Chasseurs de 5e génération: la Russie toujours derrière les USA

© Sputnik . Alexey FilippovИстребитель ПАК ФА Т-50 во время демонстрационного полета на Международном авиационно-космическом салоне МАКС - 2013 в Жуковском
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Les États-Unis restent en tête dans la course aux avions de 5e génération, talonnés de près par la Russie. Quels enseignements les constructeurs russes ont-ils tiré de ce retard? Le PAK FA russe garde-t-il des atouts susceptibles de surprendre le chasseur américain F-22?

C'est toujours des vainqueurs d'une course dont on se souvient, et ce sont les USA qui ont conçu le premier chasseur de 5e génération: en 1997 le F-22 Raptor décollait déjà dans le ciel américain. Les travaux sur le chasseur russe T-50 de 5e génération n'ont débuté, eux, que deux ans plus tard.

Cependant, dans l'industrie militaire, peu importe de finir premier ou cinquième: le principal est qu'au moment de la bataille le matériel soit meilleur, plus rapide, plus résistant et en plus grand nombre que celui de l'adversaire.

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C'est la raison pour laquelle le développement des technologies militaires se déroule par vagues: un État invente une nouvelle technologie et passe en tête, puis les autres achètent, volent, développent eux-mêmes une technologie similaire et avancent pour réduire leur écart. En parallèle, on invente des contre-mesures efficaces et c'est un autre pays qui passe en tête, laissant des dizaines de bureaux d'étude à travers le monde avec une question: « Comment ont-ils fait ? »

En analysant les avions militaires soviétiques et américains depuis la Seconde Guerre mondiale, on constate à quel point ils se ressemblent. Le plus souvent, il ne s'agit pas d'une copie: les constructeurs ont simplement suivi une nouvelle vague de technologies.

Même chose avec les chasseurs de 5e génération, qui ont tous été conçus en se référant au F-22 Raptor ( il serait absurde de ne pas s'inspirer des succès des autres ) mais dont la similarité de l'apparence ne s'explique pas par la volonté de « copier sur le voisin » mais par les lois impitoyables de la physique, qui exigent l'emploi de méthodes identiques pour la furtivité de l'appareil.

C'est pourquoi malgré les ressemblances extérieures et le même niveau de développement ( 5e génération ) les avions mis au point par différents pays diffèrent foncièrement en termes de contenu et d'idées.

Le F-22 Raptor était largement en avance sur tous ses concurrents. Il a décollé pour la première fois en 1997 et a été mis en service en 2005. Il est également l'avion de 5e génération qui a été le plus produit: tandis que les autres pays n'ont pas dépassé 10 unités, le F-22 a été construit en 181 exemplaires de série, même si 750 avions étaient initialement prévus — l'économie américaine n'a simplement pas pu se permettre davantage.

Résultat ? Commençons par l'idée première qui a guidé la conception de cet avion: assurer une endurance accrue grâce au principe first look — first kill ( « le premier qui voit: le premier qui tue » ). Pratiquement toutes les technologies connues à l'époque ont donc été utilisées pour augmenter la furtivité du F-22.

Pour la première fois dans l'histoire, l'armement principal du chasseur a été doté de compartiments intérieurs. Toutefois, il s'est avéré par la suite que leur volume était insuffisant et des charges externes ont été ajoutées au Raptor — dont l'utilisation réduisait à néant la furtivité et donc l'idée même du F-22.

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Les réservoirs de carburant ont également posé problème. En effet, le F-22 ne dispose que d'une réserve de carburant limitée ( 8,2 tonnes ), ce qui le rend absolument dépendant de la capacité de ravitaillement en l'air. Son rayon opérationnel est de seulement 760 km, ce qui est très peu selon les notions actuelles. Avec deux réservoirs externes, l'autonomie devient acceptable mais la furtivité est de nouveau réduite.

La furtivité des avions pour les radars ennemis est quantifiée par l'indice de surface équivalente radar ( SER ). Plus la SER est faible, mieux c'est. Pour le bombardier Tu-160 elle atteint 25 m², environ 30 m² pour le char T-90 et 1 m² pour un individu. A notre époque un avion est considéré comme furtif si sa SER est inférieure à 0,4 m².

