Encore une journaliste russe expulsée d’Ukraine, Moscou proteste

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A l'aéroport de Kiev, la journaliste de la chaîne de télévision russe VGTRK, Daria Grigorova, a été informée que, sur décision du Service ukrainien de sécurité (SBU), elle était interdite d’entrée en Ukraine pendant cinq ans, sans qu’aucune explication ne lui ait été donnée à ce sujet.

A son arrivée à Kiev en provenance de Riga, la journaliste de la chaîne de télévision russe VGTRK, Daria Grigorova, a appris qu'elle était interdite d'entrée en Ukraine pendant cinq ans, les garde-frontières de l'aéroport lui ayant remis un document ad hoc sans donner d’explication, rapporte la chaîne Rossia-24. 

"J'ai été interpellée au contrôle des passeports et conduite dans un bureau où on m'a remis un document en ukrainien et annoncé que, sur décision du Service de sécurité d’Ukraine (SBU) pour la région de Dniepropetrovsk, j'étais interdite d'entrée sur le territoire ukrainien pour les cinq prochaines années", a fait savoir la journaliste via Skype. 

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Et d'ajouter qu'elle attendait déjà depuis plusieurs heures une décision des garde-frontières sur l'endroit vers lequel elle serait expulsée. 

"J'ai bien l'impression que les autorités aéroportuaires ne savent pas quoi faire de moi (…) De toute évidence, je repartirai pour Riga, mais je n’ai pas de réservation d’hotel là-bas, et je n'ai toujours pas de billet d'avion pour m'y rendre", a indiqué Daria. 

Néanmoins, la procédure de déportation a été très longue, et tous les avions sont partis. Aussi, la journaliste a-t-elle dû passer la nuit à l'aéroport Borispol de Kiev, l'hôtel n'étant pas prévu pour les personnes à déporter. Faute de vol direct pour Riga, Daria Grigorova a pris le premier avion en partance pour Amsterdam afin de s’envoler ensuite pour Riga.

"Je viens d'atterrir à l'aéroport d'Amsterdam. Ma déportation vers les Pays-Bas est sans doute symboliquement ironique, ce pays ayant récemment voté contre l'association de l'Ukraine avec l'Union européenne", a relevé la correspondante.  

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Ce n'est pas le premier incident du genre avec des journalistes russes en Ukraine. Face à la multiplication des violations de la liberté de la presse dans ce pays, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a ouvert un fil d’information où elle tient la chronique des incidents majeurs parallèlement à ses communiqués de presse réguliers. 

La correspondante à Kiev de la chaîne de télévision russe Pervy Kanal, Alexandra Tcherepnina, a été interpellée le 1er juillet 2015 et expulsée par le SBU. Les agents l’ont accompagnée chez elle pour rassembler ses affaires avant de l’installer à bord d’un avion en direction de Moscou. Aucune procédure judiciaire n’a été ouverte, mais la journaliste, accusée d'"activité destructrice anti-ukrainienne", est bannie d’Ukraine pour une période de trois ans.  

Le 25 février 2015, les journalistes russes Elena Makarova et Andreï Grigoriev, respectivement correspondants des chaînes de télévision Pervy Kanal et NTV, ont été interpellés par le SBU dans le centre de Kiev alors qu'ils couvraient la "Marche de la vérité", manifestation antigouvernementale organisée par le mouvement ultranationaliste Pravy Sektor. Le SBU a ensuite décidé de les expulser du territoire ukrainien et de leur interdire tout séjour dans le pays pendant les cinq ans à venir pour "propagande anti-ukrainienne".  

Le 30 janvier, le SBU avait de même interpellé et expulsé les correspondantes Elisaveta Khramtsova et Natalia Kalychieva, de la chaîne russe Lifenews, et leur avait interdit de revenir sur le territoire ukrainien pendant cinq ans.  

Selon le SBU, 88 professionnels des médias russes ont été expulsés entre avril 2014 et février 2015. 

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Par ailleurs, à la demande de la Rada suprême (parlement) d'Ukraine, le SBU a dressé la liste des médias russes dont les collaborateurs sont désormais privés d’accréditation auprès des institutions d’Etat ukrainiennes. Cette liste, qui comprend près de 110 médias russes ainsi que toutes les chaînes de télévision russes à l’exception de Dojd.

L'Ukraine, dont les relations avec la Russie sont au plus bas, a privé d'accréditation de nombreux médias russes et expulsé plusieurs dizaines de leurs journalistes, accusés de propagande et de désinformation. Ces décisions ont valu à Kiev des critiques des ONG défendant les médias.

Pour sa part, Moscou attend une réaction appropriée de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de l'Union européenne et des Etats-Unis à la déportation en masse de journalistes russes d'Ukraine, en soulignant que le "deux poids, deux mesures" est inadmissible quand il s'agit de la liberté de la presse.

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