Le fait que ces scientifiques n'ont pas supprimé plus tard leurs messages erronés témoigne de l'attitude accommodante de l'opinion occidentale envers tous les jugements et déclarations concernant la Russie. Selon la chaîne d'information RT.
C'est pourquoi on constate régulièrement qu'une grande chaîne de télévision utilise en tant qu'expert de la Russie une personne n'ayant même jamais visité Moscou, qu'une revue d'information analytique présente un opposant soutenu par 2% de la population comme un candidat prometteur à la présidence russe, ou qu'un journal propage des rumeurs indiquant que Vladimir Poutine aurait une aventure avec Wendi Deng, l'ex-femme de Rupert Murdoch. Les mêmes observateurs peuvent d'abord augurer la chute imminente de la Russie pour affirmer plus tard que les prédateurs redoutables du Kremlin ont l'intention d'envahir un pays voisin. Mais quand ces pronostics sur les délais exacts de «l'agression» russe sont démontés par les événements, la carrière de ces «journalistes» ne subit aucune répercussion, voire progresse.
Pour être juste, il faut noter que certains médias occidentaux respectueux peuvent de temps en temps désavouer leurs propres publications erronées. Ainsi, le Washington Post a affirmé en décembre dernier que les hackers russes avaient piraté les ordinateurs du réseau électrique de l'État de Vermont, pour ensuite renier ces propos. En juin 2017, le journal a accusé RT d'avoir utilisé des bots internet pour propager les publications de son site, mais a plus tard supprimé ce passage de l'article faute de preuves.
Mais cela reste la presse écrite, la vielle école. Par contre, sur les réseaux sociaux tous les «experts de la Russie», après s'être trompés, n'ont aucune envie de s'excuser ni de supprimer leurs messages mensongers. Cela s'explique probablement par le fait que tout scoop concernant la Russie peut générer des milliers de partages et servir d'outil de communication puissant pour son auteur. Ces manipulateurs d'opinion se fichent visiblement du fait que leurs fantaisies ne font que renforcer l'hostilité et la méfiance dans les relations entre la Russie et l'Occident…
«Tous pareils»
Les exemples sont nombreux. Ainsi, Laurence Tribe, professeur de Harvard, a écrit jeudi dernier sur Twitter: «Le ministère de la Justice a lancé une enquête sur Dmitri Firtach, mafieux russe lié à… Manafort (ancien directeur de campagne de Donald Trump, ndlr). Et Trump a nommé à la tête du département des enquêtes pénales du ministère de la Justice l'ancien juriste d'une banque russe».
Au moment de la publication de cet article, le message de Tribe a été partagé 3.800 fois, et ce chiffre a dû augmenter depuis.
Comme vous l'avez déjà certainement compris, ce professeur de Harvard a publié — par ignorance ou sciemment — de véritables désinformations. Le fait est que le «mafieux russe» Dmitri Firtach est un grand oligarque ukrainien qui a fait fortune sous le président ukrainien pro-occidental Viktor Iouchtchenko, arrivé au pouvoir suite à la révolution orange en 2004. Puis, sous Viktor Ianoukovitch, Firtach a occupé un nombre de postes gouvernementaux et a même été président du Conseil national tripartite pour les questions sociales et économiques.
Des dizaines d'utilisateurs ont souligné l'erreur de Tribe qui aurait dû prendre en compte leurs commentaires, surtout qu'il a utilisé son compte Twitter depuis puisqu'il a posté d'autres publications. Ce contresens sur le «mafieux russe Firtach» reste toujours sur sa page et ne cesse d'être partagé sur les réseaux sociaux. Et le professeur ne fait preuve d'aucun signe d'embarras ni de regret concernant son lapsus.
Un assassinat venu de l'avenir
En ce qui concerne la distorsion de la réalité, Tribe est pourtant un amateur si on le compare à son collègue Yascha Mounk. Le profil de Mounk sur Twitter mentionne la «défense de la démocratie libérale contre l'international antilibéral» comme étant l'une de ses activités. Et ses moyens sont peu ordinaires, pour ne pas dire plus.
Il y a quelques semaines, Mounk a publié sur son Twitter une photo de plusieurs dizaines de journalistes russes morts avec le message suivant: «Vous avez besoin de preuves que la dictature prend des vies humaines? Tous ces journalistes ont critiqué Poutine et sont morts dans des circonstances mystérieuses».
Toute personne qui connaît ne serait-ce qu'un peu l'histoire moderne de la Russie peut tout de suite comprendre que l'auteur s'est trompé car on voit sur la photo des portraits de journalistes décédés dans les années 1990. Il s'est avéré que Mounk avait choisi en tant que preuve une image contenant tous les journalistes morts depuis 1991. Certains ont été correspondants de guerre et sont morts dans des zones de conflit. Qui plus est, la plupart des journalistes sont morts sous Boris Eltsine, qui était soutenu activement par l'Occident. Le fait est que si la profession de journaliste reste parfois dangereuse en Russie, les années Eltsine ont été beaucoup plus dangereuses pour le métier. Par ailleurs, cette histoire se répète actuellement en Ukraine: la victoire du Maïdan soutenu par l'Occident s'est soldée par une hausse rapide des attaques, des attentats à la vie et des meurtres de journalistes.
Comme l'indique le site de l'Université de Harvard, le coût des études se chiffre cette année à 43.000 dollars par an dans cet établissement prestigieux (ou 63.000 dollars si l'on tient compte du logement, de la nourriture et des autres dépenses affiliées). On aurait donc pu attendre des professeurs de la meilleure qualité, attachés aux règles scientifiques concernant les faits et la véracité. Mais Tribe et Mounk font apparemment fi de ces formalités, au moins dans le cas où leurs spéculations et désinformations concernent la Russie. Qui plus est, il est peu probable qu'ils se heurtent à des réprimandes à cause d'une interprétation aussi négligente des faits. Comme on l'a déjà dit, l'Occident estime que tous les moyens sont bons quand il s'agit de la Russie.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.