Ville fantôme d'Incirlik: on veut rompre le lien avec «l'impérialisme et l'Otan»

© REUTERS / Murad SezerA Turkish Air Force F-4 fighter jet flies over a minaret after it took off from Incirlik air base in Adana, Turkey, August 12, 2015.
A Turkish Air Force F-4 fighter jet flies over a minaret after it took off from Incirlik air base in Adana, Turkey, August 12, 2015. - Sputnik Afrique
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Magasins fermés, rues désertes: la vie dans la «petite Amérique» ne se déroule plus comme avant. Sputnik s'est rendu dans la localité fantôme d'Incirlik dont les habitants luttent pour la fermeture de la base militaire et la rupture de tout lien de leur pays natal avec l'impérialisme, l'Otan et les États-Unis.

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La zone d'Incirlik, dans la province turque d'Adana, a vu partir à peu près 17.000 militaires et semble un endroit désertique, sinon fantôme. En 2015, le nombre de soldats a été réduit à 3.000 et il leur a été interdit de quitter la base. Conséquence: le commerce périclite, l'industrie immobilière est paralysée, les entrepreneurs locaux sont au bord de la faillite.

Un correspondant de Sputnik a parlé avec des habitants de la «petite Amérique», ancienne appellation de la localité. Le boulanger Zekai Demir avoue que la plupart des commerçants viennent chaque jour au travail sans espoir de faire des bénéfices.

«Auparavant, il y avait ici plus d'un millier de commerçants, maintenant moins de quelques centaines. Ceux qui restent ne peuvent pas travailler comme ils le veulent», a-t-il raconté. «Après que l'on a commencé à enquêter sur l'implication des militaires de la base Incirlik dans la tentative de coup d'État et sur leur lien avec le mouvement de Fethullah Gulen, les soldats ont quitté définitivement le territoire de la base par crainte d'une grogne nationale.»

Kadir Amaç, propriétaire d'un café à Incirlik, est d'avis que la base militaire doit être fermée: «Les États-Unis ne sont en rien nos amis, ils sont nos ennemis. Il est de notoriété publique qu'ils utilisent tout dans leurs intérêts afin de parvenir à leurs buts. Ils nous frappent depuis notre propre sol.»

Selon lui, les États-Unis étaient derrière la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016 et la base Incirlik y a été impliquée. Pourtant, les autorités n'en parlent pas ouvertement, car ils ont leurs «propres intérêts stratégiques». En outre, les autorités ne se préoccupent aucunement des problèmes des habitants, a confirmé un autre commerçant, Muhittin Aksu.

Le président du parti de gauche Vatan («Patrie») Selver Kaplan, a qualifié la base de «malédiction» pour la Turquie, pour l'Irak, pour la Syrie et pour l'Égypte:

«C'est un foyer du mal, c'est pourquoi nous voulons qu'elle soit fermée», estime-t-il. «Nous ne voulons pas que des forces armées, que ce soit les États-Unis ou l'Allemagne, se trouvent ici. Nous ne voulons pas qu'elles mènent leur activité d'espionnage sur notre territoire.»

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Selver Kaplan et nombre de ses concitoyens luttent depuis plus de 40 ans pour la fermeture de cette base, contre le déploiement des armements et des militaires américains.

Pour le président d'un département du Parti de la liberté et solidarité (ODP) dans la province d'Adana Hayri Akgün, l'existence de la base atteste la «dépendance de la Turquie de l'impérialisme».

«La base d'Incirlik sert des intérêts impérialistes. Elle est la preuve de la dépendance de notre pays à l'impérialisme. La situation où nos avions décollent de notre territoire et mènent des bombardements dans d'autres pays, dont l'Irak, est inacceptable», fustige M.Akgün. «Nous luttons pour que notre pays mette fin à ses liens avec l'impérialisme et l'Otan. Sans cela, on ne peut pas parler ni de liberté ni d'indépendance.»

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