Failles du renseignement français: l’auteur d’un bestseller vide son sac

© AFP 2023 Thomas SamsonLa police française
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Interviewé par Sputnik, l’écrivain Christophe Dubois – l’un des auteurs du livre «Où sont passés nos espions?» - se prononce sur les bavures commises par les services de sécurité français au cours des dernières années et appelle à «porter le débat sécuritaire sur les places publiques».

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Le moins qu'on puisse dire, c'est que le livre au titre provocateur « Où sont passés nos espions ? », paru le 11 janvier dernier chez Albin Michel, ne badine pas avec le sujet du renseignement français. L'enquête menée par deux grands reporters, Christophe Dubois et Éric Pelletier, nous plonge dans l'environnement le plus secret de la République et révèle un constat plus qu'inquiétant: les services d'antiterrorisme français sont dépassés par les événements.

Sputnik a réussi à joindre l'un des auteurs, Christophe Dubois, et à l'interroger sur plusieurs thèmes controversés abordés dans l'ouvrage.

Tout en soulignant que la France traverse actuellement un moment clé de son histoire en matière de renseignement, M. Dubois a indiqué en guise de préambule que les services de sécurité français avaient commis un certain nombre de bavures dans la lutte antiterroriste :

« Les services de sécurité français ont sous-estimé la force de frappe de l'État islamique et l'effet de masse. (…) Le vrai danger d'aujourd'hui, ce sont des djihadistes auto-formés, auto-radicalisés qui depuis leur chambre, derrière leur ordinateurs peuvent concevoir des attentats très meurtriers. »

Au lieu de coopérer davantage avec les services de sécurité syriens — qui par ailleurs ont essayé par le passé de transmettre à leurs homologues français une liste de djihadistes français présents sur la zone actuellement — les services français restent « très dépendants des États-Unis », notamment en matière de drones et de surveillance de la zone Irako-Syrienne, poursuit-il.

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« Cette dépendance, elle n'est pas seulement à l'extérieur du territoire, loin s'en faut. Nous avons aussi besoin des services américains afin d'identifier les abonnés aux chaînes cryptées, notamment à la chaîne Telegram, servant de relais pour faire passer des instructions depuis la Syrie auprès de jeunes, voire de très jeunes djihadistes français. Pour identifier ces djihadistes en France, à Paris, dans le 10e arrondissement, il a fallu passer par Washington. »

L'écrivain a également déploré le manque d'accès public aux informations sur les djihadistes se rendant en Europe :

« L'information n'est pas encore assez partagée, elle ne circule pas assez. La DGSI est encore l'héritière d'une certaine culture de la guerre froide, on cloisonne encore beaucoup de choses. On est toujours dans un fonctionnement de la circulation d'information très verticale. »  

Pour y remédier, souligne-t-il, il est indispensable que « le débat sécuritaire » ait lieu sur les places publiques, « sinon nous serons obligés de faire face à la tendance, propre à certains responsables politiques françaises, à rejeter les responsabilités soit sur notre voisin belge, soit sur des dysfonctionnements européens. »

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