Ainsi, le département d'État américain vient de diffuser un rapport sur la lutte contre la traite des êtres humains évaluant les efforts de différents pays en la matière, Russie y compris. Le document critique notamment les autorités russes pour leur aide insuffisante au refuge de la ville de Kitège. Problème: cette ville n'existe pas.
«Pendant la période étudiée, le refuge de l'Église orthodoxe russe de Kitège a commencé à accueillir les sans-abris pour leur apporter de la nourriture et un logement, mais ces derniers n'ont bénéficié d'aucune aide psychologique ou médicale. Le gouvernement n'apporte pas de soutien financier au refuge», indique le rapport.
Il n'est pourtant pas étonnant que les autorités russes n'aient pas financé l'établissement mentionné dans le texte, car, selon le département d'État, il se trouve à Kitège — une ville mythique située, selon l'ancienne légende, au bord du lac Svetloïar dans la région de Nijni Novgorod.
Des erreurs de ce genre ont également été commises pendant le récent sommet du G20 à Hambourg. En retranscrivant les commentaires du président américain et du président chinois, le service de presse de la Maison blanche a appelé Xi Jinping «président de la République de Chine», qui désigne en réalité la république de Taïwan partiellement reconnue. Ce qui a valu une note officielle de la Chine adressée aux USA. La Maison blanche a également confondu le président indonésien Joko Widodo, qui a rencontré Trump, avec le premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong, avant de qualifier le premier ministre Shinzo Abe de «président du Japon».
En février, Maxine Waters de la chambre des représentants pour la Californie a déclaré que Trump devait être destitué, car il sympathisait trop avec Vladimir Poutine qui continuait d'«envahir la Corée». Les autres démocrates ont déclaré aux journalistes que la congressiste faisait visiblement allusion à la Crimée, dont la prononciation en anglais est proche de celle de la Corée. Mais on ignore de toute façon ce que Maxine Waters voulait dire par «invasion» car la Crimée et la ville de Sébastopol sont devenues des territoires russes à l'issue du référendum de mars 2014, et elles n'ont pas changé de statut depuis.
L'erreur de Waters est loin d'être un cas isolé. Les interviews de politiciens américains révèlent leurs lacunes systémiques en géographie, même quand cela concerne des problèmes politiques de premier plan. Ainsi, en 2016, le candidat à la présidence du parti libertarien Gary Johnson a été confondu par une question sur la ville syrienne d'Alep.
«Alep. C'est quoi Alep?», avait ainsi demandé Gary Johnson.
Le journaliste était si surpris par la réponse du politicien qu'il lui a demandé s'il plaisantait.
Curieusement, en se moquant par la suite de l'erreur du candidat le quotidien The New York Times a qualifié Alep de «capitale syrienne».
On se demande donc comment les politiciens américains établissent leur agenda de politique étrangère quand ils parlent de la Corée au lieu de la Crimée ou de la ville invisible de Kitège sous un lac.
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