Le Bundestag en phase de reconnaître le génocide arménien

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Le Bundestag se prépare à se prononcer sur la résolution reconnaissant le génocide arménien. Markus Meckel, dernier ministre des Affaires étrangères de la RDA, considère qu'il est grand temps que l'Allemagne, pays bien informé sur les atrocités perpétrées par l'Empire ottoman, reconnaisse les faits historiques.

Il est extrêmement important d'adopter une approche ouverte vis-à-vis de l'histoire et d'éviter de s'en servir à des fins politiques, a déclaré dans un entretien à Sputnik Markus Meckel, qui occupe aujourd'hui le poste de président du Service pour l'entretien des sépultures militaires allemandes (SESMA).

"Je salue la décision du Bundestag de reconnaître la résolution. Le problème du génocide arménien résidait dans un refus permanent d'utiliser le terme de "génocide" et ce dans le but de taire cet affreux événement. Toutefois, la reconnaissance des faits historiques reste cruciale. Et les faits historiques veulent que l'Allemagne ait été bien informée sur ce qui se passait à l'époque. Il existe des rapports de diplomates et d'observateurs militaires — l'Empire ottoman était un allié de l'Empire allemand — donc toutes les horreurs de ce génocide sont scellées par des documents disponibles en Allemagne. Il est donc incompréhensible que ce fait ainsi que la responsabilité collective de l'Allemagne n'aient pas été admis par le passé", indique M.Meckel.

L'ancien ministre a rappelé qu'il avait lui-même initié en 2005 une résolution au Bundestag sur la reconnaissance du génocide arménien. Son adoption avait échoué pour des raisons politiques.

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"Le texte employait le terme de "génocide". L'année dernière, le président fédéral a employé ce même terme. Maintenant je ne peux que me réjouir du fait que le Bundestag utilise également la terminologie relatant l'état réel des choses", a-t-il déclaré.

M.Meckel rappelle toutefois que l'adoption d'initiatives similaires s'était toujours heurtée à des réticences, la Turquie faisant tout pour empêcher l'utilisation de ce terme. Mais, d'après les informations dont il dispose, un consensus a été atteint au sein de la coalition et la résolution sera adoptée.

"La situation est compliquée par le fait que l'Allemagne, comme l'Union européenne, ont besoin du soutien de la Turquie dans la gestion de la crise migratoire. Dans ce contexte, (la chancelière Angela, ndlr) Merkel voulait avant tout éviter de mettre davantage de pression sur les épaules de son ministre des Affaires étrangères", explique-t-il.

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La résolution de cette question relève de la responsabilité des historiens, selon M. Meckel. Or, seuls les historiens turcs continuent à nier ce fait. "De ce fait, la responsabilité des hommes politiques n'est pas de censurer, mais d'admettre les faits généralement reconnus par les milieux scientifiques internationaux", souligne l'ancien ministre.

Et de conclure que la non-reconnaissance du génocide créait chez ses victimes le sentiment que le crime perpétré à leur encontre restait impuni, ce qui ne faisait qu'engendrer de nouveaux problèmes. Or, sa reconnaissance offre aux victimes la possibilité de laisser cette histoire derrière eux.

En 1915, le gouvernement impérial ottoman de l'époque a entrepris l'élimination systématique de la population arménienne. Selon des estimations, entre 300.000 et 1.500.000 Arméniens y ont laissé la vie.

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Les gouvernements turcs successifs n'ont jamais voulu reconnaître le génocide arménien. Le sujet reste sensible en Turquie, ce qui suscite des tensions entre Ankara et Erevan.

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