Silence, on torture: la CIA déclassifie de nouveaux documents

© Fotolia / jinga80Un homme interpellé et menotté
Un homme interpellé et menotté - Sputnik Afrique
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Certains agents de la CIA avaient tiré la sonnette d'alarme en interne sur la torture pratiquée après le 11-Septembre. Sous la pression, l’agence a rendu publique une série de documents.

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La CIA a mis en ligne 50 nouveaux documents concernant le programme de détention des prisonniers et d'utilisation de la torture durant les interrogatoires. L'Agence a été obligée de déclassifier les documents conformément à la loi sur la liberté de l'information.   

L'un des documents recommande aux agents de la CIA de s'abstenir d'exprimer par écrit leur opinion concernant le programme. 

"Nous appelons fermement à éviter de partager, sous forme écrite, ses considérations concernant la légitimité des actions en question, (…) examinées et concertées au plus haut niveau de l'Agence. De telles remarques ne présenteront aucune utilité", lit-on dans un document daté du mois d'août 2002.

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Dans un message interne du 22 janvier 2003, un agent de la CIA a déclaré avoir refusé de participer au programme d'interrogatoires en raison de ses "sérieuses réserves".

"Ce matin j'ai informé" le centre anti-terroriste de la CIA  "que je ne serai plus associé en aucune manière avec le programme d'interrogatoires, en raison de mes sérieuses réserves" sur celui-ci, écrivait-il. 

"On court à la catastrophe, et j'ai l'intention de fuir avant", ajoutait cet agent.

Selon le journal Politico, les méthodes des enquêteurs suscitaient des inquiétudes et l'attitude envers ces mesures variait "entre l'excitation et le dégoût".          

Un autre document était consacré au décès du prisonnier Gul Rahman, mort de froid dans sa cellule en Afghanistan en novembre 2002. Le document explique que les détenus de la prison où était détenu Gul Rahman "n'étaient vêtus que de couches" pour leurs interrogatoires, dans la seule intention "de les humilier". 

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Les prisonniers concernés étaient "changés par les gardes", et s'il n'y avait plus de couches, "les prisonniers étaient replacés nus dans leur cellule". 

Rahman avait été retrouvé mort enchainé dans sa cellule, avec un sweat-shirt mais nu sous la ceinture, selon le rapport. 

L'enquête sur cet incident a duré plusieurs années, mais aucune accusation n'a finalement été déposée.

Selon l'AFP, un autre message, abondamment caviardé avant publication, et signé par le chef du service médical de l'agence, met en doute la valeur des informations fournies par les séances de simulation de noyade sur Abou Zoubaydah, le premier membre influent présumé d'Al-Qaïda capturé par les Américains après le 11 septembre.

"Un psychologue interrogateur a estimé que la simulation de noyade avait permis d'établir que Abou Zoubaydah n'avait plus d'informations sur des menaces d'attentats imminents — une justification créative mais redondante", ironise le haut responsable. 

Le directeur de la CIA John Brennan avait reconnu dans une conférence de presse historique que certains agents avaient employé des méthodes "répugnantes" pour faire parler les prisonniers. 

Il a également promis que la CIA n'aurait plus recours à des méthodes agressives d'interrogatoires, y compris la simulation de noyade.


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