Nicolas Hulot hurle-t-il avec les loups?

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Une quarantaine de loups pourraient être tués en France d’ici juillet 2018. Ces abattages ont été prévus par un arrêté ministériel paru jeudi 20 juillet au journal officiel et signé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Un arrêté ministériel est paru jeudi 20 juillet, annonçant que le nombre maximum de loups dont l'abattage pourra être autorisé pour la période 2017-2018 est fixé à 40, augmentant ainsi de 4 animaux le plafond légal par rapport à l'année dernière.

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Des désaccords entre les deux signataires — les ministres de la Transition écologique et de l'Agriculture, Nicolas Hulot et Stéphane Travert — portant sur le nombre de loups à tuer, a retardé la publication du texte et a soulevé beaucoup de grogne parmi éleveurs et ONG. Les premiers considèrent que cette décision ne tient pas compte de l'augmentation de la population des loups en France; quant aux seconds, ils estiment que l'abattage des loups est contre-productif.

Sputnik a demandé à Bertrand Sicard, vice-président de Ferus, une association qui milite pour la protection des loups et la cohabitation des prédateurs et le pastoralisme, de commenter la situation.

«Cela fait plusieurs années que Ferus se bat contre les abattages systématiques de loups. Cela fait trois ans que la barre des 30 loups abattu par an a été dépassée. Nous ne sommes pas satisfaits, car nous considérons que les abattages sont contre-productifs. La plus grande preuve, c'est que la pression sur les troupeaux n'a pas diminué et que la prédation a continué d'augmenter sur les troupeaux en France.»

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L'activiste explique que à partir du moment où l'État a commencé à abattre des loups, la population a stagné pendant trois ans. Mais cette année, la population est brusquement passée de 300 à 360 individus: «Nous nous posons des questions: ne serait-ce pas l'augmentation des quotas de tirs qui auraient eu l'effet inverse?»

«En 2016, 10.000 brebis sont mortes à cause des loups, l'État a dû débourser 3,2 millions d'euros pour indemniser les éleveurs et la population de loups augmentent chaque année. Que répondez-vous aux éleveurs qui ont besoin que leurs troupeaux soit protégés?», questionne-t-il.

Selon M.Sicard, les éleveurs doivent continuer à protéger leur troupeaux, mais on se rend compte sur le terrain que les troupeaux ne sont pas toujours très bien protégés. Sur 7,5 millions d'ovins en France, les dégâts sur cheptel dans les zones à loups représentent 0,3%. Seulement 20% des éleveurs sont attaqués et ont plus de 5 attaques par an.

«Le sujet de l'élevage ovin, ce n'est pas le loup, ce sont les difficultés économiques que rencontre l'élevage ovin en France dû à la concurrence internationale que subissent nos éleveurs! Beaucoup de moutons sont importés de l'étranger, ils coûtent beaucoup moins cher et viennent casser les prix sur les étalages. Nos brebis se vendent moins bien. Ce n'est pas un problème écologique, mais économique», selon lui.

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Le vice-président de Ferus relie tout le problème au manque de protection des brebis. Il rappelle une étude de 2014 mandatée par l'État qui a prouvé qu'une protection bien menée faisait chuter le nombre d'attaques.

«La France a perdu la culture de la protection, contrairement à d'autres pays comme l'Italie et l'Espagne. Il faut savoir qu'il y a pratiquement 2.000 loups en Espagne, 1.500 loups en Italie — contre 360 en France. Ils ont toujours eu des loups et gardé leur tradition de protection. On ne dit pas qu'il n'y a pas de problème, mais les loups italiens et espagnols font moins de dégâts qu'en France», souligne-t-il.

L'organisation s'est déclarée «un peu déçue» par l'entrée en matière de Nicolas Hulot concernant les loups, mais elle croit que c'est «surtout au ministère de l'Agriculture de régler le problème, puisque c'est un problème d'ordre économique».

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