Comparer la SER est au centre de tout débat sur les capacités et les problèmes de l'aviation moderne, même si en ce qui concerne ce critère il faut croire sur parole les concepteurs car nul ne transmettra son avion à l'ennemi pour le sonder en conditions réelles afin de dire à quelle distance il a réellement été détecté. Pour l'instant, ce sont les Américains qui détiennent le record en affirmant que la SER du F-22 est de 0,0001 m² — l'équivalent d'une balle de revolver ou d'une pièce de 5 centimes.

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L'armée de l'air américaine prend en charge en grande partie le travail de la défense antiaérienne. L'absence d'analogues américains aux systèmes à longue portée comme les russes S-300 et S-400 pousse à inventer, pour les avions, des concepts similaires au F-22 — le chasseur se protège en se trouvant à proximité de l'aérodrome sans allumer le radar de bord et en obtenant les informations grâce au système de détection et de commandement aéroporté Awacs, c'est-à-dire un avion doté d'un puissant système radar.

S'il faut travailler dans les conditions d'une guerre sérieuse, d'un front difficile et d'une défense antiaérienne fonctionnelle de l'ennemi, la situation change considérablement. Même en supposant que le théâtre des opérations se trouve en Europe, la nécessité permanente d'un ravitaillement ou de voler avec des réservoirs externes montrera rapidement l'inefficacité de ce concept.

Le chasseur d'attaque russe a été conçu d'une manière complètement différente. La nécessité de projeter l'avion en Russie d'un front à un autre à une grande distance et la capacité de remplir des missions dans des zones très éloignées de la ligne de front étaient prévues d'office, d'où une autonomie bien plus élevée et la possibilité d'embarquer davantage de missiles dans les compartiments internes.

Comment le PAK FA pourrait-il surprendre les concurrents? Commençons par sa manœuvrabilité. Le PAK FA dispose d'une gestion complète du vecteur de poussée, ce qui le rend efficace aussi bien en combat rapproché que pour éviter les missiles ennemis. Et l'avion deviendra encore plus performant après l'installation des moteurs de 2e génération qui amélioreront significativement sa poussé.

L'avion russe affiche également une meilleure capacité de réserve de carburant: ses 13 tonnes de kérosène lui permettent de parcourir à plein régime plus de 1 000 km, et jusqu'à 2 700 km sans passer en régime supersonique.

Le PAK FA a également l'avantage en termes d'armement: il peut embarquer jusqu'à 10 missiles dans ses compartiments internes, contre 8 pour le F-22. A terme, les constructeurs du Soukhoï comptent renoncer aux charges externes pour rendre l'avion plus furtif, tout en portant sa capacité interne jusqu'à 12 missiles.

Les missiles qui équipent le chasseur russe sont les Kh-74M2 de la corporation Armement de missile tactique. Le Kh-42M2 peut voler à vitesse hypersonique ( plus de Mach 4 ) pour éliminer des cibles se trouvant à plus de 300 km. Le missile pèse environ 400 kg et la puissance de son ogive est suffisante pour détruire un avion ennemi.

Toutefois, il est impossible d'établir une véritable comparaison directe. Certes, le F-22 a été le premier et restera le meilleur encore longtemps, mais certaines de ses particularités pourraient rendre difficile son usage: c'est le cas notamment de la réception et de la transmission de données par le canal IFDL qui aide les F-22 à échanger des informations entre eux. Pour d'autres avions, y compris le F-35, le canal ne fonctionne que pour la réception: il est donc impossible de partager les informations du radar entre les F-22 et d'autres modèles d'appareils.

Le PAK FA est plus adapté aux besoins des militaires qui exigent un avion pour les opérations actives. C'est un chasseur capable de percer la défense ennemie, de dominer dans les airs ou simplement de couvrir les bombardiers.

Le PAK FA a été conçu plus tard et avec des objectifs différents. On ignore combien de temps servira encore le F-22, car le nombre de « maladies infantiles » et de problèmes qui surviennent lors de son utilisation est très important. C'est pourquoi tout le monde s'intéresse bien plus aujourd'hui à la comparaison entre le F-35 et le PAK FA.

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