La "méchante en hijab" ou pour quoi luttent les féministes islamiques?

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Est-il possible de pratiquer l'islam et d’être féministe? Les termes se contredisent, paraît-il. Et bien, c’est possible. Pour preuve, cette jeune Pakistanaise qui lutte pour les droits des femmes sur le terrain virtuel.

Elle est née à Karatchi, a grandi en Arabie Saoudite, vécu au Canada puis aux Etats-Unis. Angry Hijabi, c'est ainsi qu'elle se nomme dans son blog, est chiite et porte hijab depuis l'âge de neuf ans.

Musulmane de religion, la femme présente sur sa page web sa vision des questions raciales, des relations entre les sexes et "d'autres aspects de la justice sociale" et raconte au monde l'injustice que subissent les femmes musulmanes.

Angry Hijabi estime que l'égalité hommes-femmes ne contredit pas l'islam. En se positionnant en tant que féministe islamique, elle explique ce que ce terme étrange signifie.

Les féministes islamiques aspirent à tous ces droits dont possèdent les femmes des pays occidentaux: le droit à la formation et au travail, le droit de voter et d'être élue, celui de se marier et de divorcer à son gré, de conduire une voiture, de voyager, de visiter des lieux publics sans être accompagnée par un homme, et de vivre sans subir de violences de la part des maris.

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Selon elles, de nombreux principes de la charia, considérés comme vérités générales, représentent en réalité une interprétation erronée et excessivement patriarcale de la volonté d'Allah et du prophète Mahomet. Autrement dit, au cours des siècles, les hommes ont un peu "mis en forme" le texte.
De l'autre hémisphère, Angry Hijabi suit de près les problèmes qui pèsent sur les femmes dans les pays musulmans.

Evoquant son pays natal dans un de ses postes, Angry Hijabi cite d'accablantes statistiques: environ la moitié des femmes pakistanaises considèrent la violence conjugale comme admissible. Plus de 15% des sondées affirment qu'elles méritent un châtiment corporel si le plat qu'elles préparent est brûlé, et presque 30% trouvent la violence à leur égard acceptable si elles sont sorties sans permission du mari.

Selon la bloggeuse, la télévision locale inspire aux Pakistanaise l'idée que la violence domestique est une norme, en diffusant des images de femmes soumises à la volonté des hommes.

Un autre exemple cité par Angry Hijabi concerne l'Arabie saoudite. À Riyad, dans un Starbucks, on a refusé de servir une femme et on lui a proposé d'envoyer un homme pour lui acheter du café. La femme a partagé son histoire sur Twitter et a déclenché une vague d'indignation.

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"Pour tous ceux qui ne connaissent pas les mœurs de l'Arabie saoudite: tous les commerces sont obligés de ségréger les clients. Les hommes peuvent entrer dans des +zones masculines+ aussi bien que dans des zones familiales, s'ils sont venus accompagnés d'une femme et d'enfants. Dans la plupart des restaurants et des cafés, il n'y a pas de zones réservées uniquement aux femmes. (…) Si une femme entre dans une zone réservée aux hommes, elle sera tout de suite mise à la porte", raconte-t-elle.

Les féministes musulmanes ont fondé plusieurs organisations, dont la plus grande et la plus connue est Muslim Reform, fondée en 2015 par un groupe d'activistes et de journalistes des Etats-Unis, du Canada et d'Europe. Ses membres ont signé une déclaration sur des réformes et exigent l'égalité hommes-femmes.

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