La journée d’un bénévole à Paris: aider les migrants tous les jours

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Depuis le début 2015, l’Europe traverse une crise migratoire gravissime. Entre ceux qui sont pour l’accueil et ceux qui sont contre, il y a ceux qui ne parlent pas, mais qui agissent. Tous les jours.

This photo taken on March 23, 2016 shows migrants in a makeshift camp of refugees and migrants from Afghanistan, Sudan, Somalia, Erytrea, set under the Paris elevated railroad near the Stalingrad subway station. - Sputnik Afrique
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Il s'appelle Romain Prunier, il a 30 ans, il est bénévole. Tous les jours après sa journée de travail, il vient sous le pont près du métro "Stalingrad", dans le XIXe arrondissement de Paris. Il reste jusqu'à 22 h, parfois 23 h pour aider les migrants qui arrivent ici pour échapper aux cauchemars des guerres, pour chercher une vie nouvelle.

Au cœur d'une métropole où règne le chacun pour soi, j'ai rencontré l'un de ceux qui n'a pas peur de donner et de prendre en charge les problèmes des autres:

"J'arrive sur le campement après 18 h, après mon travail. En général on aide les migrants sur place pour des conseils juridiques, pour une aide pratique, que ce soit aller chercher de la nourriture, trouver les dons et les amener, faire des distributions, accompagner certaines associations qui arrivent pour les orienter. Je viens quasiment tous les jours. Ça me semble important qu'il y ait un accueil pour les étrangers, je n'aimerais pas être dans leur situation. J'imagine que si j'étais réfugié dans un autre pays et qu'on me laissait dormir dehors à la rue sur un matelas, je trouverais ça très difficile et donc je trouve ça normal qu'en France on puisse accueillir les gens dignement, qu'ils aient non seulement le minimum — à manger, à boire, des habits —, mais aussi et surtout qu'il y a le respect du droit d'asile, que ça aille beaucoup plus vite et que du coup en attendant il y a des personnes qui soient plus solidaires à leurs côtés. En fait, c'est une double démarche, à la fois humaine — être à leurs côtés — et c'est également faire en sorte de l'État prenne ses responsabilités et apporte des solutions le plus vite possible. C'est pour ça que je suis ici."

Il existe un réseau d'associations en faveur des droits des migrants dont Romain fait partie. Pour soulager la vie quotidienne déjà difficile des nouveaux arrivants, il explique son action au quotidien:

A woman and a man stand as they are evacuated by police officers and gendarmes from a makeshift camp under the Stalingrad railway station in Paris on March 30, 2016 - Sputnik Afrique
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"Pour les vêtements il y a un vestiaire qui recueille les dons vêtements et ça permet qu'à certains horaires ça soit ouvert pour que les migrants puissent se servir et puissent prendre le temps d'essayer les vêtements, pour voir ce qui leur convient le mieux et que ça soit vraiment un moment de détente pour eux […] Pour la nourriture, il y a des particuliers qui viennent faire des dons, il y a aussi des associations qui apportent le soir pour 100-200 personnes, 300 parfois. On les accueille, on les aide pour faire les distributions et on s'assure que tout se passe au mieux."

Ceux qui vivent près de la station Stalingrad viennent aider comme ils peuvent, raconte Romain:

"Il y a des commerçants du quartier qui apportent des fruits et légumes tous les soirs. Il y a également une boulangerie qui apporte 15 à 20 kilos de pain, des invendus, tous les soirs aux migrants. Ça leur permet de compléter les repas et c'est des choses qui sont extrêmement utiles, c'est tout à fait faisable, d'autres commerçants peuvent le faire et c'est tout à fait souhaitable de développer ça. En lien avec d'autres associations, on donne des cours de français pour les demandeurs d'asile. On les oriente là où ils peuvent avoir des cours de français. Également, il y a des conseils juridiques, un accompagnement juridique avec des avocats. On s'assure de leur trouver des ordinateurs portables, des ordinateurs fixes afin qu'ils puissent être en contact avec leurs familles, qu'ils puissent avoir l'accès à Internet. Et également, on accompagne certains migrants qui sont en reprise d'études. Il y a des programmes d'études et d'apprentissage du français qui ont lieu dans des grandes écoles comme l'ENS, (École normale supérieure), l'EHESS (École des hautes études en sciences sociales). Certains des migrants que l'on connaît ont été orientés vers ces programmes et aujourd'hui ils apprennent le français ou bien sont en reprise d'études pour des licences, des masters. C'est quelque chose qui leur permet de s'insérer dans la société française."

Traverser ensemble des journées et des nuits difficiles — cela rapproche sans doute et l'amitié n'est pas rare quand il y a tant de soucis à partager:

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"La plupart des migrants présents sont des Soudanais, des Afghans, beaucoup de personnes qui parlent anglais, donc on arrive à se comprendre. Quand on est ensemble, quand on se fréquente pendant des semaines et des mois, voire des années, on devient amis et on garde contact. J'ai un ami soudanais qui a obtenu le statut de réfugié. Il est en attente d'avoir un logement, il va s'installer avec sa copine française sur Paris et il va commencer à chercher du travail. Il a eu l'autorisation de travailler et donc c'est une nouvelle vie qui va commencer pour lui."

Romain est un bénévole parmi des centaines des jeunes Parisiens qui savent donner aux autres. Cette crise migratoire est tellement regardée au travers d'un prisme géopolitique qu'on oublie parfois qu'elle aussi a un visage humain.

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