«L'Express syrien»: le corridor maritime russe qui a sauvé la Syrie

© Sputnik . Igor Zarembo / Accéder à la base multimédiagrand navire de débarquement russe
grand navire de débarquement russe - Sputnik Afrique
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Cela fait deux ans que l'opération militaire russe a commencé en Syrie. L'un de ses principaux symboles restera l'«Express syrien» - nom donné aux voyages des grands navires de débarquement russes pour alimenter en armes et en équipements la Syrie et le détachement militaire russe.

L'opération russe qui a commencé en Syrie il y a exactement deux ans aurait été impossible sans l'itinéraire de l'«Express syrien» — qui désigne les voyages réguliers des grands navires de débarquement russe reliant Novorossiïsk à Tartous. Selon Vzgliad.

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On estime que la guerre civile a commencé en Syrie le 15 mars 2011 quand des manifestations antigouvernementales ponctuelles ont dégénéré en protestations de masse, puis en révolte armée contre le pouvoir d'État dans le cadre du projet baptisé «Printemps arabe» des renseignements des USA et de leurs satellites. Cependant, la Russie n'a pas abandonné la Syrie et a maintenu la coopération militaro-technique avec le gouvernement de Bachar al-Assad, utilisant des navires charters civils pour livrer le fret. Tout s'est compliqué quand, le 10 mai 2011, le règlement 442 du Conseil de l'UE a décrété les premières sanctions antisyriennes pour réagir aux actions de Damas à l'encontre des manifestants. Ce règlement stipulait notamment:

«Les États membres de l'UE ont pour obligation d'inspecter les navires et les avions des pays tiers se rendant en Syrie (avec l'accord de l'État du pavillon du navire, tel que prévu par le droit international) si les États membres soupçonnent que le fret contient des armes ou des équipements destinés à réprimer les protestations. Cette mesure s'appliquera dans les aéroports, les ports des pays de l'UE et dans leurs eaux territoriales. En cas d'identification d'une telle cargaison, elle sera interceptée. De plus, les avions et les navires à destination de la Syrie via le territoire de l'UE devront fournir des informations supplémentaires avant l'arrivée et le départ de chaque fret.»

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Le premier signal a été l'inspection, par la garde côtière et la douane de Chypre, du cargo Chariot entré à Limassol le 10 janvier 2012 pour attendre le passage d'une tempête et faire le plein de carburant. Cette vérification n'a pas donné de résultat. Selon les renseignements, des armes et des munitions pour al-Assad se trouvaient à bord mais les Chypriotes n'auraient pas réussi ou n'auraient pas voulu (c'est plutôt la seconde option qui a prévalu car ils ont des sympathies réciproques avec la Russie) fouiller le navire et l'auraient laissé partir. L'incident suivant, qui a fait déborder le vase de patience de la Russie, a été la tentative de fouiller le cargo russe Alaed qui, comme le Chariot, naviguait sous un pavillon «commode» (dans le sens commercial). La tentative a été entreprise par les autorités de l'UE près des côtes écossaises le 18 juin 2012. Selon les informations disponibles, l'Alaed transportait en Syrie des hélicoptères réparés et d'autres cargaisons.

L'accord pour l'inspection n'a pas été donné et le navire a dû revenir à Mourmansk. 20 jours plus tard, l'«Express syrien» était mis en place.

L'usage de navires de débarquement pour transporter du fret n'est pas économiquement justifié, mais cela garantit que la cargaison sera livrée à destination.

Les navires de débarquement sont des bâtiments militaires qui, conformément à l'article 95 de la Convention de l'Onu sur le droit de la mer de 1982, «bénéficient en mer d'une immunité totale contre la juridiction de tout État autre que celui de son pavillon», et en mer territoriale (article 32) — compte tenu des cas concernant les droits souverains des États côtiers. L'immunité implique l'intouchabilité du navire, y compris pour les fouilles et les interpellations. La Charte navale de la marine russe interprète encore plus fermement la notion d'immunité (sans pour autant utiliser ce terme précis). Dans les premières lignes (article 2) il est dit: «Aucun État étranger n'a le droit de s'ingérer dans la vie du navire de la marine. Toute tentative en ce sens doit être fermement stoppée, en recours suprême par la force des armes conformément à la législation de la Fédération de Russie.»

