd'hui seulement 2 000 ou 3 000." Selon l'expert, cette brusque diminution de la population est due à la suppression de la Direction générale des domaines de chasse et de réserves auprès du Conseil des ministres de la RSFSR, qui a conduit à un "sursaut incontrôlable du braconnage".