L'élection de Donald Trump s'explique en grande partie par la paresse des internautes qui ne vérifient pas les actualités qu'ils relayent, a estimé dans une interview au Washington Post le créateur du plus gros site de fausses informations Paul Horner.
« Mes sites étaient tout le temps consultés par des fans de Trump (…). Ils ne vérifient rien, ils partagent tout et croient en n'importe quoi », a raconté l'interlocuteur du journal qui pense même avoir influencé l'opinion de millions d'Américains.
Depuis sept ans, cet homme de 38 ans inonde Facebook de faux articles, publiés sur de « faux sites plus vrais que nature ». Ces canulars sont toutefois pris au premier degré par nombre d'internautes, jusqu'à l'équipe de campagne de Donald Trump.
Le Washington Post a interrogé Paul Horner sur ses motivations et sa responsabilité dans l'élection de Donald Trump à la présidentielle américaine.
"Jamais je n'aurais cru possible qu'il soit élu. Je pensais juste semer le désordre dans la campagne (…) Je déteste Trump", a-t-il déclaré.
Souhaitant d'abord rédiger des articles ironiques, Paul Horner n'aurait pas prédit autant de succès à son business de fausses informations.
« Mes sites ont été repris par des partisans de Trump (…) Pourtant, il ne s'agissait que des rumeurs qui couraient. C'était absurde, mais les informations les plus satiriques et les plus cyniques sont consommées telles quelles, sans recul (…) Donald Trump a sûrement gagné des points grâce à de faux articles, eux-mêmes pris pour argent comptant », est persuadé M. Horner.
Et d'assurer avoir touché jusqu'à 10 000 dollars par mois (9 418 euros) grâce à Adsense, la régie publicitaire de Google, ces histoires racoleuses et montées de toutes pièces étant prises au sérieux par les sympathisants de Donald Trump.
Selon le créateur de faux sites, les conservateurs constituent une cible de choix et chaque clic sur l'un de ses articles lui rapporte de l'argent. Aussi s'est-il mis à écrire des contenus visant particulièrement cet électorat, inventant notamment de nombreux canulars antimusulmans.
« Sans rire, (…) les gens qui cliquent le plus sur les publicités (…) sont les républicains les plus à droite, soit les électeurs potentiels de Donald Trump », a indiqué le gourou des fausses informations.
Quoi qu'il en soit, cet « imprésario de l'empire des fake news » circulant abondamment sur les réseaux sociaux s'est excusé d'avoir écrit de tels canulars et s'est dit même responsable de l'élection du nouveau président américain.
Il a cité parmi les nouvelles les plus partagées : « le pape supporte Donald Trump » et « Hillary Clinton a vendu des armes à l'État islamique ». Ces publications ont été abondamment partagées par les partisans de Donald Trump sans vérifier si elles étaient authentiques.
Ainsi, ce Paul Horner qui revendique avoir gagné plusieurs milliers de dollars par mois avec ces tromperies, et qui dit détester Trump, n'en revient toujours pas : c'est lui qui a « installé Trump à la Maison Blanche ».
« Au départ je croyais me moquer, mais finalement tout cela l'a aidé. Il y a décidément des blagues qui ne sont pas drôles du tout », a-t-il constaté en guise de conclusion.
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