Terreur, destructions et enfer: des Syriens parlent de l’attaque US

© Sputnik . Mikhail Voskresenskiy / Accéder à la base multimédiaAftermath of the US missile attack on a Syrian military airbase
Aftermath of the US missile attack on a Syrian military airbase - Sputnik Afrique
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Peur, pleurs, destructions et colère, c’est ainsi qu’on pourrait caractériser la situation en Syrie quelques jours seulement après les frappes américaines visant la base aérienne de Shayrat. Le journaliste de Sputnik s’est rendu sur place afin de parler avec les habitants des villages qui ont été touchés lors de cette attaque.

De nombreuses destructions ont été causées aux Syriens suite aux frappes américaines survenues dans la nuit du 6 au 7 avril. Notre correspondant a visité le village de Shayrat dont les habitants furent les premiers à venir en aide aux blessés. Il a pu ainsi parler aux villageois qui ont partagé leurs sentiments et dévoilé les conséquences de l'attaque.

On s'est réveillé avec la peur au ventre

« Dans notre village, l'école a été endommagée ainsi que de nombreuses maisons, c'est l'hôpital qui a accueilli les premiers blessés. Les gens ont peur car cette frappe pourrait en emmener d'autres », a confié à Sputnik Mohammed Rostomaï, le chef du village de Shayrat avant de prendre sa moto pour accompagner notre journaliste à l'école.

M. Khodor, directeur de l'école attend déjà à l'entrée de l'école.

« Regardez, un obus a atterri juste devant l'entrée de l'école. Toutes les fenêtres sont brisées. Chez moi, tous les vitres ont sauté et ont blessé ma fille. Heureusement, ses blessures ne sont pas très profondes, il y a eu plus de peur que de mal. La voisine a eu les oreilles en sang et a été transporté en ambulance à Homs », raconte le directeur en ouvrant une salle de classe pour nous montrer les dégâts.

Certains pupitres ont encore du verre enfoncé dans le bois et reflètent la lumière du jour.

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« Dieu merci, l'attaque a eu lieu en dehors des horaires de classe», nous informe le directeur.

Faisant le tour des maisons et des jardins, on peut voir des débris de métal et des cratères. Les maisons, tout comme l'école, sont dépourvues de vitres. Dans la cour d'une des maisons, on aperçoit un large et long fossé.

« Encore ce matin, il y avait ici un missile cassé en deux qui n'a pas explosé. Des militaires sont venus et l'ont embarqué », raconte un vieillard qui habite cette maison.

L'hôpital

L'hôpital local est une toute petite maison qui ressemble plus à une infirmerie. Le personnel reçoit les hôtes dehors devant la porte. Le médecin principal explique que c'est un hôpital privé et qu'il est doté de tout le nécessaire.

« On a eu assez de médicaments et de médecins. Les blessés ont commencé à arriver peu de temps après les frappes. Au total, nous avons traité 22 personnes dont sept sont décédées peu de temps après. Les gens du village venaient pour donner leur sang et on en avait vraiment besoin », raconte-t-il.

Un autre médecin rajoute que les ambulances d'Homs sont venues aider l'hôpital de Shayrat ainsi que des voitures spécialisées du Croissant-Rouge et de la défense civile.
Un tiers de tous les patients ramenés à l'hôpital ont été plus choqués et apeurés que vraiment blessés. Ils souffraient d'asphyxie, de légères contusions et d'autres symptômes.

« Tout le monde a reçu l'aide médicale dont il avait besoin. On s'inquiétait vraiment pour ceux qui avaient les plaies lacérées mais on a eu le temps de les transporter dans un hôpital situé en ville. Les morts ont été directement transportés à Homs », se souvient des événements de ce vendredi un des médecins interrogé par Sputnik.

« On avait très peur »

Devant l'hôpital le directeur attend les journalistes en compagnie de quelques gamins.

« Cette nuit était vraiment terrible… comme en enfer! La maison tremblait et j'avais très peur que le plafond ne me tombe sur la tête mais papa m'a couvert et nous sommes tous sortis sur la véranda », raconte un garçon de 14 ans.

« Oui, tout le monde avait très peur. Et pareil dans les villages voisins. Il est possible qu'ils [les États-Unis, ndlr] frappent encore. Mais cela fait déjà six ans que nous vivons en guerre et aucun Américain ne nous fera jamais quitter notre terre. Et si ce Trump veut vraiment aider le peuple syrien, qu'il laisse la Syrie en paix et embarque ses terroristes chez lui », tance le directeur avec les yeux remplis de désespoir.

Les préparatifs continuent sur la base aérienne de Shayrat

Seulement 24h après les frappes américaines, les militaires syriens sont prêts à donner le feu vert au premier vol depuis la frappe américaine.

Dans le hangar « N » les préparatifs battent leur plein. Le personnel technique examine l'avion dont le bruit du moteur couvre tous les bruits environnants.
Quelques militaires emportent des blocs de béton des hangars détruits par l'attaque américaine.

« Tout va bien. On peut sortir la voiture et décoller. Que Dieu nous garde! », annonce par radio l'officier supérieur.

Les premiers vols

Et voilà qu'un Su-22 aux reflets ocre se meut sur la piste. Ayant reçu l'autorisation de décoller, l'avion de combat s'élance puis en un instant disparait dans les airs.

Les soldats et les officiers applaudissent. La tension qui crispait leurs visages disparait peu à peu. Le pilote, ayant fait un demi-tour, a salué ceux qui étaient présents sur la base aérienne avant de se fondre dans la ligne d'horizon.

Le général rapporte au commandement que la base de Shayrat est prête à fonctionner correctement. Moins d'une heure plus tard, un autre avion décolle puis, avec des intervalles différents, encore quelques machines le suivent. Pendant ce temps-là, on applaudit le retour du général qui était le premier à risquer un décollage.

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Suite à l'attaque chimique de mardi à Khan Cheikhoun, attribuée par les pays occidentaux aux forces armées syriennes, le Président américain Donald Trump a ordonné une frappe ciblée contre la base aérienne syrienne de Shayrat. Vendredi matin, 59 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés par les navires américains USS Porter et USS Ross, qui croisaient en mer Méditerranée. Le nombre de victimes diffère selon les sources. Ainsi, le maire d'Homs évoque sept morts — cinq militaires et deux civils — dans un village se trouvant à proximité de la base aérienne, tandis que les forces militaires syriennes parlent de dix militaires tués. Selon le ministère russe de la Défense, deux militaires syriens sont portés disparus, quatre autres ont été tués et six ont reçu des brûlures lors de l'extinction de l'incendie.

En réaction à l'attaque américaine, la Russie a suspendu son accord avec Washington sur la prévention des incidents et la sécurité des vols lors des opérations en Syrie, signé en octobre 2015 quelques semaines après le début de l'opération russe dans le pays.

Le ministère russe de la Défense a pour sa part affirmé que les frappes américaines contre la base de Shayrat avaient été « planifiées depuis longtemps », l'attaque chimique de Khan Cheikhoun n'étant qu'un prétexte.

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