EDF brade son patrimoine immobilier

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Pour éponger sa dette de 37 milliards, EDF, détenue à 85% par l’État français, se sépare de son parc immobilier à des conditions pour le moins défavorables. Des sessions qui s’accompagneront de suppressions de postes: les syndicats s’inquiètent.

Dans un récent rapport de la Cour des Comptes sur « l'État actionnaire », les magistrats estiment que ce dernier « peine » à l'être et fait passer « au second plan la défense de ses intérêts patrimoniaux ».

Un verdict qui semble se confirmer à la lecture du plan global de cession « des biens immobiliers tertiaires hors sites industriels et départements d'outre-mer » d'EDF. Un plan que le groupe public a récemment présenté à des syndicats soucieux et qui sonne le glas de son patrimoine immobilier.

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Quelque 551 actifs de la foncière Sofilo, qui gère et valorise le parc tertiaire, feront l'objet d'une « cession avec relocation » d'ici à 2018, d'après une liste non exhaustive et confidentielle que Sputnik a pu consulter : « des bureaux prêts à l'emploi, des friches et même des écluses », commente une source proche du dossier, qui a préféré conserver l'anonymat.

EDF s'adonne déjà à ce genre de tractations. En 2010, son siège à Nancy a été vendu à un acheteur luxembourgeois, qui le loue en retour à l'électricien. « Maintenant, on paie un loyer, une taxe d'habitation et une taxe foncière très chères », selon un membre du groupe local d'Anticor 54, qui s'inquiète de la pratique à une échelle nationale. Le montant des loyers qu'EDF a payé en 2016 sur des locaux qui lui appartenaient s'élève à 270 M d'euros.

Des dépenses qui peuvent paraître incompréhensibles au vu du mur d'investissements auquel le groupe est déjà confronté : maintenance coûteuse des centrales nucléaires en France et construction de deux réacteurs RPR à Hinkley Point, en Angleterre. L'électricien historique, qui se targuait d'avoir cédé en décembre dernier 130 actifs de bureaux et activités, lui permettant ainsi « de poursuivre son désendettement », s'est gardé d'en livrer la valeur. Difficile de chiffrer le montant des biens qu'EDF s'apprête à vendre, mais l'entreprise espère céder 10 milliards d'euros d'actifs d'ici à 2020.

Une politique à court terme dangereuse, selon les syndicats, qui s'inquiètent des suppressions de postes que cela entraînera : « 50 postes par délégation pourraient être supprimés ». L'avenir global de la DIG (Direction de l'Immobilier Groupe), créée pour répondre aux besoins de Sofilo, est aussi mis en cause : la force de travail a déjà diminué de 30 % entre 2008 et 2016, alors que, sur la même période, le nombre de cadres supérieurs et dirigeants a quant à lui augmenté. C'est un marqueur de fin également pour le schéma de fonctionnement de l'entreprise : « Ils ne veulent plus qu'une chose, la production, le transport, la distribution. »

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À l'asphyxie, EDF doit « relever de nombreux défis dans un secteur en plein bouleversement », consent le groupe dans une synthèse interne. Le directeur de la DIG, Stanislas Landry est pourtant un fin connaisseur de la question. Directeur général délégué de Sofilo, il est également directeur de sept sociétés, dont trois de gestion immobilière. Gestion qui soulève quelques questions : l'une d'entre elles, « Immobilière Montpellier Comédie », est désormais en processus de liquidation. Enregistrée dans la tour EDF à Puteaux, elle enregistrait invariablement depuis 2009 un chiffre d'affaires de zéro euro, d'après ses bilans comptables rendus publics.

« EDF est une entreprise robuste », insiste son PDG, Jean-Bernard Lévy, sourire immuable aux lèvres, en présentant le dernier bilan annuel. Le groupe « accumule les artifices comptables pour dissimuler une dégradation continue du résultat », estime en revanche son opposant historique, Greenpeace, qui place le nucléaire au centre de la faillite supposée de l'entreprise.

Dans un contexte de crise mondiale du secteur, liée à des facteurs externes et des facteurs de marché (prix en chute), l'État « multicéphale » et actionnaire « atypique », peine à faire le job. En cause également (ou surtout?) « la contradiction entre les objectifs multiples », dans la gestion du portefeuille public, que les différents gouvernements ont mené, conclut la Cour des comptes. Une mise en accusation qui résonne d'autant plus durement pour cette entreprise éminemment politique que les élections présidentielles approchent à grands pas.

 

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