Les détracteurs d’Anne Hidalgo sont-ils tous «fachos»?

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La politique municipale d’Anne Hidalgo est contestée avec virulence par une partie des habitants d’Île-de-France. Un livre, «Notre-Drame de Paris», sorti fin août, dresse aussi un bilan accablant de la gestion de la maire de Paris. Mais pour Anne Hidalgo, ses détracteurs ne sont que des «machos» et des «fachos». Vraiment?

Anne Hidalgo est partout! Tous les médias s'arrachent l'édile de Paris, qui explique complaisamment sa guerre contre la bagnole… pardon, sa politique écologiste. Il faut dire que depuis un certain temps, elle est la cible de nombreuses critiques: les embouteillages monstres imputés à son plan de circulation, la saleté et les rats qui prolifèrent dans la capitale, la délinquance qui dérape, la gestion des migrants qui fait controverse…

Pour ses défenseurs, la cause est entendue. La preuve notre confrère vidéo «Brut» lui a demandé pourquoi elle était «souvent la cible d'attaques de l'extrême-droite». et avec une question aussi neutre que cela, vous vous doutez bien de la réponse:

Alors que Mme Hidalgo soit AUSSI la cible de l'extrême-droite, je n'en doute pas, mais après tout, en démocratie, les tenants de cette mouvance sont des citoyens comme les autres et ont aussi le droit de crit… ah non, pardon bien sûr, je suis trop bête! Nous sommes dans le classique anathème de l'adversaire, destiné à réduire à néant toute opposition par des attaques ad hominem et à éviter ainsi tout débat de fond.

Procédé tellement classique! Mais si, souvenez-vous, je vous en parlais cet été à propos de Sibeth Ndiaye et de son fameux «Yes, la meuf est dead». On ne peut pas la critiquer parce qu'elle est femme et noire. On ne peut pas critiquer Hidalgo parce qu'elle est femme et Espagnole. Je sens que je vais finir par me prendre un procès, moi… eh, à la 17e chambre correctionnelle, ne fermez pas la porte, j'arrive!

Et donc les rats et les ordures qui envahissent Paris sont racistes, la dette de la municipalité qui explose est xénophobe, la criminalité qui monte est macho et les embouteillages dans les rues de Paris sont fachos!

On nous avait déjà sorti l'argument fin août, à la sortie du livre «Notre Drame de Paris», qui critique, sur un ton assez virulent il est vrai, la politique d'Anne Hidalgo. Un dossier de nos confrères du Figaro-Magazine, étayé par les bonnes feuilles du bouquin en question, a été ainsi qualifié par un des adjoints de la toréadore anti-bagnoles:

​Résultat: on a bien peu vu les auteurs de l'ouvrage en question défendre leur livre, mais Anne Hidalgo fait une super tournée des popotes médiatiques pour le dézinguer et se plaindre des attaques de tous ces vilains bas de plafond. A-t-on en revanche critiqué les auteurs sur les faits dévoilés, sur la solidité de leur enquête, sur leur sérieux? Pas des masses et d'ailleurs pas la peine, on vous dit qu'ils sont racistes, fachos, etc. et je ne doute pas qu'un jour, la lecture de l'ouvrage en question ne me conforte dans cette opinion pleine de bon sens et de mesure.

Donc, que les plus grandes métropoles du monde piétonnisent les petites rues des quartiers historiques pour les rendre plus agréables et fichent la paix aux grands axes stratégiques pour permettre le transit de la circulation et qu'Hidalgo fasse le contraire, c'est xénophobe de le dire?

Que la piétonnisation ou véloisation des voies sur berges ait aussitôt entraîné le report du trafic qui y passait sur les axes voisins, causant des embouteillages monstres dans Paris et sur le périph saturé, doublant le temps de trajet sur certains parcours, c'est facho de le dire? Comme le chante l'humoriste Sandrine Larroche:

Que des voitures qui passent beaucoup de temps à l'arrêt ou au ralenti polluent plus que des bagnoles qui circulent de manière fluide, c'est quoi déjà?

Alors, bien sûr, lutter contre la pollution et les nuisances diverses causées par la bagnole, tout le monde est pour. Mais voilà. D'un part, tout le monde n'a pas la chance de venir bosser dans son agence de presse en vélo, suivez mon regard. Eh oui, ma belle-mère qui est brocanteuse, elle en besoin, de sa camionnette dans son boulot…

Mais gouverner c'est prévoir, disait au XIXe siècle Émile de Girardin, qui ne fait visiblement pas partie des lectures de Notre-Dame de Paris. Parce que sinon, elle aurait au moins pensé à mettre en place des solutions AVANT de créer les problèmes, il me semble. Comme de développer, avec ses collègues d'Île-de-France plus de services de bus, remettre en état le RER vétuste et saturé, des parkings de transit pour tous ceux qui ne peuvent accéder auxdits transports publics, que sais-je encore? Ah, mais non, parce que tout ça, si ce n'est pas fait, c'est la faute à Pécresse, qui dirige la région Île-de-France, bien sûr.

Même intra-muros, avec une RATP qui n'a pas à rougir de la comparaison avec ses homologues européens, c'est tendu: peu ou pas de bus ou de métros supplémentaires pour accueillir les ex-automobilistes, des lignes saturées à tel point qu'on est obligé d'avoir des sortes de pousseurs, comme sur la 13, c'est la guerre pour rentrer dans un wagon, la guerre pour en sortir, sans parler de l'incivilité ordinaire, faite de pickpockets, de mecs bourrés qui t'insultent, de types qui puent des dessous-de-bras, de jeunes qui mettent leur musique à fond, de ceux qui clopent dans le RER, sans même parler des agressions et autres viols relégués au fin fond des pages faits divers des éditions locales du Parisien.

C'est sans doute pourquoi on ne voit pas Anne Hidalgo dans le métro:

Et c'est pourquoi on ne m'y voit plus et que je risque ma vie tous les jours sur mon scooter, frôlant l'accident tous les jours, plaignant les automobilistes entre lesquels je me faufile et suis content de cultiver ma misanthropie en ne côtoyant pas de trop près mes frères humains.

 

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