Des réfugiés arrivent, la Grèce sur le point d'éclater?

© Flickr / Gervasio VarelaSantorini, Greece
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Cartographier la répartition précise des migrants relève du défi, défi auquel la Grèce a dû se plier. A quand une répartition efficace des réfugiés en Grèce? Eugenio Ambrosi, directeur régional de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour l'UE dévoile à Sputnik les pierres d'achoppement sur ce chemin.

Le mardi 23 août, le ministre adjoint à la politique migratoire, Yannis Mouzalas, a présenté les résultats d'une opération de comptage, menée conjointement avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le chiffre avancé est de 54.000 personnes présentes aujourd'hui en Grèce. 11.322 d'entre elles sont retenues dans les hots-spots, ces points de contrôle d'identité qui se sont multipliés aux frontières extérieures de l'Europe, et se concentre en Grèce sur les îles de la mer Egée.

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Le reste des migrants est réparti à travers le territoire, entre camps gérés par l'armée, hébergements gérés par le Haut-Commissariat, ou encore… campement sauvage, où seules agissent les ONG.

Ces chiffres sont demandés par l'Union européenne, qui doit ajuster au mieux l'aide qu'elle fournit à la Grèce. Et peut-être aussi pour presser les autres pays européens à accueillir ces migrants, dont 7.500 sont éligibles à la relocalisation à travers l'Europe, selon Eugenio Ambrosi, directeur régional de l'OIM pour l'Union européenne:

"Il y a un besoin d'aide supplémentaire à la Grèce, car on estime à entre 50.000 et 60.000 le nombre de réfugiés et de migrants coincés en Grèce, suite à la fermeture des frontières dans les Balkans de l'ouest. Cela représente un défi, notamment en termes de logement et d'assistance pour cette large population, et cela implique de demander le soutien de la Commission européenne et d'autres membres de l'UE — une assistance qui est déjà apportée d'ailleurs".

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Ensuite, il y a clairement besoin de mettre en place la réallocation en dehors de la Grèce. Et les autres Etats membres de l'UE, qui sont supposés recevoir les migrants déplacés, doivent se conformer à leur parole, à leurs accords sur l'accueil de réfugiés venant de Grèce, et au programme de réallocation, de sorte à ce qu'on puisse augmenter les gens répartis sur le territoire de l'UE.

"Ainsi, nous pourrions abaisser le nombre de réfugiés et de migrants qui sont en Grèce actuellement", explique M. Ambrosi.

Difficile d'établir le nombre exact de migrants répartis sur le territoire grecque. Une autre source affirme qu'ils seraient non pas 54.000 mais 58.472. Un chiffre émis par les autorités grecques, dont l'armée gère la plupart des camps. Des camps, il y en environ 50, cinq mois après l'accord passé avec Ankara, qui vise à faire baisser le nombre d'arrivant sur les côtes grecques.

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Si l'accord a permis de "faire souffler" un peu la Grèce, l'Organisation internationale pour les migrations relève néanmoins une augmentation du nombre d'arrivants en Europe. Près de 260.000 personnes sont entrées en Europe à la fin juillet, soit 40.000 de plus que sur la même période en 2015… Comment expliquer ces chiffres?

"La plupart d'entre eux sont en Italie actuellement", révèle l'interlocuteur de Sputnik. "Ils attendent d'être déplacés ou de faire leur demande d'asile, éventuellement de retourner chez eux".

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Les raisons pour lesquelles les gens continuent d'arriver sont toujours les mêmes: il y a des groupes mixtes de gens et des groupes mixtes de raisons qui les ont poussés à partir. Certains fuient les persécutions, les graves instabilités dans leur pays d'origine. Certains fuient la pauvreté pour subvenir à leur besoin et ceux de leur famille.

D'autres sont victimes de trafiquants, ils arrivent en Europe pour de la main d'œuvre ou de la prostitution. En gros, l'instabilité est le facteur décisif des départs, résume M. Ambrosi.

La route des Balkans est désormais déserte, mais les migrants continuent d'arriver: en Italie, on dénombre 140.000 demandeurs d'asile, hébergés dans des refuges, soit sept fois plus qu'en 2013. A partir de l'Italie et de la Grèce, 66 000 réfugiés doivent être répartis dans l'Union. Si le nombre d'arrivées en Europe a augmenté, le nombre de morts, surtout de noyade a augmenté aussi, concrètement de 15%.

Vu que la route des Balkans a été fermée et que les candidats à l'exil ne passent plus par la Grèce, est-ce que l'on peut considérer l'Italie comme une nouvelle porte d'entrée européenne?

"En ce moment, je ne dirais pas qu'il existe une nouvelle porte, comme je l'ai dit auparavant, ce flux de personnes à travers la Méditerranée centrale existait déjà par le passé", met en valeur l'expert.

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En fait, le premier flux de personnes arrivé en 2013 et 2014 passait par la route de la Méditerranée centrale. Au début de cette augmentation subite du flux de migrants et réfugiés vers l'Europe, la première porte d'entrée était l'Italie et cela s'est orienté vers la Grèce l'année dernière. Donc, il ne s'agit ni d'une nouvelle route, ni d'une nouvelle porte.

Puis, il faut tenir compte de la nationalité de ceux qui viennent en Grèce: ce sont largement des Syriens, Irakiens, Pakistanais et Afghans, et ceux qui viennent en Europe sont surtout de l'Afrique sub-saharienne. La route Turquie-Grèce n'est donc pas remplacée par une route Afrique du Nord-Italie.

"Les nationalités n'ont pas changé, elles sont restées les mêmes, le nombre est juste plus élevé que l'année dernière à la même période", précise M. Ambrosi.

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Reste la question de la répartition à travers l'Europe, aussi épineuse que difficile à mettre en place: moins de 3.000 personnes "relocalisées" le mois dernier. La Hongrie et la Slovaquie s'y opposent catégoriquement. La Commission européenne propose d'instaurer une contribution de solidarité pour les pays qui refusent la répartition automatique des demandeurs d'asile.

En attendant, comme le souligne le président du Comité international de secours David Miliband, les "forces qui poussent les personnes à fuir leur domicile, (…) aucune de ces choses n'est prêt à se calmer"…

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