Il y a 75 ans, les USA ordonnaient d'interner les Japonais

© Wikipedia / U.S. National Archives and Records AdministrationÀ la une du journal californien San Francisco Examiner (février 1942).
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En février 1942, le président américain Franklin Roosevelt signait le tristement célèbre décret n°9066 sur l'internement de tous les individus d'origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les Américains s'en souviennent aujourd'hui avec honte.

Ce document accordait à l'armée le pouvoir de créer des zones militaires spéciales et de déplacer hors de ces zones tout individu dont la présence était jugée inappropriée en matière de sécurité. Le front était situé à des milliers de kilomètres du territoire américain mais malgré tout, pratiquement un tiers du pays a été transformé en zone militaire. En pratique, cette formulation vague signifiait l'incarcération de force dans des camps spéciaux d'environ 120 000 personnes d'origine japonaise, dont près de 30 000 enfants résidant dans les États du littoral Pacifique du pays (essentiellement Arizona, Washington, Californie et Oregon).

C'est dans ces États que s'installaient traditionnellement les migrants venus d'Asie. Environ deux tiers des internés étaient des citoyens américains. Ces mesures concernaient également les ressortissants d'Allemagne et d'Italie, mais ils étaient bien moins nombreux sur le littoral. Cela reste jusqu'à aujourd'hui la plus grande déportation de force de l'histoire du pays.

Toute personne ayant seulement 1/16 de sang japonais pouvait être internée. Dans les premières semaines qui ont suivi la signature du décret, ceux qui vivaient dans la zone 1 (dans un rayon de 100 km de la côte Pacifique) ont dû quitter leur foyer. Aucune exception n'était faite, même pour les orphelins.

Certains soutenaient fermement la déportation des Japonais mais pour d'autres motifs: les paysans californiens, par exemple, étaient en concurrence avec les Japonais.

Les camps étaient installés dans des régions éloignées et désertes, souvent sur le territoire des réserves indiennes. Jusqu'à 18 000 personnes vivaient dans les plus grands d'entre eux. Chacun recevait 45 cents par jour pour se nourrir. Il était interdit de posséder des armes, des radios et des appareils photo.

En 1944, la cour constitutionnelle américaine a confirmé la conformité de la loi à la Constitution en reconnaissant de facto comme admissible la restriction raciale des libertés civiles en cas de "nécessité publique". Ce document est devenu une tache noire sur la réputation du pays, qui se positionnait comme un paradis pour les migrants du monde entier indépendamment de leur race ou religion.

La loi d'internement a été annulée en 1945. C'est seulement en 1988 que le président Ronald Reagan a présenté des excuses au nom des autorités américaines pour cette décision et a signé un décret pour verser 20 000 dollars à chaque détenu des camps. Au total, près de 80 000 personnes ont été indemnisées.

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