Filière laitière en France: comment désamorcer la crise?

© AP Photo / Christof StacheUne vache
Une vache - Sputnik Afrique
S'abonner
Décidés à obtenir un "prix juste", les producteurs de lait manifestent à partir de lundi près de l'usine Lactalis de Laval pour l’obliger à "revenir à la table des négociations". Le président du conseil d’administration de l’Association des producteurs de lait indépendants, Boris Gondouin, interviewé par Sputnik, commente cette situation.

Pour les producteurs de lait français, la coupe est pleine. Le secteur traverse une crise profonde, aggravée par l'embargo russe sur les produits agricoles, pris en réponse aux sanctions de l'UE contre Moscou. Les organes professionnels auprès de l'UE rappelaient déjà il y a trois mois que le secteur agricole était "toujours dans un état critique", en précisant que les prix du lait sont plus de 40% en dessous des niveaux de l'année dernière.

Depuis, la situation n'a fait qu'empirer, la crise du lait se poursuit et les producteurs, excédés, se mobilisent contre la société Lactalis pointée de doigt comme "le plus mauvais payeur".

Perçue comme l'illustration de la politique libérale, achetant le moins cher possible et gagnant des parts de marché, Lactalis est mis en garde par Pascal Clément, président de la section laitière de la Fédération régionale des syndicats agricoles: "Si nos exploitations françaises disparaissent, on va se retrouver avec de grosses usines à lait comme aux États-Unis et en Allemagne. Ce n'est pas le modèle de la France laitière qui fait la richesse de la France, préservons cela".

Le Président du conseil d'administration de l'Association des producteurs du lait indépendants, Boris Gondouin, est d'accord avec lui:

"Nous, on prône les exploitations familiales. Où on est la barre — petite ou grande, voilà le problème. Nous, on défend ce modèle-là, parce qu'on ne veut pas que la production laitière soit industrialisée (…). On ne sera jamais compétitif face à des Chinois, face à des gens qui travaillent pour rien. Aujourd'hui, ceux qui souffrent le plus, ce ne sont pas de petites exploitations, ce sont de grosses exploitations. Et aujourd'hui les grosses exploitations n'appartiennent plus aux agriculteurs. C'est le gros du problème."

"Aujourd'hui, on trouve aberrant qu'ils attaquent Lactalis. Ce n'est pas Lactalis qu'il faut attaquer en premier lieu, mais il faut attaquer nos propres grosses coopératives. Nous, on a créé notre propre marque en France pour démontrer aux coopératives qu'il y a un moyen de rentrer dans les magasins et de faire des produits équitables."

Alors, qui est le vrai fossoyeur de la filière laitière française? La Chine qui a fait flamber les prix du lait en poudre avant de se retirer du marché? L'Europe des 27 qui n'arrive pas à se mettre d'accord sur les quotas et les prix? Les contre-sanctions russes? Lactalis avec sa propre politique libérale? Les grosses coopératives? La question reste ouverte

Et entretemps, les petits producteurs sombrent… ce qui se retournera en fin de compte contre le consommateur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала