Quand Ankara prend des félicitations pour des excuses

© AP Photo / Francois MoriRecep Tayyip Erdogan
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Les députés turcs, à l'instar de leur président, estiment qu'une lettre de félicitations adressée à la Russie à l'occasion de la fête nationale peut suffire à s'excuser pour l'avion russe abattu.

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Dans une interview à Sputnik, les représentants du parti au pouvoir et des partis de l'opposition turcs ont commenté les lettres que le président et le premier ministre turcs ont envoyées à leurs homologues russes à l'occasion de la fête nationale russe, la journée de la Russie, qui a été célébrée le 12 juin.

Les députés turcs disent considérer ces lettres comme une démarche diplomatique importante visant à normaliser les relations entre les deux pays, une tentative sérieuse de sortir les relations, en pleine crise, entre les deux pays de l'impasse. Et ils déclarent espérer que cette démarche serait favorablement accueillie par Moscou.

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Bizarre! Comment voudraient-ils qu'une simple lettre de félicitations, considérée dans les milieux diplomatiques comme une simple formalité, résolve une grave crise sans que les autorités turques fassent une démarche sérieuse en s'excusant auprès de Moscou pour l'incident de l'avion abattu? Sachant bien que c'est la principale demande de la partie russe, sont-ils effectivement aussi naïfs ou s'agit-il d'un nouveau jeu des responsables turcs visant à persuader le monde de leur "bonne volonté" pour résoudre le conflit?

Parmi les députés qui se sont exprimés à ce sujet figure le président du groupe parlementaire du parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP), Mustafa Elitas.

"Comme on le sait, le 24 novembre un triste incident a eu lieu au cours duquel, conformément aux règles de réponse aux menaces, la partie turque a abattu un avion d'appartenance nationale inconnue. Par la suite, nous avons appris que l'avion abattu appartenait à la Russie. Suite à ce triste incident, les relations entre nos deux pays, qui au cours des dernières années avaient atteint un niveau diplomatique élevé ont essuyé un coup dur. Moi qui étais à ce moment ministre de l'Economie, je réitérais qu'il fallait différencier les relations dans les domaines politique et commercial, et que nous devions apprécier et maintenir cette intimité qui existe entre nos deux peuples".

"Je crois que les lettres du président et du premier ministre turcs adressées à leurs homologues russes contiennent un message mettant en valeur la nécessité d'ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays (…). J'espère que la partie russe réagira à cette démarche de manière positive", a conclu Mustafa Elitas.

Le député du Parti républicain du peuple (CHP) Utku Çakırözer a à son tour indiqué que la Russie et la Turquie avaient toutes les deux été touchées par la crise. Il a également exprimé l'espoir que ce message permettrait d'améliorer les relations les remettant au même niveau où elles ont été auparavant.

"Pourtant, la Russie impose certaines conditions: des excuses pour l'incident et une indemnisation. J'ignore si ces conditions seront accomplies. En tous cas, le texte envoyé à la partie russe ne mentionne aucunement cette question. Moi, personnellement, j'estime que s'il s'agit d'un cas de violation de notre espace aérien, la partie turque ne doit pas présenter ses excuses. Par ailleurs, je préconise un règlement rapide de la crise.

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Selon le député du Parti d'action nationaliste (MHP) Muharrem Varlı, il espère que les lettres seront bien perçues par la partie russe et pourront intensifier tant les contacts diplomatiques, que l'interaction économique.

"Nous comptons sur cela ainsi que sur des pas positifs de la part de la Russie qui s'ensuivront. Le rétablissement des relations fera du bien aux deux parties", a-t-il conclu.

Messieurs les responsables turcs, à l'instar de votre président, vous croyez qu'il est normal d'abattre un avion étranger sans même disposer de l'information exacte confirmant le fait qu'il a violé votre espace aérien (selon Moscou, il ne l'a pas fait). Cependant, même si le Su-24 russe l'avait violé, conformément aux normes internationales, l'aviation turque aurait dû l'intercepter, non pas l'abattre! Ce qui fait que… sans des excuses les relations bilatérales sont mission plutôt impossible.


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