Une vie brisée: «le gouvernement de Kiev a massacré ma famille»

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Anna Tuv vient du Donbass. Lors de bombardements, elle a perdu son mari, sa fille et son bras. Soutenue par l’Ambassade de Russie et une association italienne, elle a été opérée en Italie pour avoir une prothèse. Aujourd’hui, Mme Tuv vit en Russie dans l’espoir que la guerre prenne fin. Elle révèle à Sputnik des détails de sa vie dans le Donbass.

Anna Tuv a toujours vécu dans le village de Gorlovka dans le sud-est de l'Ukraine, aujourd'hui en République populaire de Donetsk (DNR). Elle avait tout pour être heureuse: une famille avec un mari et ses enfants, une maison et du travail. La guerre est venue bouleverser sa vie en la transformant en un cauchemar.

Le 26 mai 2015, lors de bombardements de la DNR par l'armée ukrainienne, Anna a perdu son mari, sa fille de 11 ans et sa maison. En plus, son bras gauche était gravement blessé et devait être amputé d'urgence. Elle a vu toute sa vie dégringoler devant ses yeux.

Sa maison à Gorlovka a été complétement détruite et ne pouvait pas être retapée. La famille a également vécu à Donetsk mais même là elle a été touchée par des bombardements.

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Pour sortir d'Ukraine avec sa famille, Anna a dû frapper à toutes les portes avant d'être entendue et aidée par Ennio Bordato, le président de l'association « Aiutateci a salvare i bambini » (« Aidez à sauver les enfants »).

« Je n'ai pas pu obtenir des papiers pour partir en Italie. En même temps, je ne pouvais pas être transférée en Ukraine car j'y étais poursuivie pour des raisons politiques. Je me suis adressée à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH, ndlr), à Strasbourg. Le gouvernement de Kiev, agissant illégalement et utilisant des armes interdites, a massacré ma famille, a essayé de me tuer. Mes enfants et moi-même, nous avons été blessés », a raconté à Sputnik Mme Tuv.

Pour aider la famille Tuv, M. Bordato s'est adressé à des organisations internationales avant d'obtenir pour Anna et ses enfants de nouveaux papiers et le statut de réfugiés accordés par l'Ambassade de Russie, pays où la jeune femme vit actuellement avec sa famille.

De même M. Bordato a aidé Anna à venir en Italie à l'Institut national d'assurance contre les accidents du travail et les maladies professionnelles (INAIL) pour qu'elle puisse être opérée et avoir une prothèse bionique. La jeune femme s'est donc rendue pour quelque temps en Italie avec sa mère et ses deux enfants pour avoir des soins médicaux.

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Anna Tuv

« Personne d'Ukraine ne m'a jamais appelé ou demandé de nouvelles. Le gouvernement de Kiev ne m'a jamais aidé. Tout l'argent nécessaire pour cette prothèse bionique a été récolé par le peuple italien. C'est grâce aux Italiens que je me retrouve aujourd'hui dans le meilleur centre pour les prothèses de l'INAIL, à Budrio », déplore Anna.

Il est certain que cette prothèse pourra aider Anna à vivre, à travailler mais elle ne pourra jamais atténuer la douleur de la perte de son mari et de sa fille. Mme Tuv avoue essayer de faire tout son possible pour aider ceux qui se sont retrouvés dans la même situation qu'elle.

« Ensemble, nous saurons surmonter la guerre et établir la paix. Aucun habitant du Donbass ne veut cette guerre. Tous rêvent de la paix », affirme Anna Tuv.

En même temps, la jeune femme regrette que Kiev ne partage pas le même souhait en faveur de la paix.

« Nous essayons d'obtenir un régime de cessez-le-feu mais on nous prend pour des bêtes à l'abattoir qu'il faut exterminer », souligne la victime.

Elle fait également savoir à Sputnik qu'après tout ce qu'elle a vécu, elle n'a reçu que des offenses sur les réseaux sociaux ukrainiens envers son nom et sa fille tuée.

« Aucune compassion. Pourtant, c'est une douleur insupportable. Je voudrais que les gens arrêtent d'être comme des zombies, qu'ils comprennent enfin qu'on les utilise,qu'ils ne soient pas des marionnettes entre les mains du gouvernement ukrainien qui a trahi son peuple en ordonnant son massacre », rajoute Anna avec beaucoup d'émotion.

Où qu'elle habite, Anna cherche à avoir des nouvelles de Gorlovka. Elle affirme que les gens y vivent toujours sur le qui-vive car il y a des pilonnages de jour comme de nuit. Les gens ont peur de vivre, peur d'aller travailler. La plupart se cache dans les sous-sols.

« Les derniers jours se sont transformés en enfer. On m'écrit en me demandant de raconter au maximum de gens qui vivent en Europe tout ce qui se passe dans le Donbass. Il y a très peu d'information. Des quartiers où vivent des civils sont pilonnés tous les jours. Avdeïevka subit des tirs de chars. Des mineurs sont bloqués dans des mines sans avoir la possibilité de remonter. Je connais 34 personnes, dont 11 enfants de moins de six ans, qui vivent sous terre à Marinka. Ils ont quitté leurs maisons avec leurs animaux, leurs chiens et chats pour aller vivre dans les sous-sols car il est impossible de vivre tous les jours sous le feu croisé », conclut Mme Tuv.

Malgré sa situation, Anna ne désespère pas, de tout son cœur elle espère que la paix va enfin s'installer dans le Donbass pour que les gens puissent vivre en sérénité, pour que les enfants puissent grandir sous le ciel paisible sans connaître les terreurs de la guerre.

Du début du conflit dans l'est de l'Ukraine au 1er décembre 2016 environ 9 758 personnes sont mortes (dont 2 000 civils) et 22 779 ont été blessées (de 6 000 à 7 000 civils) selon un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.

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Depuis le 29 janvier 2017, la situation sur la ligne de contact dans le Donbass s'est nettement dégradée. Les parties en conflit s'accusent mutuellement d'intensifier leur pilonnage et d'effectuer une offensive sur la ligne de front à proximité de Donetsk.

Après une nouvelle reprise des combats, plusieurs localités, dont Avdeïevka, située à six kilomètres de Donetsk et peuplée de 22 000 habitants, se sont retrouvées sans électricité, sans eau ni chauffage. Sur fond d'escalade militaire dans la région, Kiev a déployé des chars dans la ville d'Avdeïevka, foulant aux pieds les Accords de Minsk.

Le 6 février, les tensions autour de la ville sont pourtant retombées, l'électricité et l'approvisionnement en eau de la ville ont été rétablis.

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