Percée inespérée: témoignage d’une famille ayant réussi à fuir l’est d’Alep

© AFP 2023 GEORGE OURFALIANLe camp de réfugiés de Handarat, au nord d'Alep
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Malgré la trêve humanitaire mise en place du 20 au 22 octobre à Alep, les civils n’ont pas réussi à quitter les quartiers occupés par les extrémistes les menaçant de mort. Or, un correspondant de Sputnik a réussi à rencontrer une famille qui a osé fuir le fief des terroristes. Ils témoignent.

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À l'époque où Alep était encore un centre économique fleurissant, Khaled Qadoura, âgé aujourd'hui de 50 ans tenait une petite entreprise privée dans un des quartiers orientaux de la ville. C'est également là qu'il vivait avec sa famille. Or, un jour les commandos extrémistes ont occupé son quartier, rendant la vie de sa famille insupportable. Risquant leur vie, ils ont décidé de fuir le quartier de Bourstan al-Qasr pour rejoindre la zone occupée par les troupes gouvernementales.

Un pénible voisinage

« Depuis le début de la guerre, nous vivons une véritable tragédie faite de pilonnages et de destructions. Nous éprouvons un manque en tout, que ce soit en nourriture, en gazole ou en médicaments », raconte aujourd'hui M. Qadoura.

Selon lui, les extrémistes ont transformé les écoles et les hôpitaux en états-majors. Ainsi, son fils qui a aujourd'hui huit ans n'est jamais allé à l'école.
Dans une mosquée locale, le mufti du groupuscule terroriste Ahrar al-Cham donnait des leçons. « Pendant la prière du vendredi, il nous racontait que les membres du régime étaient des infidèles qui nous feraient raser nos barbes ou nous tueraient », relate-t-il.

Or, la vie dans de telles circonstances a poussé ce père de famille à prendre une décision risquée — prendre la fuite…

« J'avais peur d'abandonner tous mes biens et de quitter le quartier sans aucun sous. Mais je souffre du diabète et je ne pouvais plus trouver de médicaments. J'ai décidé de fuir avec ma famille qui a tellement souffert du manque de nourriture, des maladies et de l'absence de médicaments », explique l'homme.

Une dangereuse percée

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C'est un des membres du conseil local pour la réconciliation qui l'a aidé à mettre en œuvre son projet. Sur leur chemin, les fugitifs ont eu à traverser des champs de mines sous le feu des terroristes.

Quant à la menace émanant des soldats syriens, elle s'est avérée n'être qu'un mythe, avoue Khaled. « Ils (les extrémistes, ndlr) nous disaient qu'ils avaient peur pour nous, que l'armée syrienne nous tuerait si on quitte l'enceinte du quartier, mais nous avons constaté le contraire », a-t-il souligné.
Or, la joie de la liberté retrouvée a vite été assombrie par de tragiques nouvelles : après avoir appris que Khaled avait fui la zone, les extrémistes ont arrêté ses amis et ses quatre frères.

« L'un d'entre eux a été condamné à mort, Hamza, il avait 27 ans. Il a laissé derrière lui sa femme et ses trois filles. C'est ce que disent les terroristes, je ne sais pas si c'est vrai ou faux », raconte l'interlocuteur de l'agence.

Par ailleurs, ils ont occupé sa maison et en ont chassé sa fille et son bébé restés dans le quartier et ce dans le but de donner une leçon aux autres.

Vaines promesses

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Selon les estimations de Khaled, au moins 350 000 personnes, dont 15 000 extrémistes, restent assiégés dans les quartiers orientaux d'Alep. Or, ces derniers temps le nombre de mercenaires étrangers a considérablement diminué.

Il raconte que personne ne s'attendait à la guerre. « En 2012, le 5e jour du mois de Ramadan nous nous sommes endormis en pleine sécurité, mais nous nous sommes réveillés au milieu des commandos extrémistes. Ils ont d'abord occupé le commissariat de police, ont tué des agents, ont mis en place un couvre-feu. Puis, ils ont commencé à terroriser ceux qui ne pouvaient leur opposer de résistance », se rappelle Khaled.

« Ils nous ont promis de nous libérer du régime qui se moque de nous et nous jette en prison. Mais sous ce régime nous avons vécu en toute sécurité. Un kilogramme de pain coûtait à l'époque 15 livres syriennes (un dollar étant à 48 livres syriennes, contre plus de 500 aujourd'hui, ndlr) », poursuit l'homme racontant son récit.

L'épouse de Khaled, Samira, assure qu'ils ne quitteront pas la ville.

« Nous avons quitté la maison sans rien emporter avec nous. Mais nous resterons ici. Si nous voulions quitter la ville, nous l'aurions fait au début de la guerre », affirme la femme.

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