"Je risque de mourir. Prie pour que je devienne une martyre"

© Flickr / Taufiq AizuddinJeune fille en niqab
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C'était le message qu'a laissé une jeune Tunisienne à sa mère lorsqu'elle est partie rejoindre Daech en Libye.

"Maman, c'est Rahma. Je suis à Sabratha. La situation est dangereuse et je risque de mourir. Prie pour que je devienne une martyre", a appris un jour Olfa Hamrouni dans une détresse indescriptible.

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Rahma Chikhaoui, âgée de 17 ans, a quitté sa ville natale de Sousse (ville portuaire de l'est de la Tunisie) pour rejoindre sa sœur aînée, Ghofrane, dans un camp d'entraînement de Daech situé non loin de la ville libyenne de Syrte.

A l'époque, Sabratha, un des camps des djihadistes, était pilonné sans discontinuer par les airs pendant une semaine. Les habitants étaient en proie à la peur, Rahma entre autres, effrayée encore plus car elle se trouvait près de la cible principale des tirs, son mari.

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Rahma venait d'épouser Noureddine Chouchane, chef tunisien de 36 ans d'Ansar al-Charia à Sabratha, qui de son côté avait récemment prêté allégeance à Daech. Il était suspecté d'avoir organisé l'attaque contre la ville de Sousse, où 38 personnes avaient trouvé la mort, et était donc la cible des bombardements aériens.

Ayant survécu à l'attaque, Rahma a tenté de contacter sa mère. Une fois le message reçu, la mère de Rahma a appelé sa fille.

"Elle pleurait désespérément. Après la mort de son mari, elle a jeté son niqab et envisagé de rentrer en Tunisie, mais elle savait qu'elle irait en prison", a confié Olfa Hamrouni à Middle East Eye.

Rahma avait déjà cherché l'aide de sa sœur aînée Ghofrane qui habitait à Syrte et qui était elle aussi mariée à un terroriste. Mais sa sœur ne l'avait pas aidée.

Ghofrane a été la première à choisir le chemin du radicalisme islamique. En 2012, un campement baptisé dawah (invitation, pour les non-musulmans, à écouter le message de l'islam) a été installé près de leur maison. Là, a démarré la triste histoire des deux sœurs.

En novembre 2014, Ghofrane s'est enfuie de sa ville natale pour aller dans un camp d'entraînement militaire à Syrte et n'a plus contacté sa mère depuis ce jour.

Mais les appels téléphoniques de Rahma n'ont pas apporté plus de réconfort à sa mère. Rahma a notamment menacé de venir kidnapper ses deux sœurs cadettes. Mais son ton est devenu encore plus agressif quand elle a appris que la police avait écouté leurs conversations (à la demande de sa mère).

"Je vais rentrer en Tunisie et coloniser le pays. Nous préparons des attaques. Tu verras, maman. Vous verrez tous", a fustigé Rahma.

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En mars dernier, une attaque a été réalisée contre la ville tunisienne de Ben Guerdane. Et c'est seulement là que les autorités se sont finalement intéressées aux adolescentes. Certains journaux présumaient que les deux filles d'Olfa pouvaient être liées à l'attaque.

On a d'ailleurs demandé à Olfa de fournir un échantillon ADN pour pouvoir identifier les filles, mais la femme a refusé.

La Tunisie s'avère être le plus grand pourvoyeur de combattants étrangers pour Daech. Depuis 2011, quelque 6.500 Tunisiens ont grossi les rangs des djihadistes en Syrie, en Irak et en Libye, signale le Soufan Group.

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Depuis que sa deuxième fille s'est enfuie de Sousse, Olfa Hamrouni s'acharne à dénoncer l'indifférence des autorités tunisiennes. Elle a pris part à de multiples émissions télévisées en Tunisie, déclarant que sa fille était sur le point de partir en Libye, mais personne n'a réagi, sans parler de proposer de l'aide. L'initiative d'Olfa Hamrouni est absolument inédite en Tunisie, elle a été la première mère à avoir condamné publiquement le comportement des autorités tunisiennes envers des personnes comme ses filles.

Le problème, c'est que le sujet des combattants étrangers est souvent passé sous silence, estime Iqbal Ben Rejeb, fondateur de l'Association de sauvetage des Tunisiens bloqués à l'étranger. Il s'emploie à aider des familles comme la famille Hamrouni et souhaite que les proches des combattants partis rejoindre les terroristes n'aient pas peur des autorités.

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