La « chasse » aux hackers russes a tourné court, CNN ferme son service d'investigation

© AP Photo / David GoldmanPolitzisten vor der CNN-Zentrale in Atlanta, USA
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La chaîne CNN a réorganisé son département le plus prestigieux – le service d'investigation où travaillaient les meilleurs requins de l'enquête journalistique et qui comptait le plus grand nombre de prix Pulitzer, l'une des plus prestigieuses récompenses aux USA dans le domaine de la littérature et du journalisme, par rapport à d'autres services.

Désormais une partie du personnel a été transférée dans d'autres services, alors que les autres se sont vu interdire de travailler sur le thème aussi palpitant que les éventuels liens du président Donald Trump et de son équipe avec la Russie. Selon 

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La réorganisation du service d'investigation de CNN a été rapportée par le quotidien The New York Times, précisant que ce fut le résultat d'une «implication excessive» des journalistes dans les batailles politiques menées par le camp démocrate et les médias qui le soutiennent depuis des mois contre Trump.

Les excuses présentées

Cette réorganisation a été provoquée par un scandale qui s'est produit cet été. La chaîne avait alors annoncé que le sénat américain menait une enquête sur les liens entre l'équipe de Trump et le Fonds russe d'investissements directs. Il a été notamment rapporté qu'au centre de l'attention était soi-disant la rencontre du président du fonds Kirill Dmitriev avec un membre du siège de transition de Trump, Anthony Scaramucci, qui se serait tenue en janvier seulement à 4 jours de l'investiture du 45 président des USA. Le reportage des journalistes de CNN indiquait également que le fonds est contrôlé par la Vnechekonombanque russe frappée par les sanctions américaines.

Le jour même le Fonds russe d'investissements directs a réagi avec un démenti relayé par l'agence de presse Sputnik. Le fonds a dénoncé les inexactitudes factuelles contenues dans la publication de CNN, notamment que le fonds ne fait pas partie de Vnechekonombank et que son activité ne dépend aucunement de cette banque.

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«Le Fonds russe d'investissements directs travaille toujours en parfaite conformité avec les règles et la loi en vigueur, et son activité n'enfreint pas les sanctions», stipule le communiqué.

Scaramucci a également exprimé son étonnement sur Twitter. Il a confirmé avoir rencontré Kirill Dmitriev, mais leur entretien a eu lieu pendant le forum économique de Davos et se résumait à leurs salutations dans un restaurant. D'après le New York Times, Scaramucci et ses représentants ont immédiatement contacté les dirigeants de CNN pour exiger un démenti.

La publication a provoqué une vague grandissante de critique dans de nombreux médias américains. L'abondance de fausses informations a même offusqué les menteurs professionnels comme le site conservateur Breitbart News connu pour ces publications notoirement fausses, qui a qualifié le reportage de CNN de «très fausse nouvelle»

En fin de journée l'article en question a été retiré du site de CNN et remplacé par une «Explication de la rédaction»: «Le 22 juin 2017 CNN.com a publié une information sur la rencontre d'Anthony Scaramucci avec des représentants du Fonds russe d'investissements directs. Cet article ne répondait pas aux normes rédactionnelles de CNN et a été supprimé. Les liens y renvoyant ne fonctionnent pas. CNN présente ses excuses à monsieur Scaramucci.»

Les stars n'ont pas sauvé CNN

Anthony Scaramucci était satisfait par les excuses, même s'il a dû quitter plus tard le poste de directeur des communications de la Maison blanche après avoir tenu seulement 11 jours. Cependant, le coup pour l'image de l'une des plus grandes chaînes d'information du monde a été si fort que les répressions en termes de ressources humaines ont suivi immédiatement. Le même jour la rédaction a fait circuler un document interne instaurant de nouvelles règles pour la diffusion d'articles qui mentionnent d'une manière ou d'une autre la Russie. Dorénavant ils devaient être envoyés préalablement aux hauts responsables de la chaîne.

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Sur la vague de ce scandale trois employés de CNN ont démissionné, avant de procéder à la réorganisation entière du service d'investigation. Les journalistes restants ne s'occupent plus que des sujets comme les problèmes de l'environnement ou la «crise narcotique». Seule l'équipe de Washington de la chaîne est autorisée à évoquer le déroulement de l'enquête sur les éventuels liens de l'administration de Trump avec la Russie menée par le FBI et le congrès.

L'auteur de l'article à l'origine du scandale est Thomas Frank, un journaliste très expérimenté qui a reçu le prix Pulitzer à l'époque où il travaillait dans l'édition d'USA Today. Il a été rédigé par un autre lauréat du prix Pulitzer — Eric Lichtblau, ancien reporter du New York Times. Ni cette équipe de stars, ni la vérification préalable de la véracité des faits et des normes de la chaîne par le service interne Triad n'ont sauvé CNN d'un échec cuisant.

C'est dû avant tout au fait que CNN avec bien d'autres médias américains, depuis le début de la campagne présidentielle l'an dernier, jouaient de plus en plus activement sur un autre terrain en soumettant les principes journalistes aux tâches purement politiques. Plus précisément à une seule tâche: critiquer avec de plus en plus de virulence le président conservateur Donald Trump. Ils se concentraient surtout sur le déroulement de l'enquête sur les «liens russes» du président et de son entourage en publiant constamment des fuites et des hoax sur son déroulement — pratiquement toujours en se référant aux sources anonymes et sans prendre la peine de fournir les moindres preuves.

Un générateur de fake news

L'implication dans les jeux politiques coûte cher à présent à la chaîne CNN, la plus grande source d'information qui travaille dans le monde entier. Les médias américains ont plusieurs fois pris les journalistes de la chaîne en flagrant délit de falsification d'informations à des fins politiques.

Par exemple, l'affirmation scandaleuse du présentateur Chris Cuomo que la consultation du site WikiLeaks et le visionnage des lettres publiées du serveur privé d'Hillary Clinton constituait déjà un acte illégal, même si c'est complètement faux. Ou encore l'annonce de l'intention de l'ex-directeur du FBI James Comey de réfuter la déclaration de Trump que personnellement il ne fait pas l'objet de l'enquête sur ses «liens russes». Comey n'a jamais rien dit de tel et la chaîne a trouvé une solution pour s'en sortir en ajoutant à l'article la mention: «L'article a été publié avant que Comey ne fasse sa déclaration».

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Sans oublier l'annonce mensongère de CNN que des responsables américains soupçonnent des «hackers russes» d'avoir piraté les serveurs de l'agence de presse du Qatar, ce qui a provoqué la crise dans les relations entre ce pays et les Etats voisins de la région. «Les responsables américains disent que l'objectif des Russes était de créer une tension entre les USA et leurs alliés», a annoncé alors CNN sans citer de preuves. Cependant, les autorités russes ont immédiatement démenti l'annonce de la chaîne.

Des déclarations se référant généralement aux sources anonymes sur les contacts entre les membres du siège de campagne de Trump et les responsables et les entrepreneurs russes apparaissent régulièrement dans bien d'autres médias américains. Le plus souvent sous la forme de fuites des enquêtes des comités des deux chambres du congrès et du FBI. En règle générale, ces «scoops» ne sont suivis d'aucune confirmation.

Moscou a réfuté plusieurs fois ces déclarations, le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, les qualifiait de «complètement infondées». En évoquant la prétendue ingérence russe dans les élections américaines, françaises et allemandes, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré qu'il n'existait aucune preuve pour le confirmer.

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