Les deux premiers navires de l'«Express syrien», le Nikolaï Filtchenkov et le Cesar Kounikov, ont quitté Sébastopol pour embarquer une cargaison à Novorossiïsk début juillet 2012. Par la suite, les deux bâtiments ont navigué ensemble, accompagnés par le destroyer Smetlivy qui a quitté le 10 juillet la base principale de la flotte de la mer Noire. Dans le même temps, un convoi a quitté Severomorsk composé de trois grands navires de débarquement (Alexandre Otrakovski, Gueorgui Pobedonossets et Kondopoga) et d'un grand navire anti-sous-marin, l'Amiral Tchabanenko, pour les protéger, tandis qu'un autre groupe quittait Baltiïsk — les destroyers Neoustrachimy et Iaroslav Moudry. Le 17 juillet l'Amiral Tchabanenko a passé le relais aux navires d'escorte pour rentrer à son port, alors que le groupe naval des navires de guerre des flottes de la mer Baltique et du Nord a commencé leur service dans l'est de la Méditerranée le 2 août.

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Des observateurs turcs (turkishnavy.net et twitter.com/yorukisik) suivent depuis plusieurs années la circulation navale dans le détroit du Bosphore. De plus, les communiqués de presse du ministère russe de la Défense contiennent également des informations utiles. D'après les informations de ces sources, une fois systématisées, depuis le lancement de l'«Express syrien» la répartition par années est la suivante: 9 voyages en 2012 (échauffement), 61 en 2013, 54 en 2014, 83 en 2015, 77 en 2016, et 34 en 2017 (en 9 mois). 5,4 voyages par mois ont été accomplis en moyenne, et 6,9 en 2015. Le point culminant a été atteint en septembre 2013 (quand Barack Obama s'apprêtait à bombarder la Syrie) avec 10 voyages, et en septembre-octobre 2015 (préparation et le début de l'opération militaire des forces russes) avec 10 et 12 voyages respectivement.

Des doutes sont apparus début septembre 2017 quant au sort du projet «Express syrien».

Le fait est qu'au cours des trois derniers mois, son activité tendait vers zéro avec un voyage en juin, deux en juillet et encore un en août. Cela a prêté à penser que la marine comptait transmettre aux transporteurs civils l'une de ses missions accomplie pendant plus de 5 ans (5 ans et 3 mois aujourd'hui). D'autant que les photos des navires et des cargos charters "civils" du ministère de la Défense à destination de la Syrie transportant différents chargements sont devenues de plus en plus fréquentes.

Cependant, comme pour réfuter ces pensées, le détroit du Bosphore a été franchi le 15 septembre par le Yamal, le 19 septembre par l'Azov, le 20 septembre par le Cesar Kounikov, et le 25 septembre, en passant par le Gibraltar, l'Alexandre Otrakovski est entré en Méditerranée après avoir quitté Severomorsk le 13 septembre. De cette manière, au 27 septembre 2017 quatre grands navires de débarquement russes se trouvaient en Méditerranée, ce qui n'est pas très éloigné de la moyenne mensuelle des années précédentes.

L'«Express syrien» restera visiblement en place jusqu'à ce que l'ordre et la paix soient définitivement rétablis en Syrie. Même si des cargos de transport se chargeaient d'une partie significative du fret sur cet itinéraire, il resterait forcément des chargements qu'il serait préférable de transporter en disposant d'une immunité absolue (sous la Croix de Saint André). Par exemple, de nouveaux armements (secrets) et du matériel militaire prévus pour des essais en conditions de guerre.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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