Le risque de conflit nucléaire en hausse

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La probabilité d'un conflit nucléaire est plus élevée aujourd'hui qu'au milieu des années 1980, période à laquelle s'étaient rencontrés les dirigeants de l'URSS et des USA à Reykjavik pour lancer le processus de réduction des armements nucléaires.

Telle est la conclusion des participants à la réunion des leaders de l'Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) et du mouvement Pugwash (des scientifiques pour la sécurité internationale).  L'événement se déroulait à Moscou à l'Académie des sciences de Russie.

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Ces ONG ont reçu le prix Nobel de la paix pour avoir contribué à l'apaisement de la tension internationale, à l'établissement de contacts directs entre les dirigeants des États belligérants et au début des négociations officielles quand il était nécessaire de stopper un conflit armé ou de l'empêcher de se transformer en guerre chaude.

Le président actuel du comité russe de l'association Pugwash Alexandre Dynkine, et son collègue Sergueï Kolesnikov qui représente depuis de nombreuses années la Russie en tant que coprésident de l'IPPNW, ont reçu leurs collègues britanniques, allemands, néerlandais, russes, américains, finlandais et suédois. Après une longue période sans se rencontrer dans ce format, ils ont décidé de se réunir à Moscou pour remettre les pendules à l'heure et « comprendre où nous allions, où nous en étions, et quelles étaient les opinions de chacun concernant les principales questions de la politique mondiale ».

L'académicien Alexandre Dynkine a souligné que les États-Unis et la Russie dégageaient des budgets de plus en plus importants pour la modernisation et la création de nouveaux armements, y compris des bombes et des missiles nucléaires. Ensemble, ces pays pourraient pourtant diriger leurs efforts vers la lutte contre la menace commune pour tous — le terrorisme international — ainsi que donner un exemple aux autres États détenteurs de l'arme nucléaire de jure et de facto.

Le professeur Ira Helfand, venu des États-Unis, a cofondé et dirige aujourd'hui l'association des médecins pour la responsabilité sociale ( PSR ). Il était présent à Moscou en qualité de coprésident de l'IPPNW.

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Alexandre Nikitine, professeur à l'Institut de Moscou des relations internationales ( MGIMO ), vice-président du comité russe de l'association Pugwash et membre du Conseil international Pugwash, connaît depuis longtemps et collabore étroitement avec les militants de l'association. Son rapport présenté pendant la réunion a donné un départ au débat général: que faire si nous nous sommes aujourd'hui retrouvé dans une situation très similaire à celle de 1986, avant la rencontre de Mikhaïl Gorbatchev et de Ronald Reagan à Reykjavik ?

Le dirigeant russe Vladimir Poutine occupe les plus hautes fonctions dans son pays et se retrouve à l'épicentre de la politique mondiale depuis le début des années 2000. Ses opinions et positions sur la plupart des sujets sont connues, les démarches éventuelles sont prévisibles. Mais à quoi faut-il s'attendre de la part du nouveau président américain ?

Cette question a été soulevée plusieurs fois pendant le débat. Les avis exprimés étaient parfois diamétralement opposés. Lars Pohlmeier, jeune docteur d'Allemagne, a adopté une position très intransigeante :

« Nous avons très peu d'attentes par rapport à Donald Trump et à sa présidence. Sa philosophie de la "suprématie des États-Unis" ne peut pas renforcer la sécurité mondiale. Au contraire, elle pourrait conduire à l'apparition de nouvelles tensions. Par ailleurs, le concept de dissuasion nucléaire repose sur l'idée illusoire que l'arme nucléaire, entre les mains d'individus rationnels, peut garantir la paix. Trump n'a montré aucun signe indiquant qu'il était rationnel. De plus, il n'a pas de vision, d'expérience ou de connaissances dans le domaine de la politique internationale. Dans cette situation la position du Parlement européen, qui prône le désarmement nucléaire, rassure. Je suis certain que le président russe Vladimir Poutine montrera sa force et sa sagesse s'il ne suit pas la voie de militarisation. J'espère sincèrement que la Russie sera en tête du processus d'implémentation des mécanismes de sécurité internationale… »

Les spécialistes réunis à l'Académie des sciences de Russie ont tenté d'analyser ensemble les démarches qui seraient acceptables pour les politiciens, pour la diplomatie officielle, et pourraient faire passer à la vitesse supérieure le processus complexe de réduction des armes nucléaires.

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Parmi ces éventuelles démarches et propositions: le retrait de l'arme nucléaire du territoire des pays auxquels elle n'appartient pas, ou encore le refus de livrer des matériaux nucléaires et des technologies à double usage aux États dits du "seuil nucléaire" et le retrait des matériaux nucléaires en excédent des programmes militaires nationaux. Sans oublier la ratification par tous les pays du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires ( TICE )…

Ceux qui ont délibérément renoncé au statut nucléaire, comme des dizaines d'autres pays qui n'ont jamais disposé d'arme nucléaire sur leur territoire, sont en droit d'attendre et même d'exiger des États du club nucléaire la mise en œuvre de leurs engagements dans le cadre de l'article VI du Traité sur la non-prolifération ( TNP ), qui implique l'adoption de la Convention sur l'arme nucléaire pour sa suppression par étape et totale dans un avenir prévisible.

Les participants à la réunion ont élaboré un message adressé au premier ministre russe Dmitri Medvedev, qui a été officiellement transmis le jour même au bureau du chef du gouvernement. Le document a été signé par les coprésidents de l'IPPNW Ira Helfand ( USA ) et Vladimir Garkavenko ( Russie ), le président du Conseil d'administration de l'IPPNW Bjorn Hilt ( Pays-Bas ) et le secrétaire scientifique du comité russe de l'association Pugwash Mikhaïl Lebedev.

« La hausse de tension entre l'Otan et la Russie en Europe et au Moyen-Orient est comparable à la hausse de tension en Asie du Sud entre l'Inde et le Pakistan et à la situation dangereuse dans la péninsule coréenne et en mer de Chine méridionale, stipule le document. Plusieurs études récentes ont montré que même l'usage de 0,5 % des arsenaux nucléaires existants provoquerait des troubles climatiques sur toute la planète, un déclin de dix ans dans la production alimentaire et une famine générale qui mettrait en péril près de 2 milliards de personnes. En réponse à cette menace, plus de 120 pays ne disposant pas d'arme nucléaire se sont engagés à entamer les négociations sur le TICE… Nous vous écrivons pour appeler la Russie à se joindre à ces négociations et se placer en tête de ce processus. »

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