François Fillon aux abois
L'annonce de la prochaine mise en examen de François Fillon équivaut donc à un véritable séisme dans le cours d'une campagne déjà passablement agitée. Si la question des emplois fictifs au Parlement risque de donner lieu à de belles passes d'armes entre procureur et avocats, la question se pose effectivement au sujet de la Revue des Deux Mondes, et l'abus de bien social pourrait être constitué, ainsi que son recel. Mais, l'essentiel n'est pas là. François Fillon avait déjà perdu une bonne part de se légitimité par les pratiques auxquelles il a eu recours, qu'elles soient légales ou pas. On ne peut décemment prendre à titre personnel l'argent de l'Etat et exiger l'austérité pour les autres. Cette contradiction était présente depuis le début de ce que l'on a appelé le « Pénélope Gate ». Elle devient désormais irrémédiable.
Monsieur le « gendre idéal »…
C'est donc bien un séisme, et l'on ne voit que trop à qui il profite. On peut même se demander si tel n'est le but ultime de toute cette opération. Empêtré dans ses démêlés judiciaires, François Fillon est durablement, et probablement décisivement, affaibli face à l'autre candidat de l'oligarchie financière et médiatique, on veut parler d'Emmanuel Macron. Pourtant, ce dernier ferait bien de prendre garde. Les déclarations de patrimoine sont rien moins que claires. Si, comme l'avance Olivier Berruyer (2), Macron a bien dépensé pendant trois ans l'équivalent d'un SMIC par jour, on peut se demander quel exemple, que ce soit comme citoyen ou comme gestionnaire, il entend bien nous donner.
En un mot, rien ne permet de faire confiance à un homme qui, à défaut de nous faire prendre l'autobus, entend nous mener en bateau. Mais, renforcé du soutien d'un vieux cheval de retour, fourbu après bien des campagnes — on veut parler de Bayrou — il est en mesure de profiter de l'agitation tant médiatique que politique provoquée par cette instrumentalisation de la justice. Il est, à l'évidence, celui auquel le « crime » profite. En fait, on sent trop l'opération politique qui vise à promouvoir un candidat au profil de gendre idéal mais sans programme tout comme l'on promeut un paquet de lessive ou de couches pour bébé. Emmanuel Macron, c'est le paquet de pampers de la politique.
L'héritier empêtré
La démagogie, on sait que M. Benoit Hamon la pratique largement, comme on peut se souvenir des déclarations imprudentes et impudentes qu'il avait faites en septembre 2009 sur la dette publique (3). Je n'ai jamais pensé que Benoit Hamon soit « idiot », comme je l'écrivais dans Marianne2 à l'époque. Mais il s'agit d'un démagogue de la pire espèce, prêt à raconter n'importe quelle énormité pour pécher quelques voix dans le vivier de Mélenchon.
Cette démagogie, qui cache mal des reniements importants, comme sur la question de la « loi travail » ou sur divers autres points économiques, n'empêche pas sa campagne de retomber comme un soufflet qui aurait trop attendu.
Tout ceci dénote une classe politique en pleine décomposition. Il reste à espérer que ces trois candidats qui en fait sont les trois cartes de l'oligarchie pour ces élections, finissent pas s'autodétruire. Et il faut dire que, de manœuvres en magouilles, ils s'y prennent plutôt bien…
(1) Affaires à répétition: comment donner raison à Marine Le Pen
(3) L'employé des pompes funèbres
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