Les amendements à la Constitution proposent de faire passer le mandat présidentiel de 5 à 7 ans, d'accorder au dirigeant le droit de dissoudre le parlement, de nommer le premier vice-président, ainsi que d'annoncer des élections anticipées. Selon les experts contactés par le média russe RT, la nouvelle Constitution permettra à l'actuel président azerbaïdjanais Ilham Aliev de renforcer ses positions dans le pays et de « sécuriser » son poste pour ses successeurs.
« Aliev souhaite conserver le pouvoir entre les mains d'un seul clan », estime Andreï Manoïlo, professeur à l'Université d'État Lomonossov de Moscou, docteur en sciences politiques et membre du Conseil scientifique auprès du Conseil de sécurité de Russie.
Selon Tchinguiz Ganizade, membre du Comité pour les questions juridiques et politiques, « l'organisation du référendum s'explique par la nécessité de renouveler le système économique et de suivre l'exemple des pays avancés ».
« Nous nous sommes basés sur l'exemple des normes internationales, de certains États occidentaux ainsi que de la Russie. Ces amendements permettront de diriger l'État de manière plus active et flexible. C'est un pas vers la société démocratique », indique-t-il.
Thomas de Waal, spécialiste du Caucase de la fondation Carnegie, estime que ce référendum est une opportunité pour le président en place non seulement de prolonger son mandat, mais également de « créer une structure verticale du pouvoir plus formelle».
« Pourquoi maintenant? Parce que l'économie azerbaïdjanaise est faible à cause des cours pétroliers bas. L'Azerbaïdjan n'est pas un État démocratique, l'opposition est assez insignifiante et l'une des tâches du référendum consiste à s'en débarrasser définitivement », analyse-t-il.
L'expert souligne également que ce référendum n'affectera pas les relations avec la Russie, qui resteront tout aussi solides et confiantes.
« Il devra chercher une candidature déjà très liée au système car, d'après la pratique mondiale, ceux qui se retrouvent au poste de vice-président ont hâte de lancer leur propre jeu dans l'administration », ajoute-t-il.
Le directeur du Centre d'études du Caucase auprès de l'Université d'État des sciences humaines de Russie Ismaïl Agakichiev estime qu'il faut « rajeunir » différentes branches du pouvoir.
« L'arrivée de jeunes au parlement ou dans l'exécutif apporte une nouvelle façon de réfléchir, il est plus facile d'opérer des réformes avec de tels individus », déclare l'expert.
« Contrairement au référendum précédent, une plus grande attention est accordée cette fois aux droits de l'homme ainsi qu'aux petites entreprises », selon le directeur du Fonds d'études constitutionnelles Alimammed Nouriev.
« Le progrès économique nécessite des changements constitutionnels. Dans ce référendum ils concernent deux blocs: les droits de l'homme et le renforcement de l'activité entrepreneuriale sur le plan juridique et économique. Cela demande des changements de structure de l'administration, des réformes opérationnelles et modernes. Dans ce cas, l'économie serait encore plus prometteuse », ajoute-t-il.
Le référendum azerbaïdjanais a été validé avec un taux de participation de 30,6 %. Les résultats seront annoncés par la Commission électorale centrale d'ici le 21 octobre.