À Paris, l'église Sainte-Rita évacuée malgré la résistance des fidèles

© AFP 2023 GEOFFROY VAN DER HASSELT A person holds a banner picturing Sainte-Rita as other stand in front of barriers blocking the access to the sainte-Rita church in Paris with an inscription on it which translates as In France, priests are killed and churchs are demolished", on August 3, 2016
A person holds a banner picturing Sainte-Rita as other stand in front of barriers blocking the access to the sainte-Rita church in Paris with an inscription on it which translates as In France, priests are killed and churchs are demolished, on August 3, 2016 - Sputnik Afrique
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Elle est connue pour accueillir, le premier dimanche de novembre, une bénédiction annuelle d'animaux, qui attire des centaines de personnes: promise aux bulldozers, l'église Sainte-Rita, à Paris, a été évacuée mercredi, une opération "indigne" pour la droite de la capitale.

Une trentaine de personnes opposées à la démolition de cette église, la seule à Paris à accepter les animaux lors des offices, ont été évacuées mercredi matin de cet édifice au style néogothique situé dans le XVe arrondissement, qui doit laisser place à des logements.

​"Une trentaine de personnes ont pris place à l'intérieur du bâtiment pour s'opposer à la reprise des lieux. Leur évacuation s'est déroulée sans incident", a indiqué la préfecture de police (PP) dans un communiqué, soulignant que "l'église n'est pas consacrée ni dédiée au culte". 

​​Mais le groupe Les Républicains au Conseil de Paris a dénoncé dans un communiqué "une évacuation indigne". "Les élus présents sur place ont constaté des violences policières, plusieurs d'entre eux ayant même été traînés à terre, ceints de leurs écharpes, de même que le curé", ont accusé les élus parisiens.

A la mi-journée, une vingtaine de soutiens étaient toujours présents à l'extérieur, alors que l'entrée de l'église était gardée par une société de sécurité privée et qu'à l'étage des fenêtres étaient en train d'être murées. Bannières en l'honneur de Sainte Rita, chandeliers et tableaux religieux étaient posés sur le trottoir afin d'être mis à l'abri par des fidèles.

"Je suis scandalisée, triste, écoeurée que ce genre de choses se passe en France. C'était effrayant, ce déploiement policier pour une occupation pacifique. Et en pleine messe, en plus", déplorait une femme de 27 ans, venue en soutien du XVIe arrondissement voisin.

Derrière elle, une inscription barre la palissade de taule qui couvre la façade: "En France, on tue des prêtres, on rase des églises. Kyrie Eleison" (Seigneur, prends pitié).

Communauté chrétienne en deuil

Des élus de droite, dont certains étaient sur place aux alentours de 06H45, se sont indignés que l'opération ait lieu "alors que toute la communauté chrétienne est en deuil", a souligné Philippe Goujon, maire LR du XVe arrondissement. Une référence à l'assassinat, la semaine dernière, du Père Jacques Hamel dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, par deux jihadistes se réclamant de l'organisation État islamique (EI).

Présent sur les lieux, le député LR Frédéric Lefebvre a qualifié l'évacuation d'"acte indigne, perpétré au coeur de l'été, en profitant de l'absence d'une grande partie des paroissiens et du choc des fidèles" après Saint-Etienne-du-Rouvray.

Le député Eric Ciotti, secrétaire général adjoint de LR, a fustigé sur Twitter "le triste symbole de ce pouvoir socialiste sans âme et sans repère". "Le gouvernement se montre beaucoup moins zélé pour fermer les mosquées salafistes", a-t-il asséné.

Après le conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a souligné que cette église n'est pas "dans le patrimoine historique" et que c'est "l'association qui en est aujourd'hui responsable" qui a décidé de "la détruire".

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"Les règles" et "la loi" s'appliquent "pour tout le monde de la même manière", a-t-il fait valoir, appelant à "l'apaisement" plutôt qu'à "attiser les tensions".

​Le propriétaire des lieux, l'association des Chapelles catholiques et apostoliques, demande la démolition de l'église en vue d'une opération immobilière confiée à la société Garibaldi.

Les travaux de construction de logements, qui devaient démarrer en octobre 2015, se sont jusqu'alors heurtés à la présence d'occupants "sans droit ni titre", selon la préfecture de police. "Depuis la cession de cette propriété, une palissade métallique a été posée et quelques fidèles se réunissaient sur le trottoir", a-t-elle précisé.

L'association a obtenu par ordonnance du tribunal de Paris le 6 janvier l'autorisation judiciaire de faire procéder à l'expulsion de ces occupants.

La chapelle était animée par l'abbé Guillaume de Tanouärn, une figure du catholicisme traditionaliste.

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