Ces maux profonds que les médias US cachent sous l'hystérie antirusse

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La piste antirusse dans la présidentielle américaine? Une tactique qui existe depuis longtemps et qui sert à accuser de liens avec le Kremlin toute personne indésirable et ceci, pour détourner l'attention des vrais problèmes, révèle l'un des fondateurs d'Intercept Glenn Greenwald dans un entretien à Sputnik.

La folie a atteint une nouvelle dimension cette semaine après que le magazine Newsweek a accusé le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump d'être une marionnette prononçant des prières au nom de Poutine, idée reprise par des médias américains, sans bien sûr s'évertuer à apporter des preuves à ces allégations.

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Dans son article, Newsweek a reproché à Sputnik de faire le jeu de la campagne de M. Trump en proposant de nouveaux points de discussion anti-Clinton. Bien que ces allégations soient dues à une coïncidence, M. Trump et l'auteur de Sputnik ayant tous deux relevé le même tweet que le premier a ensuite mentionné, les médias occidentaux n'ont pas pu manquer cette occasion de transformer une allégation en un scandale autour de la soi-disant implication de la Russie dans les élections américaines.

Peu de personnes ont mis en cause la rhétorique de Newsweek. Sputnik a réussi à contacter l'une d'entre elles, Glenn Greenwald, l'un des fondateurs du site The Intercept et titulaire du prix Pulitzer, qui ne compte pourtant pas parmi les supporters de Trump.

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« Le fait que tant de journalistes raisonnables, intelligents et prudents, tant de commentateurs et d'analystes se soient laissés hypnotiser par cette rhétorique folle et diffusent l'idée d'avoir découvert une espèce de complot russe infâme, c'est ce qui me préoccupe le plus », a confié M. Greenwald, qui a été un des premiers à mettre en question la théorie de Newsweek et à présenter les faits tels quels.

Pour lui, il s'agit plutôt d'une tactique avoisinant le maccarthysme (terme désignant une période de l'histoire américaine qualifiée fréquemment de chasse aux sorcières ou, dans un sens plus large, la pratique d'accusations pour trahison sans rechercher des preuves).

« Ça ressemble bien à une sorte de tactique hystérique, "maccartique", selon laquelle tous ceux qui ne te plaisent pas dans la politique, tous ceux qu'on voit comme adversaire, doivent être tout simplement accusés d'être l'instrument du Kremlin. Et pour couronner le tout, ils décrivent Moscou et la Russie comme une menace grave et presque existentielle aux États-Unis », déplore le journaliste.

Entre-temps, l'acharnement avec lequel les médias vedettes de l'Occident en parlent assure que d'autres nouvelles passent inaperçues. Les nouvelles sur la présidentielle ont pour effet d'aveugler les citoyens, qui ne voit plus ce qui se passe ailleurs, y compris ce que le gouvernement américain continue à faire sous les ordres du président actuel.

« Par exemple, la semaine dernière on a eu cette horrible frappe délibérée de l'Arabie saoudite, qui a utilisé des armes américaines, lors de funérailles au Yémen où 140 personnes ont trouvé la mort et 550 autres ont été blessées », affirme M. Greenwald, soulignant que l'attaque n'a suscité presqu'aucune réaction.

Selon lui, cette folie médiatique s'explique par le fait qu'un grand nombre de reporters d'aujourd'hui sont dévoués à la candidate Hillary Clinton et ainsi ne s'intéressent pas aux nouvelles qui ne servent pas leur but — celui d'aider Hillary à l'emporter.

Or, même si ce type de russophobie émane de la campagne électorale aux États-Unis, il peut toujours avoir des répercussions dangereuses.

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« Il est impossible de cultiver dans l'électorat américain la croyance que Vladimir Poutine est un vilain machiavélique, le mal suprême qui est déterminé à conquérir les USA en dictant le résultat des élections, c'est impossible sans que des conséquences ne s'ensuivent », met en garde l'interlocuteur de Sputnik.

« Vu que les républicains se mettent à poser des questions sur les tentatives d'Hillary Clinton de se venger de la Russie, comment va-t-elle résister à ces piqûres alors qu'elle passe une année entière ou plus à dissuader tout le monde de l'image méchante de Vladimir Poutine afin d'améliorer ses chances politiques ? », s'interroge-t-il.

Mentionner le « boogeyman » russe est une vieille tactique américaine, bien qu'elle ait plus communément été utilisée par les forces de droite et ait visé la gauche.

« Il donc ironique que les démocrates mènent le même jeu que celui qui a été mené contre eux durant des décennies afin de les diaboliser », résume M. Greenwald.

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