Pourquoi Russie a besoin d'un nouveau brise-glace militaire

© Sputnik . Igor Rusak / Accéder à la base multimédiaIlia Mouromets
Ilia Mouromets - Sputnik Afrique
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Mercredi 4 août ont commencé les essais du tout nouveau brise-glace russe Ilia Mouromets avec sa large coque trapue, une superstructure angulaire avec une paroi inclinée à la militaire, ses puissants moteurs diesel et une Croix de Saint André sur sa poupe.

Pour la première fois depuis de longues années, il était commandé par le ministère de la Défense et non par un service civil. Ce navire fait partie de la classe de soutien et il servira dans la flotte arctique de la marine. Cet hercule d'acier devrait être transmis à la marine d'ici la fin de l'année. Coup de projecteur sur les particularités et les perspectives des navires de ce projet.

Un navire agile

Brise-glace militaire Ilia Mouromets - Sputnik Afrique
Prochains tests opérationnels du brise-glace Ilia Mouromets
Le nouveau bâtiment est attendu avec impatience: la flotte du Nord n'a aujourd'hui aucun brise-glace polyvalent à sa disposition alors que de tels navires sont indispensables en Arctique, notamment compte tenu de l'ampleur de la construction militaire. Il ne faut pas oublier non plus la querelle politique permanente entre les puissances du nord qui revendiquent leur part du gâteau arctique. La Russie possède à ce jour la plus grande flotte de brise-glaces au monde, mais l'Ilia Mouromets fait passer ses capacités au niveau supérieur.

A première vue, les caractéristiques tactiques et techniques du bâtiment n'ont rien d'extraordinaire: il est relativement petit par rapport à ses confrères. En termes de déplacement d'eau (6.000 tonnes) il est comparable à un destroyer, de longueur (85 mètres) à une corvette, et de vitesse (15 nœuds) à un dragueur de mines. La particularité de l'Ilia Mouromets est sa toute nouvelle propulsion qui offre de sérieux avantages pour travailler en Arctique. Elle se compose de quatre générateurs diesel d'une puissance totale de 10.600 kW qui alimentent deux moteurs électriques de 3.500 kW chacun installés dans des pods séparés. Ils se trouvent à l'extérieur de la coque et peuvent tourner à 360 degrés. De cette manière, l'Ilia Mouromets peut se déplacer tous azimuts — en avant, en arrière, latéralement ou en biais, ce qui lui permet de changer rapidement de cap et de manœuvrer dans un champ de glace.

le brise-glace Ilia Mouromets - Sputnik Afrique
Un nouveau brise-glace militaire russe en route pour la mer Baltique
Le bâtiment fait partie de la classe Icebraker6 et peut se frayer un chemin à travers la glace jusqu'à un mètre d'épaisseur. Certes, les brise-glaces nucléaires affichent des performances supérieures, mais l'Ilia Mouromets devance largement ses confrères diesel-électriques sur bien des aspects. Premièrement, avec un seul «plein» le brise-glace peut parcourir 10.000 milles marins, c'est-à-dire faire un aller-retour sur la Route maritime du Nord. Deuxièmement, il sera à même de naviguer en autonomie jusqu'à 60 jours. De par ces deux indices, le brise-glace dépasse significativement la grande majorité des navires de combat russes, à l'exception peut-être du croiseur nucléaire lourd Pierre le Grand. Pour la navigation dans l'Arctique, l'autonomie et la portée de la navigation sont primordiales car il n'est pas toujours possible de se ravitailler en carburant, en eau et en nourriture en cours de route.

Un soldat universel

L'Ilia Mouromets est un vrai bosseur, qui remplit un large éventail de missions. Il peut patrouiller pendant une longue période dans les régions de la zone arctique, remorquer des navires, leur frayer un chemin dans la glace, desservir les bases et les aérodromes côtiers et participer aux recherches hydrographiques. L'amiral Viktor Tchirkov, qui a commandé la marine russe jusqu'en 2016, avait fait l'éloge du futur brise-glace.

«Quand ce navire était en développement, il n'a pas été pensé avec les caractéristiques d'aujourd'hui, mais de demain, a souligné l'amiral le 23 avril 2015 sur le chantier naval au début de la construction de l'Ilia Mouromets. On a travaillé sur la navigabilité, la manœuvrabilité, la polyvalence et un tout nouveau principe électrique de déplacement. On a utilisé le principe conceptuel de construction navale prévu par le programme de construction navale à l'horizon 2015: la polyvalence.»

Le sous-marin nucléaire Severodvinsk - Sputnik Afrique
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C'est l'universalité qui transforme un brise-glace d'apparence ordinaire en «outil à tout faire» à même de remplir non seulement des tâches de navigation et de transport, mais également de participer aux opérations militaires. Hormis l'équipage (32 hommes) l'Ilia Mouromets peut embarquer 50 fantassins de marine avec tous leurs équipements. Le navire est doté d'un héliport pour accueillir des hélicoptères polyvalents Ka-27. La capacité de charge totale du brise-glace est de 500 tonnes, et le volume de ses compartiments destinés à transporter des équipements civils et militaires atteint 500 mètres cubes. Une grue de 21 mètres installée sur le pont permet de charger tout le nécessaire sur le navire.

Mais ce n'est pas tout: le projet de brise-glace prévoit la possibilité d'installer des armes de bord, notamment des canons d'artillerie à grande cadence de tir AK-630, AK-230 et AK-306. Théoriquement le brise-glace serait même capable de remplir des fonctions d'attaque. Le pont de chargement de 380 m² à l'arrière est prévu pour transporter du fret dans des containers maritimes classiques de 20 et 40 pieds. L'un d'eux pourrait cacher un système de missiles Club-K — une modification des fameux Kalibr — dont le système de lancement et le poste de contrôle tiennent dans un container. De cette manière, l'Ilia Mouromets pourrait être rapidement transformé en guerrier redoutable disposant d'un autre avantage considérable sur tous ses concurrents potentiels.

«A la surprise des spécialistes militaires occidentaux, le système russe de positionnement global GLONASS en Arctique s'est avéré bien plus efficace que le GPS, a déclaré Viktor Nikolaev, rédacteur en chef du magazine Potentiel industriel militaire. Pour le positionnement dans la région, le GPS donne une marge d'erreur d'environ 800 mètres. La Route maritime du Nord est très difficile pour la navigation. La situation des glaces y change constamment et il y a des bas-fonds. Une telle marge d'erreur est donc très grave. Le GLONASS fonctionne de manière bien plus précise.»

Le successeur

Plus tard, avec l'Ilia Mouromets, la marine recevra quatre autres brise-glaces identiques du projet 21180 — deux pour la flotte du Nord et deux pour la flotte du Pacifique. De plus, le patrouilleur de la zone arctique Ivan Papanine du projet 23550 sera construit pour la marine russe d'ici 2020. Il sera doté de missiles antinavires et d'un canon universel de 100 mm AK-190 capable de percer jusqu'à 1,5 m de glace. Le premier navire de la série devrait entrer en service en 2021. La construction du deuxième brise-glace baptisé Nikolaï Zoubov commencera en 2018.

 

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