Nouvelle frappe contre un hôpital MSF au Yémen: "Les gens n'ont plus accès à la santé"

© AFP 2023 STRINGERRubble of a hospital supported by Doctors Without Borders (MSF) near Maaret al-Numan, in Syria's northern province of Idlib.
Rubble of a hospital supported by Doctors Without Borders (MSF) near Maaret al-Numan, in Syria's northern province of Idlib. - Sputnik Afrique
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Une nouvelle fois un hôpital de MSF au Yémen a été touché par une frappe aérienne de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite. 14 personnes, dont un employé de l'ONG, ont été tuées. La coalition dit avoir ouvert une enquête "indépendante".

Destructions au Yémen - Sputnik Afrique
Une frappe de la coalition arabe tue une dizaine d'enfants au Yémen
Quarante-huit heures après un raid qui a touché une école, tuant dix enfants dans une région contrôlée par les Houthis, c'est un hôpital de la ville yéménite d’Abs qui est touché. L'organisation Médecins sans frontières (MSF), qui intervenait dans l’établissement, a perdu un membre de son personnel.

C’est la quatrième fois depuis un an qu’un hôpital soutenu par MSF est touché par une frappe de la coalition arabe, malgré le fait que les coordonnées GPS soient régulièrement communiquées.

La destruction de cet hôpital ne fait qu'aggraver la situation déjà précaire du domaine de la santé dans le pays, constate Hassan Boucenine, représentant de MSF au Yémen.

"L'intensité des bombardements est dantesque (…). Non seulement les gens sont terrorisés mais ils ont plus accès à la santé globalement, le système de santé du pays est en banqueroute. C'est très clair, c'est très simple – il y a plus de liquidités et donc les hôpitaux sont livrés à eux-mêmes. Et puis un hôpital soutenu par Médecins sans frontières, il ferme", constate-t-il.

Il explique que quand un hôpital est détruit il y a des dommages plus graves que les dommages directs. "Cet hôpital, il intervenait (…) sur toutes les urgences que ce soit les accidents de la route, les enfants, etc. Et donc ces patients-là qui avaient accès à des soins gratuits (…), n'auront plus accès aux soins et les gens peuvent même mourir. C’est-à-dire une femme qui a besoin en urgence d'une césarienne, si elle n’y a pas accès, elle mourra et l'enfant aussi", a souligné M. Boucenine.

Suite à une série de bavures qui ont provoqué une vive réaction au sein de la communauté internationale, la coalition arabe a annoncé avoir ouvert une enquête "indépendante". Or, comme le note Pierre-Emmanuel Dupont, directeur du département de droit international public et de règlement des différends au London Centre of International Law Practice, et chargé de cours à la Faculté libre de Droit, d’Economie et de Gestion de Paris (FACO), il est peu probable que la coalition arabe ait véritablement l'intention de mener une enquête de façon indépendante.

"Dans un cas comme ça, ce qui est prévu en droit international, c'est l'établissement de commission d'enquête internationale. En particulier, il y a le mécanisme qui relève des Conventions de Genève sur le droit applicable aux conflits armés. Dans les Conventions de Genève, il y a ce qu'on appelle un protocole additionnel qui date de 1977, qui a prévu l'établissement d'une commission internationale humanitaire d'établissement des faits. C'est un mécanisme justement que MSF avait essayé de mettre en œuvre lorsque la précédente attaque, la plus importante, contre l'un de ses hôpitaux était intervenue fin 2015-début 2016", explicite-t-il.

Or, cette commission ne peut agir que si elle a l’accord des parties en conflit. Et visiblement la coalition arabe qui est partie dans le conflit, les pays qui la compose et en particulier les pays du Conseil de coopération du Golfe, n'est pas disposée à donner son accord à la mise en œuvre de ce mécanisme, estime-t-il.

"Au niveau des Nations unies, il y a différents mécanismes mais le principal que j'envisage, c'est le Conseil de sécurité. Et le Conseil de sécurité a visiblement un blocage. Il n’y a pas dans les résolutions du Conseil de sécurité sur le Yémen de condamnation des frappes de la coalition arabe parce que visiblement il n'y a pas de consensus sur ce point. Quand on lit les résolutions du Conseil de sécurité sur le Yémen, on voit une dénonciation unilatérale de l’usage de la force par les Houtis, tout à fait unilatérale, de sorte que le Conseil de sécurité en 2015, en 2016 institue des sanctions et un embargo sur les armes contre les Houtis, unilatéralement. Mais en revanche la Coalition arabe n’est pas visée", a conclu l'expert.

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