Les hélicoptères tournent au-dessus d'Hamburg, et ils ont tourné toute la nuit: le bâtiment est bunkerisé. On compte 4800 journalistes pour une vingtaine de chefs d'Etat. «Welcome to hell» est le mot d'ordre des antifas, dans les rues de la ville. 160 policiers ont d'ailleurs été, aux dernières nouvelles, blessés, et une cinquantaine d'activistes interpellés.
Les médias regrettent à l'avance l'absence de «résultats», ce mot totem de la gouvernance mondiale, qui réclame «des actions globales pour des problèmes globaux», selon la formule consacrée. Mais aujourd'hui le premier des problèmes globaux est très précis: le Secrétaire-Général du G20, Steven O'Brien, n'y allait pas par quatre chemins dans un texte introductif (je cite): «De nombreuses certitudes ont été ébranlées [l'année passée], dans de nombreux pays les idées nationalistes et populistes sont entrées dans le mainstream politique». Eh oui, Trump est dans tous les esprits, il est le centre de toutes les attentions.
Autre point paradoxalement non négligeable: aucune «macronmania» n'est à remarquer ici à Hambourg… «Angela» est un mot clé davantage utilisé que «Macron». Le fait est que la chancelière allemande s'impose comme le capitaine de l'équipe européenne. Face à Donald Trump, donc.
Pas de "macronmania" au #g20. Trump/Putin/Merkel attirent tous les regards. Surtout @realDonaldTrump. pic.twitter.com/wNPfWBQnbo
— EdouardChanot (@edchanot) July 7, 2017
Cela fait deux fractures, et la troisième?
Dans quel état d'esprit est-il arrivé?
Revenons sur le discours de Trump hier, en Pologne, qui a fait grand bruit et permet de cadrer certaines choses. Comme à son habitude, Donald Trump a fait quelques déclarations fracassantes, comme à son habitude avec son index en l'air, évidemment: (je cite) «La question fondamentale de notre temps est de savoir si l'Occident a la volonté de survivre… l'Occident ne sera jamais brisé, nos valeurs prévaudront. Notre peuple prospérera et notre civilisation triomphera.»
Trump faisait avant tout référence aux frontières, alors que la Pologne entend contredire Bruxelles et Angela Merkel sur l'accueil de migrants, et alors que l'immigration est à l'ordre du jour du G20.
Mais cela dit, n'exagérons rien, Trump n'est pas sur le point de nourrir une nouvelle guerre froide, entre l'Occident et l'empire russe: la référence à la Russie était marginale, non centrale. Peut-être essaie-t-il de donner des gages face à la pression politico-médiatique américaine. «Cela pourrait très bien être la Russie, mais je pense que cela pourrait très bien être d’autres pays» a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avec le président polonais Andrzej Duda, évoquant les accusations d'ingérence russe durant la présidentielle américaine. Les médias répètent cela en boucle, quitte à l'extraire de son contexte. Car l'essentiel est dans l’emploi du conditionnel: par ce conditionnel, Trump tempère les accusations catégoriques des 17 agences de renseignement américaines!
Et côté russe, comment Poutine a-t-il appréhendé ce sommet?
Vladimir Poutine n'est donc pas là pour critiquer de front les autres dirigeants, comme il avait pu le faire à Munich il y a dix ans, quand il avait vertement critiqué l'ordre mondial, l'unilatéralisme américain et la mentalité de guerre froide de Washington.
Des rapports bilatéraux, comme la rencontre Trump/Poutine, tant attendue?
La première rencontre semble s'être passée de manière très courtoise: «Tout s'est très très bien passé, c'est un honneur d'être avec vous» a déclaré Trump accompagné de Rex Tillerson. «Il est clair que les conversations téléphoniques ne sont pas suffisantes si nous souhaitons résoudre les questions les plus essentielles» a répondu Poutine, Sergeï Lavrov à ses côtés. Mais on n'en sait pas davantage. Les journalistes américains ont hurlé pour savoir si Trump avait évoqué la question de l'ingérence russe, ils n'ont rien obtenu. Pour l'instant.