Plan migrants: ou trop ferme, ou trop solidaire, il ne contente personne

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«Sans vision», c’est ainsi qu’a été qualifié le plan «migrants» présenté par le gouvernement mercredi 12 juillet. 12.500 places devraient être créées pour les immigrés d’ici 2019, alors que 86.000 demandeurs d’asile ont déposé des dossiers en 2016. Le gouvernement a-t-il une stratégie long terme ou ne fait-il que panser les plaies?

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Dans une interview du Parisien, Éric Pliez, président du SAMU Social dénonce l'insuffisance des moyens mis en œuvre par le gouvernement pour le plan migrant «baptisé "garantir le droit d'asile, mieux maîtriser les flux migratoires"». Alors qu'Édouard Philippe annonce 12.500 places d'hébergement supplémentaires, 86.000 demandeurs d'asile ont déposé des dossiers en 2016. Ce plan, très attendu par les associations, ne satisfait personne. Pas assez ambitieux pour les uns, inapproprié pour les autres, les solutions proposées ne semblent pas à la hauteur de la crise migratoire.

L'association France Terre d'Asile «constate l'existence d'un décalage entre l'ambition initiale et son contenu». «Il est impératif de sortir du désordre», selon les mots du communiqué de presse de l'association. Nous avons joint son directeur, Pierre Henry, à la tête de l'association depuis 20 ans cette année. Pour lui, le plan présenté par le Premier ministre est inachevé. Face à la réalité du terrain, le gouvernement n'aura d'autre choix que d'y revenir.

«Je pense que le plan migrant souffre d'un défaut d'anticipation. Il n'est pas complet. Il oublie de traiter le premier accueil, ce moment où arrive sur le territoire des primo-arrivants, qui doivent être identifiés et orientés, accueilli en dignité. Ce plan est particulièrement silencieux sur cet aspect-là.»

Néanmoins, Pierre Henry salue un plan qui prend enfin en compte les observations des différents acteurs du secteur de l'asile.

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«La baisse de la durée de procédure est validée par l‘ensemble acteurs. La création de places est une très bonne chose et l'idée selon laquelle il faut renforcer le pilotage des politiques d'intégration est également une bonne chose. Nous sommes en face d'un plan incomplet. Pour qu'un plan soit vertueux, il doit intégrer toutes les dimensions, celle du premier accueil, de l'intégration et du retour. Ce plan a oublié la première étape. Mais il sera obligé d'y revenir.»

Le son de cloche est différent du côté du mouvement Génération Identitaire. Pour son porte-parole, Jean-David Cattin, le plan est forcément insatisfaisant, puisqu'il ne traite pas le problème à la racine. Il préconise une politique d'immigration sur le modèle australien du Premier ministre Malcolm Turnbull.

«Depuis que les conservateurs ont remporté les élections en 2013, il a été instauré une politique d'immigration "No Way". Les années précédentes, 50.000 migrants étaient arrivés en Australie dont 1.200 d'entre eux sont morts en mer. Suite à la mise en place du plan No Way, le nombre de migrants parvenus en Australie illégalement a chuté à zéro. C'est une politique qui fait respecter la loi en luttant contre l'immigration illégale et également une politique humanitaire. C'est plutôt vers cela que nous devrions tendre en France plutôt que d'essayer d'instaurer des mesurettes de communication.»

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Concernant les fameux centres de transit, ce n'est pas l'augmentation des places que les identitaires préconisent, mais un déménagement de ces centres de métropole vers les pays de départ.

«Ces centres sont trop nombreux en France. C'est dans les pays concernés qu'il faudrait les installer. Les personnes demandant l'asile devraient le faire dans les ambassades françaises et que la décision soit prise sur place. Cela leur économisera le coût d'un voyage et aussi d'être aux prises de mafias et de trafiquants d'êtres humains».

À vouloir être en même temps «ferme» et «solidaire», on court le risque de ne contenter personne.

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