Washington à Caracas: le soutien de l’opposition putschiste au nom de la démocratie

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Double langage à Washington: John Kerry estime urgente la reprise du dialogue entre le Venezuela et les États-Unis, mais dans même temps il soutient ouvertement l’opposition vénézuélienne. Caracas est agacée, les leaders des autres pays d’Amérique latine expriment leur désarroi.

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La diplomatie à l'étasunienne: John Kerry, secrétaire d'État américain plaide en faveur d'un référendum qui vise le président Nicolas Maduro, mais il parle en même temps de la nécessité de rétablir des rapports sains entre les deux pays.

Comment pourrait-on envisager de nouvelles relations diplomatiques entre les deux pays alors que les intentions de Washington ne sont pas tout à fait claires? D'après Salim Lamrani, maître de conférences à l'université de La Réunion et expert et docteur en Études ibériques et latino-américaines, les États-Unis se sont toujours opposés à la démocratie vénézuélienne depuis l'arrivée d'Hugo Chavez. Il explique:

« Il faut se rappeler qu'ils avaient soutenu l'opposition, qu'ils avaient ensuite essayé de dompter Hugo Chavez en 1999 et qu'ils avaient ouvertement soutenu le coup d'Etat du 11 avril 2002. Je rappelle qu'il y a eu seulement deux pays au monde qui ont reconnu la junte putschiste qui avait duré quarante-huit heures: c'est le gouvernement des Etats-Unis et l'Espagne. Le discours de Kerry est quelque peu paradoxal. Il y a quelque chose que l'on appelle le droit international qui stipule qu'une nation ne peut pas s'immiscer dans les affaires internes d'une autre nation. »

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Le Venezuela traverse une crise profonde depuis plusieurs années et les relations diplomatiques entre les deux pays sont suspendues depuis huit ans. Pourquoi Washington choisit-il ce moment précis pour rétablir des liens avec Caracas? Salim Lamrani estime que rien n'est laissé au hasard:

« Je crois que ça fait partie de la stratégie du soft power de Barack Obama. Les Etats-Unis veulent donner une impression de médiateur dans le conflit interne au Venezuela. En réalité ils soutiennent ouvertement le camp opposé à la démocratie parce qu'il faut rappeler qu'au-delà des divergences politiques qu'il peut y avoir, au-delà des orientations idéologiques il est indéniable, c'est quelque chose que tous les observateurs reconnaitront, que l'opposition vénézuélienne est une opposition putschiste, est une opposition antidémocratique qui est incapable depuis 1999 de remporter un scrutin électoral, au niveau des présidentielles du moins, qui essaie d'imposer sa volonté par la force au peuple vénézuélien. »

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Le soutien des États-Unis à la tenue d'un référendum visant à destituer le président Maduro a été clairement mal vu par les dirigeants des pays voisins du Venezuela. Evo Morales, le chef d'État bolivien, s'est adressé à John Kerry en rappelant que " l'Amérique latine n'est pas l'arrière-cour des Etats-Unis." Pour Salim Lamrani, le soutien à Caracas est évident et touche la majorité des pays du continent latino-américain:

« Je crois que l'immense majorité de l'Amérique Latine soutient la démocratie vénézuélienne et apporte son appui de gouvernement démocratique et populaire de Nicolas Maduro. Les Etats-Unis sont isolés en Amérique Latine sur la question du Venezuela comme ils ont été longtemps isolés sur la question de Cuba. L'immense majorité des nations latino-américaines souhaitent que l'on respecte la souveraineté des Etats. Tous ces pays ont malheureusement subi au cours de la seconde moitié du XX siècle l'intromission réitérée de Washington dans leurs affaires internes, c'est quelque chose qu'ils ne sont plus disposés à accepter. Et sur la question du Venezuela cela va au-delà des orientations idéologiques. La plupart des pays soutiennent une résolution pacifique et surtout vénézuélienne du conflit et non pas une intromission étrangère. »

Un pays en crise, un manque de démocratie selon Washington et que de bonnes intentions. Déjà vu. Et pas seulement en Amérique latine. Il semblerait qu'il soit temps de jeter un coup d'œil au droit international.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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