INVITES: George Clément est écrivain et historien. Il est également membre et porte-parole du comité français de soutien à Donald Trump. Thomas Guénolé est politologue. Il enseigne la science politique à Sciences Po et la démographie à l'université Paris II. Il est également essayiste, il a notamment publié "Petit guide du mensonge en politique" (First, 2014) et "Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants?" (Bord de l'Eau, 2015).
Qu'est-ce que vous aimez dans la politique de Donald Trump?
George Clément: « Traiter le problème de l'immigration qui devient en Europe un problème d'invasion, c'est une évidence, prendre la mesure qu'il faut au Moyen-Orient éviter que des nations européennes finissent par se faire la guerre alors qu'en fait elles ont un ennemi commun bien plus dangereux. »
L'idée du regroupement familial a été évoquée hier soir dans le débat par Hillary Clinton
Thomas Guénolé: « La déclaration universelle des droits de l'homme prévoit le droit des gens à une vie familiale normale donc vous ne pouvez pas briser une cellule familiale […] sur l'idée qu'il y aurait un raz-de-marée migratoire, j'incite les gens à vraiment s'intéresser aux chiffres […] il y a un certain nombre de contre-vérités qui sont assénées dans les discussions autour de l'élection présidentielle ou au sujet de la situation migratoire […] Je voudrais rappeler que le total des sans-papiers en France est de l'ordre de 0,1% de la population française. »
Est-ce qu'il y a un problème avec l'immigration illégale aux Etats-Unis?
GM: « il faut descendre dans le métro à Paris, il faut aller à la Grande-Borne, il faut voir ce qu'est devenu Nice. »
TG: « Si on parle de l'immigration aux Etats-Unis, il y a effectivement un problème colossal d'immigration clandestine mais l'immigration en situation illégale a été non seulement tolérée mais favorisée par le gouvernement des années 1990 et en partie des années 2000 […] Nous avons affaire à une candidate du statut quo qui n'est pas satisfaisant pour la majorité de la population américaine et pour la majorité de la population mondiale et en face d'elle, on a affaire à un pitre. Pourquoi? Parce que j'ai été sidéré de voir un homme qui a été investi par l'un des deux grands partis des Etats-Unis d'Amérique et arrive à des débats de cette importance à ce point pas préparé: ni sur le plan rhétorique ni sur le plan programmatique. »
TG: « C'est une confrontation entre deux oligarques. En terme de classe sociologique des gens qui sont en train de s'affronter, il n'y a aucun changement dans un cas comme dans l'autre. Sur le programme, on a simplement affaire à une partisane du libre-échange contre un partisan du protectionnisme, c'est la seule différence véritable entre les deux, y compris dans les politiques d'immigration. »
GC: « Je considère que ce sont les lubies socialistes qui nous rongent depuis 30 ou 40 ans et qui nous détruisent […] C'est du mondialisme pur […] c'est peut-être du libre-échange mais ça n'est pas de la libre entreprise, de l'organisation du contrôle des fonctionnaires. Ca n'est pas ce que les Américains attendent c'est-à-dire être capable de vivre sans que l'Etat leur dise comment ni avec quels moyens. »
TG: « Je pense qu'on a affaire à une tripolarisation du paysage politique américain entre trois offres parfaitement claires, l'offre de l'identitarisme celle de Donald Trump […] ensuite il y a une offre que je qualifierais d'oligarchiste […] celle d'Hillary Clinton mais aussi de l'aile gauche du Parti Républicain et puis il y a une troisième offre, une offre altermondialiste de Bernie Sanders […] Aux Etats-Unis comme en France, le paysage des partis politiques ne coïncide plus avec cette tripartition […] Le phénomène électoral Trump est une mauvaise réponse à une bonne question. »
