Outil de propagande ultime: La vérité sur la «blogueuse Bana» révélée

© AFP 2023 Thaer MohammedSyrian Bana al-Abed is filmed by her mother as they prepare to post on Twitter in English about life in the besieged eastern districts of Syria's Aleppo, on October 12, 2016.
Syrian Bana al-Abed is filmed by her mother as they prepare to post on Twitter in English about life in the besieged eastern districts of Syria's Aleppo, on October 12, 2016. - Sputnik Afrique
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Un militant syrien a contacté en novembre la célèbre blogueuse de 7 ans, Bana Alabed, dont l’histoire a fait le tour des médias mainstream, pour proposer d’aider sa famille à quitter d’Alep-Est. Un mois plus tard, il a reçu une réponse qui l’a convaincu que le compte en question est un «outil de propagande ultime».

Désigné sur Twitter comme « vérifié », le compte de Bana, une fillette syrienne de sept ans qui raconte en anglais les horreurs de la guerre qu'elle vit au quotidien, compte près de 310 000 abonnés. L'authenticité de ce compte a été mise en cause à plusieurs reprises, car tout laisse à penser que dans « ses » vidéos, la fillette ne fait que reproduire un texte appris par cœur ou soufflé.

​Mais les médias opposés aux autorités syriennes officielles ont fait de ce personnage une véritable icône de la guerre civile, une « Anne Frank d'Alep ».

​Maytham Al-Achkar, un militant syrien installé actuellement à Beyrouth, a décidé d'établir un contact avec Bana. Il s'est accordé avec les autorités syriennes pour évacuer la petite fille et les membres de sa famille de la ville en toute sécurité et a même réussi à obtenir une amnistie pour son père, membre d'une organisation islamiste.

​Le 27 novembre, il a écrit à Bana en lui proposant d'aider à évacuer sa famille d'Alep.

« Au bout du compte, vous êtes nos compatriotes. On va s'occuper de vous », a-t-il écrit dans son message.

Or, le 12 décembre, Maytham a reçu un message en arabe, dans lequel un utilisateur Twitter lui demandait si la proposition était toujours d'actualité. Après avoir confirmé ses intentions, c'est Bana elle-même qui a répondu.

« Lorsque j'ai été contacté depuis le compte de Bana, j'ai commencé à bavarder en arabe, car nous sommes tous Syriens et l'arabe est notre langue maternelle. Mais, la personne de l'autre côté a préféré communiquer en anglais », relate-t-il.

© Photo Maytham Al AshkarExtraits de la conversation entre Maytham et Bana
Extraits de la conversation entre Maytham et Bana - Sputnik Afrique
Extraits de la conversation entre Maytham et Bana

Selon les informations relayées par les médias, la mère de Bana, Fatima, qui aide la fille à gérer son compte, est institutrice.

​Tweet, dont l'auteur a été bloqué par Bana: « Hi Bana, peux-tu demander à ton père pourquoi il est amis avec des djihadistes du Front al-Nosra et Ahrar al-Sham ? »

Toutefois, ni la « mère », ni la « fille » ne se sont exprimées en arabe à l'écrit.

« La mère de Bana a étudié la loi, ce qui veut dire qu'elle a étudié le programme syrien, qui est entièrement en arabe, pendant 12 ans à l'école, puis pendant quatre ans à l'université », explique Maytham à Sputnik.

Quoi qu'il en soit, l'évacuation de la famille de Bana avait été coordonnée avec l'armée gouvernementale et avec les autorités de la ville, prêtes à les évacuer en toute sécurité.

© Photo Maytham Al AshkarExtraits de la conversation entre Maytham et Bana
Extraits de la conversation entre Maytham et Bana  - Sputnik Afrique
Extraits de la conversation entre Maytham et Bana

Maytham : « Nous allons vous évacuer en toute sécurité d'Alep-Est quand vous serez prêts et ce en présence des médias, des Nations unies, du Comité international de la Croix-Rouge. (…) Il me faut juste ton numéro de téléphone pour te contacter. Nous pouvons garantir votre sécurité. Personne ne touchera à vous ».

© Photo Maytham Al AshkarExtraits de la conversation entre Maytham et Bana
Extraits de la conversation entre Maytham et Bana    - Sputnik Afrique
Extraits de la conversation entre Maytham et Bana
© Photo Maytham Al AshkarExtraits de la conversation entre Maytham et Bana
Extraits de la conversation entre Maytham et Bana - Sputnik Afrique
Extraits de la conversation entre Maytham et Bana

Bana : « Qu'est-ce qui va se passer lorsque vous m'appellerez ?»

Maytham : « On va vous guider vers un couloir sécurisé ».

Bana : « Je ne peux pas faire confiance au gouverneur de la province. Organise une conférence Skype avec lui. Je suis prête à être évacuée ».

Maytham: « D'accord, d'accord. Ton compte Skype, s'il te plait. Le gouverneur va vous contacter par Skype immédiatement ».

Bana: « Hussein Diab, c'est ça ? »

Maytham : « Oui ».

« J'ai même invité tous les médias à me contacter pour couvrir l'évacuation, ce qui était une excellente garantie de son salut », indique-t-il.

Mais au bout du compte, prétendant que Maytham la pressait trop, Bana a fini par rejeter l'offre.

« La personne qui me répondait depuis ce compte n'était pas terrifiée (par les bombardements permanents dont elle fait part sur Twitter, ndlr) », avoue l'interlocuteur de l'agence.

Mais alors qui est derrière ce compte ? « La fille est juste une figure, un outil employé par les renseignements britanniques. Et je dis britanniques car il y a un lien fort entre le compte de Bana et les Casques blancs (The White Helmets) qui sont sponsorisés par le Royaume-Uni », estime-t-il.

Tweets : « Chère Bana, pourquoi ton compte est-il enregistré au Royaume-Uni et pourquoi bloques-tu ceux qui te posent cette question?  »

​« Je croyais que cette fille était à Alep, mais je ne le crois plus. Son rôle était de prendre quelques photos et vidéos, et une fois fait elle est partie », poursuit Maytham.

Aujourd'hui, il est convaincu que les représentants de Bana ont accepté d'établir un contact avec lui pour l'accuser de mensonge. Ceci leur aurait permis de le présenter comme un propagandiste de Damas.

« Peut-être qu'ils voulaient me laisser les menacer ou leur écrire des choses indécentes pour ensuite les utiliser contre les autorités syriennes. Mais, à leur plus grande surprise, je n'ai pas menti. Je voulais sincèrement aider cet enfant syrien dont on se sert, et les autorités syriennes ont accepté de coopérer avec moi », conclut Maytham.

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