Les publications consacrées au Kalibr se comptent par centaines, mais cet armement éclipse généralement son ancêtre tout aussi unique — le complexe S-10 Granat doté d'un missile de croisière à ogive nucléaire de grande portée KS-122 (3M10). Toutefois, en Occident, le Granat, tout comme sa version terrestre Relief, sont encore dans les mémoires. Ce sont probablement ces souvenirs qui poussent aujourd'hui certains politiciens à sursauter nerveusement à chaque tir de Kalibr.
En volant à 15-200 m d'altitude, le Kalibr était capable de transporter une ogive de 200 kt avec une grande précision dans un rayon de 3.000 km.
Impressionnés par les capacités du Granat et y ayant pris goût, les amiraux soviétiques, ne souhaitant pas une disparition inutile des sous-marins stratégiques dans le cadre du traité START, ont chargé le bureau d'étude Roubine de créer sur leur base les vecteurs de nouveaux missiles de croisière (projet 667AT, code Groucha). La restructuration était faite par l'extraction des compartiments contenant des missiles balistiques pour les remplacer par des compartiments avec huit lance-torpilles de 533 mm et des rampes pour missiles de réserve (en plus des six lance-torpilles à l'avant). Au final, chaque Groucha embarquait jusqu'à 32 missiles de croisière.
Il est tout à fait possible que la «kalibrophobie» qui a submergé ces derniers temps les puissances occidentales s'explique par la crainte de la lueur nucléaire du Granat, qui s'est pendant longtemps profilée devant les yeux des généraux et des amiraux de l'Otan. Et même si aujourd'hui ce sont les terroristes qui font régulièrement les frais de la puissance et de la précision élevées des Kalibr à ogive conventionnelle, personne n'a dit que cet armement ne pouvait pas être doté, si besoin, d'ogives spéciales. Avec ces dernières, les Kalibr seraient en mesure de détruire bien plus que les postes renforcés des terroristes. Ces armes sont à même de changer foncièrement le relief sur de grands espaces, et ce n'importe où sur la planète.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.