Quand la Bretagne rebelle s’invite aux présidentielles

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Ignorées des médias et des politiques, les régions sont-elles les grandes absentes des élections présidentielles ? À la suite du candidat régionaliste Christian Troadec, Caroline Ollivro, présidente du mouvement Breizh Europa, en appelle à «inviter les régions au programme des présidentielles».

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La récente « gifle à Manuel Valls » aura au moins eu le mérite de mettre le projecteur des médias nationaux sur la Bretagne et ses revendications. Car si les problématiques régionales restent importantes pour le public, il n'en est pas de même dans les grands médias, qui ne leur offrent qu'une couverture anecdotique. Une région comme la Bretagne cultive son particularisme et les hommes politiques nationaux s'y déplacent en terrain miné… parfois à juste raison. Outre la fameuse gifle, on se souvient du « je me fous des Bretons », lancé par Sarkozy lors de sa campagne en 2007, qui avait également provoqué un tollé.

Plus près de nous, le mouvement des Bonnets rouges avait aussi défrayé la chronique en faisant reculer le gouvernement sur l'écotaxe et en se mobilisant pour la défense de l'emploi en Bretagne. Le gouvernement avait alors répondu par un « Pacte d'avenir pour la Bretagne ».

Christian Troadec, l'un des leaders de ce mouvement, est d'ailleurs en train de recueillir les parrainages nécessaires pour se porter candidat aux présidentielles. « Porter la question des régions au cœur de l'élection présidentielle », telle est son intention principale.

Une initiative appuyée par Caroline Ollivro, présidente du mouvement Breizh Europa, qui vise à « sensibiliser et rassembler les Bretons modérés, démocrates et Européens convaincus ». Selon elle, la situation ne bouge pas, on a toujours du mal à faire passer les revendications bretonnes sans encourir l'accusation d'extrémisme régional, comme ce fut le cas avec l'affaire de la gifle à Valls:

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« Je pense qu'il y a une soupe médiatique qui est réalisée. D'où est-ce qu'il sort, ce jeune de dix-huit ans, d'un groupement régionaliste ou autonomiste? C'est plutôt un jeune qui est perdu. Personne ne le connaît. Puis le mouvement auquel il serait affilié, moi, je n'en ai jamais en entendu en Bretagne.

Je trouve qu'il y a un amalgame qui est souvent fait par les médias. À mon sens, il s'agit de malhonnêteté intellectuelle ou journalistique, parce que c'est l'occasion de décrédibiliser les mouvements ou les partis régionalistes ou autonomistes. »

Si Breizh Europa ne considère pas l'élection présidentielle en France comme « véritablement démocratique », en raison de son mode de scrutin, le mouvement va néanmoins participer à la campagne en soutenant Christian Troadec, car pour elle, « c'est le seul candidat qui invite les régions au programme des présidentielles. Je suis stupéfaite, poursuit-elle, de ne jamais entendre de la bouche de tous les candidats parler des régions, comme si la France était tout bonnement Paris ou l'Île-de-France alors que la décentralisation, le fédéralisme — c'est aussi la clé d'un système économique vaillant. La plupart des candidats feignent d'éviter ces grandes problématiques, ces grands sujets d'aménagement du territoire dans leur programme. »

Mais pourquoi les Bretons sont-ils si durs avec les politiques? D'autant plus que nombre de députés bretons siègent à l'Assemblée nationale et ont fait partie des différents gouvernements durant des décennies…

« C'est le paradoxe, c'est la même chose depuis des décennies. Quand on est élu localement en Bretagne, on agite sa fibre bretonne pour recueillir l'empathie des Bretons et leur attachement. Une fois qu'on est élu dans le cadre d'un mandat de député, on oublie qu'on est Breton, pour quelle raison on a été élu. Parce qu'on fait partie d'un appareil de parti! », a souligné Mme Ollivro.

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L'accueil mouvementé des hommes politiques nationaux par les Bretons risque-t-il de changer leur vision des choses? Rien n'est moins sûr, d'autant que la perspective inverse donne peu d'espoir: en octobre 1985, François Mitterrand était accueilli par une « foule enthousiaste » et une place « noire de monde » à Vannes, une ville pourtant acquise à l'opposition. Le contraste est frappant entre les deux présidents socialistes de la Ve République.

En 2014, François Hollande avait payé de sa personne en prononçant, sous une énorme averse, un discours dans le cadre des commémorations de la Libération sur l'île de Sein. Bravant la démission de gouvernement et la météo bretonne, il avait affirmé que la pluie n'était pas « l'intempérie que nous redoutons le plus ».

Il a raison… c'est le caractère intempestif et enflammé des Bretons qui est souvent le plus à craindre.

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