Damas a écrit 90 lettres à l’Onu sur les armes chimiques des djihadistes, toutes ignorées

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En visite en France, Ayman Soussan, vice-ministre syrien des Affaires étrangères a évoqué 90 courriers envoyés par la Syrie au Conseil de sécurité de l’Onu pour alerter sur les groupes terroristes qui importaient des armes chimiques sur le territoire syrien. 90 courriers qui sont restés lettre morte. Explications.

Alors que les ministres des Affaires étrangères du G7 élargi tentaient de statuer d'une position sur la Syrie, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Ayman Soussan, était à Paris pour participer à un colloque organisé par les députés Thierry Mariani et Nicolas Dhuicq. Ayman Soussan est revenu sur les tentatives syriennes d'alerter le monde sur des activités de l'État islamique ou du Front Al-Nosra qui agissent sur le territoire syrien. Ces groupes auraient, des mois durant, importé des agents chimiques à l'aide de puissances étrangères, en vue d'en faire des armes.

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« Depuis des mois, nous avons adressé plus que 90 lettres aux Nations unies, au Conseil de sécurité et à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), sur des informations sur le fait que Daech et Al-Nosra faisaient rentrer des matières chimiques en Syrie afin de les utiliser contre l'armée syrienne. Bizarrement, personne n'a pris la peine de vérifier ça », a déclaré Ayman Soussan pendant le colloque.​

Le silence de l'Onu à ce sujet est la conséquence « des choix politiques sinon idéologiques des chancelleries occidentales » explique au micro de Sputnik Frédéric Pons, directeur des rédactions de la revue Géopolitique Africa et auteur de l'ouvrage Le Martyr des chrétiens d'Orient.
« Dès le départ de la crise en 2011, l'idée c'était qu'il fallait faire partir Bachar el-Assad, et donc tout ce qui allait contre cette idée, cette politique, qui n'en était pas une, mais qui était un choix de Paris, de Washington, de Berlin, a été systématiquement ignorée ou dégradée », a-t-il ajouté.​

Mais les médias occidentaux sont aussi responsables selon le journaliste, car après six ans de guerre, eux qui tirent leurs informations de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), considéré comme un organe « totalement indépendant » alors qu'il « est une émanation des Frères musulmans et une courroie de transmission de leur propagande ».

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« Malheureusement, nos politiques, nos chancelleries sont aussi influencées par les médias et trop souvent, on manque au plus haut niveau de politique stratégique et on a une politique de l'émotion médiatique. Ce qui a pour conséquence d'ignorer les signaux forts, les renseignements qui peuvent être intéressants, ce qui conduit le plus souvent à des impasses politiques et c'est le cas à l'heure actuelle de la diplomatie française », expliquait Frédéric Pons.

Si le colloque voulait donner une autre voix sur la Syrie que celle colportée dans les médias, elle risque de ne guère être entendue. En témoigne la réaction de Jean-Marc Ayrault, depuis le G7 élargi — notamment au Qatar et à l'Arabie saoudite — sur la Syrie:

​Au #G7 avec mes homologues des affaires étrangères: " il n'y a pas d'avenir de la Syrie possible avec Bachar al-Assad" #Syrie

​Présent au colloque, Jacques Hogard, ancien colonel de l'armée française, a estimé au micro de Sputnik que rien n'était fait pour résoudre le conflit en Syrie:

« Je suis indigné de la position du gouvernement français et de son ministre des Affaires étrangères, parce qu'il y a des souffrances considérables, des centaines de milliers de morts, des massacres abominables. On ne prend pas, on ne veut pas prendre les moyens d'éradiquer ce fléau » s'est-il indigné.

​Pour l'ancien militaire français, « les solutions seraient une vraie coopération, d'abord du renseignement bien sûr, et ensuite une coopération politique et militaire. On voit bien aujourd'hui qu'on en est extrêmement loin, alors qu'on pouvait espérer que ses balbutiements étaient en train de se produire il y a encore quelques jours. C'est un drame pur et simple. »

« Ce que le Président Poutine essaye de faire, c'est-à-dire une internationale de la lutte contre le fascisme islamiste, est en fait refusé par les grandes puissances que sont les États-Unis d'un côté et d'autres pays qui suivent comme la France. »

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Un refus qui va jusqu'à ignorer les données transmises par les services syriens, qui continuent d'envoyer des informations: « Des contacts sont quand même entretenus entre les services à bas bruit, de façon extrêmement discrète, sinon secrète, pour que des informations passent. Mais les services occidentaux peuvent récupérer des informations auprès des services russes ou même syriens, l'échelon politique n'utilise pas ces renseignements », estime Frédéric Pons.

Pour Jacques Hogard, ces communications entre services seraient quasi inexistantes:

« La preuve: c'est qu'on laisse accréditer n'importe quelle thèse fantaisiste aujourd'hui sans preuve, et qu'on prend immédiatement des sanctions guerrières. Or les mouvements de chars, d'avions et les hurlements guerriers n'ont jamais rien donné dans l'histoire. »

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