Portrait d'un manifestant: Franck Nilès, masqué mais pas casseur

© Sputnik . Victoria Ivanova / Accéder à la base multimédiaUne manifestation contre la loi Travail à Paris
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Qui sont ces gens qui prennent part depuis des semaines aux manifestations contre la loi travail à travers la France, et qu'est-ce qui les pousse à descendre dans la rue? Pour répondre à ces questions, Sputnik s'est entretenu avec Franck Nilès qui participe activement aux manifestations et au mouvement Nuit debout.

Habitant de la région parisienne, Franck est un manager dans la capitale. Il avoue lui-même qu'il ne vit pas dans le besoin. Donc, s'il a rejoint les protestations, c'est qu'il juge que ce qui se passe est inacceptable.

"On a le ras-le-bol de toutes les formations politiques en France, ras-le-bol des hommes qui nous gouvernent. Parce qu'il faut savoir qu'avant on avait un gouvernement de droite qui prenait ce genre de mesures mais qui étaient dans leur programme. Ils avaient annoncé qu'ils allaient faire ça, et après ils le font. On est d'accord ou on n'est pas d'accord, mais ils ont été élus", relate-t-il à la correspondante de Sputnik.

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Et aujourd'hui le pays est sous un gouvernement de gauche mais qui fait exactement l'inverse de ce pour quoi on l'a élu, explique-t-il avant de lancer: "Tous ceux qui ont voté pour ces gens-là sont déçus. On se sent trahi."

Or, ce n'est pas à bras ouverts que ces gens trahis sont attendus dans la rue. Pour éviter des traumatismes, les protestataires doivent bien penser leur toilette. Manifestant chevronné, Franck Nilès dit porter une casquette renforcée pour se protéger contre les coups portés à la tête. Des lunettes? Surtout pas!

"Une casquette qui est renforcée, c'est comme un petit casque mais ça se voit pas. Et je mets un foulard sur mon nez avec du jus de citron pour me protéger des gaz lacrymogènes. Je ne mets pas de lunettes parce que justement je sais que ça ferait de moi une cible privilégiée pour les policiers. Tous les gens qui portent des lunettes sont ciblés en priorité", raconte celui qui s'est pris par le passé un éclat de grenade dans la jambe.

A la question de savoir s'il soutient les casseurs, il dit que d'après son expérience il y a toujours des groupes plus ou moins violents. D'ailleurs, ils sont facilement repérables, quoique la police n'agisse pas.

"Aujourd'hui, il arrive que ce soit même les syndicats qui manifestent, qui doivent se battre avec ces groupes de casseurs, parce que la police ne fait rien, elle laisse entrer dans les cortèges, elle laisse commettre leurs exactions pendant un certain temps avant d'agir. (…) Et c'est une fois que ça a dégénéré qu'on commence à avoir des vitrines cassées partout, qu'on a fait des belles images pour les chaînes de télé pour pouvoir dire que le mouvement est un mouvement de casseurs", explique-t-il.

Et de préciser que les casseurs selon lui seraient des gens en crise d'adolescence, "qui ont envie de crier leur rage d'une certaine manière".

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Interrogé sur l'état d'urgence en vigueur dans l'Hexagone, notre interlocuteur indique que cette mesure a laissé les mains libres à l'Etat. Les gens qui prennent part à des actions tout à fait pacifiques, par exemple à des sittings, sont mis actuellement sur écoute et reçoivent des injonctions à rester à domicile ou en tout cas ne pas aller dans certains arrondissements de Paris les jours de manif.

"C'est quelque chose qu'ils peuvent faire suite à l'état d'urgence — les mesures antiterroristes. Aujourd'hui, l'Etat français considère les manifestants de gauche ou de l'extrême-gauche comme des terroristes en fait", considère-t-il.

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