3.000 hommes et plus de 800 véhicules ont participé à ces manœuvres, dont 250 chars russes les plus répandus — les T-72. Les soldats et les officiers ont travaillé pendant une semaine des manœuvres d'attaque et de contournement en offensive, des nouvelles tactiques, et se sont entraînés au tir au canon.
Un ennemi de force égale
Lors des manœuvres, les rôles principaux ont été joués par deux régiments blindés de la 90e division blindée de garde, décorée deux fois de l'ordre du Drapeau rouge et rétablie récemment (le 1er décembre 2016). Ces exercices ont constitué une sorte de première «session d'examen» pour la nouvelle unité du District militaire central. Le lieutenant-colonel Iaroslav Rochtchoupkine, assistant du commandant des troupes du district, explique que les régiments agissaient l'un contre l'autre, séparés en «rouges» et «bleus». Les deux camps étaient assistés par l'artillerie, la reconnaissance et les drones. Les deux commandants des régiments disposaient de réserves, d'un grand espace de manœuvre et ne souhaitaient certainement pas quitter le champ de bataille dans le rôle du perdant. Ainsi, deux forces égales en matière de capacités opérationnelles, d'effectifs et de matériel se sont affrontées pendant les manœuvres. L'aviation, considérée par de nombreux experts militaires comme la principale puissance d'attaque de toute armée moderne, n'était pas impliquée. Tout s'est passé «à l'ancienne»: chars contre chars.
Au cas où
D'après Viktor Mourakhovski, la guerre en Syrie se rattache au premier type de conflits: l'armée syrienne et les terroristes de Daech utilisent les chars de manière très limitée, principalement en tant qu'appui-feu de l'infanterie, ainsi qu'au sein de groupes de manœuvre réduits. Par contre, l'opération Tempête du désert, pendant laquelle une grande partie du matériel blindé de Saddam Hussein a été anéantie par les frappes des avions américains, fait partie de la deuxième catégorie. Tout comme les bombardements en Yougoslavie avant cela.
En Russie le dernier exemple d'usage massif de blindés en conditions de guerre a été l'opération d'imposition de la paix en Géorgie en août 2008. Plusieurs dizaines de chars ont participé de chaque côté à la bataille de Tskhinval. Il ne fait aucun doute que l'expérience de ce conflit armé a été utilisée lors des exercices qui viennent de s'achever dans l'Oural.
«En cas d'agression massive contre la Russie par des États qui le jugeraient réalisable, d'importantes batailles de blindés auraient forcément lieu, estime l'expert. C'est pourquoi des manœuvres sont organisées en permanence, et c'est aussi pour cela que nous avons créé la 1ère armée blindée de garde, qu'a été recréée la 90e division blindée, et que nous fournissons en matériel l'unité Kantemirovskaïa (4e division blindée de garde) dans la région de Moscou. Il faut être prêt à toutes les situations.»
Le renouvellement du parc
Premièrement, il a été rapporté plusieurs fois que d'ici 2025 l'armée recevrait activement des chars de nouvelle génération T-14 sur le châssis Armata. A l'heure actuelle, ces véhicules effectuent des essais militaires. Deuxièmement, les versions antérieures du T-72, moralement obsolète, seront modernisées jusqu'à la version T-72B3, et les T-80 à turbine à gaz jusqu'à la version T-80BVM. Ces mesures permettront de prolonger leur durée d'exploitation jusqu'à ce qu'ils soient remplacés par les nouveaux blindés. Troisièmement, le char de série russe le plus moderne, le T-90A, sera amélioré jusqu'à la version T-90M. Il sera doté d'un canon 2A82-1M (comme le T-14), d'un système de conduite de tir Kalina, ainsi que d'une défense active et réactive Afganit et Malakhit.