Un an après les attentats de Bruxelles : l’urgence d’agir

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Attentat de Bruxelles - Sputnik Afrique
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Mercredi 22 mars, la Belgique rendait hommage, un an après, aux victimes des pires attentats de son histoire. Où en est l’enquête ? Comment la sécurité a-t-elle été renforcée ? Des questions qui restent parfois sans réponse.

« En Belgique, on a un genre de proverbe qui dit "si on veut faire oublier quelque chose, on fait une commission parlementaire" », ironise Peter Mertens, Président du Parti du travail de Belgique, même si sa colère est palpable.

Sans attendre les prochaines conclusions des parlementaires, le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, Jan Jambon, avançait ses propres réponses: « La question est de savoir si le gouvernement, la police, la justice, les services de renseignement ont commis des gaffes. Je ne le pense pas ». Une réponse qui a le don d'agacer l'opposition, qui critique une enquête opaque et orientée:

« Cette commission est à huit clos, les partis d'opposition ne sont pas autorisés. Dès le début, on a posé des questions assez critiques sur le rôle des services de renseignement, qui étaient au courant de beaucoup de choses… et ces questions ne sont visiblement pas posées ».

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Depuis un an, la Belgique est en état d'alerte maximale. Si les enquêteurs n'ont pas chômé, il reste quand même de nombreuses zones d'ombre. Le cousin des frères El Bakraoui, impliqués dans les attentats de Paris et Bruxelles, est toujours recherché, et son rôle de donneur d'ordre est questionné. Un certain « Padre », proche des frères Abaaoud, soupçonné d'être l'un des instigateurs de la cellule franco-belge, reste introuvable. Quant à « l'homme au chapeau », de l'aéroport de Zaventem, seul survivants de la cellule franco-belge arrêté par la police, « il y a peu d'espoir qu'il fournisse des informations aux investigateurs », commente Evgenia Gvozdeva, du Centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité à Bruxelles: « C'est systématique, comme pour Salah Abdeslam, ou Nemouche ».

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Les attentats de Paris et Bruxelles relèvent du même groupe criminel, agissant sur les mêmes ordres. Les dysfonctionnements des services de renseignement belges ont été montrés du doigt, de même que le manque de coopération entre services européens. Les attentats de Bruxelles ont accéléré le recrutement au sein de la police et du renseignement: « Pour l'instant, c'est difficile d'opérer avec des chiffres précis. En 2016, 600 policiers ont été recrutés, et au moins 1000 doivent être recruté en 2017. Ça reste un projet », explique Evgenia Gvozdeva.

Renfort policier d'un côté, mais coupe budgétaire de l'autre. Ce mois-ci les responsables syndicaux ont exigé « sans délai » une négociation avec le gouvernement pour protester contre cette politique paradoxale, qui exacerbe les tensions et la surcharge dans ce secteur.

« On voit que cette mesure n'est pas suffisante. Il y a des mouvements de protestations parmi les policiers depuis ce fameux Bruxelles Lockdown. Depuis novembre 2015 et mars 2016, ils sont surchargés de travail. Un préavis de grève a été déposé, on va avoir un mouvement de protestation dans les mois à venir ».

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A l'heure où la Belgique commémore le premier anniversaire des attentats de Bruxelles, qui ont fait 32 morts et plus de 320 blessés, les proches des victimes, eux, restent confrontés à la complexité de l'administration. « Le statut de victime n'est pas encore accordé », déplore Peter Mertens. Les familles de victimes vivent un véritable calvaire pour faire reconnaître leurs droits:

« Les familles se battent contre la bureaucratie et la cupidité de certaines compagnies d'assurance. Avoir un soutien psychologique et financier nécessaire, ce n'est pas encore en ordre. Ce n'est pas normal que le gouvernement reste sourd au cri de détresse de ces familles ».

Sécuriser totalement des gares et des aéroports est une mission quasi-impossible dans n'importe quel pays, la spécificité institutionnelle belge rend la tâche encore plus compliquée. Composé de six parlements, près de 200 forces locales de polices, de trois communautés linguistiques, le manque de coordination patent a pu profiter aux terroristes.

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