Ankara et Damas à deux doigts de déterrer la hache de guerre

© REUTERS / Umit BektasA Turkish soldier watches the border line between Turkey and Syria near the southeastern village of Besarslan, in Hatay province, Turkey, November 1, 2016.
A Turkish soldier watches the border line between Turkey and Syria near the southeastern village of Besarslan, in Hatay province, Turkey, November 1, 2016. - Sputnik Afrique
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Selon Ankara, une attaque de l'aviation syrienne a fait trois morts et dix blessés parmi les soldats turcs qui se trouvaient sur le territoire de la Syrie.

Pour la première fois depuis le début de l'opération Bouclier de l'Euphrate, les autorités turques ont directement accusé les forces gouvernementales syriennes d'avoir causé la mort de leurs militaires. Les experts interrogés craignent une riposte d'Ankara, qui risquerait de provoquer un grave conflit dans les relations entre la Turque et la Russie. Comme on le sait, Moscou soutient Damas dans le conflit actuel et a déployé ses complexes antiaériens en Syrie.

Selon le communiqué du commandement turc, l'aviation gouvernementale syrienne a attaqué les forces turques aux abords de la ville d'Al-Bab dans la nuit du 23 au 24 novembre.

This file photo taken around 5 kilometres west from the Turkish Syrian border city of Karkamis in the southern region of Gaziantep shows Turkish Army tanks driving to the Syrian Turkish border town of Jarabulus. - Sputnik Afrique
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La Turquie avait lancé son opération Bouclier de l'Euphrate dans le Nord de la Syrie le 24 août. Depuis, l'armée turque a occupé a ville frontalière de Jarablus et poursuit actuellement son offensive vers le Sud-Ouest. Selon le président turc Recep Tayyip Erdogan, la Turquie a l'intention d'éliminer les terroristes de l'État islamique (ou Daech, organisation interdite en Russie) sur un territoire de 5 000 km² et d'y instaurer une "zone de sécurité" pour installer des réfugiés. Les Turcs comptent inclure dans cette zone Al-Bab contrôlée par Daech, sur laquelle avancent actuellement les troupes de l'Armée syrienne libre de l'opposition avec l'appui de l'armée de l'air et des blindés turcs.

Depuis le début de l'opération Bouclier de l'Euphrate il y a trois mois, les données officielles font état de 15 morts parmi les militaires turcs — essentiellement dans des affrontements contre l'État islamique, même si un a été tué dans un combat contre une unité de Kurdes syriens. L'incident d'hier est sans précédent: c'est la première fois qu'Ankara accuse les forces gouvernementales syriennes de la mort de ses soldats.

"La riposte turque, si Erdogan décidait d'utiliser l'aviation, risquerait d'entraîner la Turquie dans un conflit avec la Russie qui contrôle le ciel syrien", met en garde Vladimir Sotnikov, directeur du centre Russie-Orient-Occident. Il rappelle que les complexes antiaériens russes S-300 et S-400 déployés en Syrie sont à même de détruire tout avion attaquant les positions des forces syriennes.

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Toutefois, d'après l'expert, un tel incident aux conséquences imprévisibles serait défavorable aussi bien pour Ankara que pour Moscou.

D'autres experts russes attirent l'attention sur une autre circonstance: l'annonce des frappes de l'aviation syrienne contre les militaires turcs a été faite précisément le 24 novembre — date-anniversaire de la destruction dans le ciel syrien d'un Su-24 russe et de la mort du pilote Oleg Pechkov. Les analystes n'écartent pas la possibilité d'une provocation intentionnelle ayant pour but d'entraîner la Russie et la Turquie dans un nouveau conflit. Le bombardement des forces turques par l'aviation syrienne ne paraît d'ailleurs pas très vraisemblable: même si l'armée d'Ankara agit sur le territoire syrien, elle n'entre pas en contact avec les troupes syriennes, combattant uniquement les Kurdes et l'État islamique.

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