Vers une reconnaissance tacite de la Crimée russe?

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L’Europe tente encore et toujours de sortir du conflit qui l'oppose à la Russie depuis le rattachement de la Crimée en 2014.

Le président tchèque estime que l'Ukraine pourrait «clore» cette question en cas d'indemnisation financière de la part de Moscou, ce que Kiev juge absolument inacceptable. En Allemagne, le ministère des Affaires étrangères pourrait bientôt être dirigé par un homme suggérant une solution encore plus pragmatique, écrit jeudi le site Gazeta.ru.

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Lors de la session de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, le président tchèque Miloš Zeman a appelé Moscou à verser à Kiev une compensation monétaire pour la Crimée afin de «clore cette question». Son homologue ukrainien Piotr Porochenko a rétorqué que cela n'arriverait jamais.

Christian Lindner, président du Parti libéral-démocrate allemand (FDP) et partenaire de coalition le plus probable de la chancelière Angela Merkel, adopte néanmoins une approche plus pragmatique de ce dossier. Pressenti comme futur ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement allemand, il a souligné par le passé la nécessité d'accepter la situation «temporairement permanente» de la Crimée — une approche analysée dans un article publié sur le site du Conseil européen des relations internationales.

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Son auteur, le politologue allemand Andreas Umland, fait remarquer qu'il ne s'agit pas du premier homme politique allemand à souligner la possibilité d'une approche plus rationnelle de la situation en Crimée. Ainsi, Alexander Gauland, leader du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui est arrivée en troisième position aux élections législatives, affirme que la Crimée est un «territoire historique russe» et «ne peut revenir en Ukraine». Qui plus est, Sahra Wagenknecht, co-présidente du parti Die Linke, a appelé le gouvernement allemand à accepter les résultats du référendum en Crimée.

Mais si Moscou considérait déjà ces forces politiques comme amicales, le FDP de Lindner n'est pas connu pour faire partie de ceux qui acceptent la politique «expansionniste» du Kremlin, souligne l'article.

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En même temps, le parti de Lindner a une bonne expérience des affaires délicates avec la Russie. Au milieu des années 1980, il était présidé par Hans-Dietrich Genscher qui après avoir quitté ce poste, a joué le rôle d'intermédiaire lors de la libération de l'ancien patron de l'entreprise pétrolière Ioukos Mikhaïl Khodorkovski. En tant que ministre allemand des Affaires étrangères, il avait mené une politique assez pragmatique envers l'URSS.

Lindner qui respecte l'héritage de Genscher, est actuellement l'un des candidats les plus probables au poste de vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères au sein du nouveau gouvernement d'Angela Merkel. Selon Vladimir Brouter, expert de l'Institut international d'études en sciences sociales et politiques, Lindner est un homme politique «rationnel» défendant les intérêts des grandes entreprises qui estiment qu'il faut «faire de l'argent avec la Russie au lieu de lancer une confrontation avec elle».

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Oleg Bondarenko, président de la Fondation de politique progressive, est du même avis: si Lindner faisait partie du gouvernement, il «préférerait focaliser son travail sur les aspects pratiques de la coopération économique entre l'Allemagne et la Russie, sans mettre l'accent sur la Crimée et le Donbass». L'expert considère cette politique comme une «reconnaissance tacite».

L'Allemagne était le partenaire européen principal de la Russie avant l'introduction des sanctions. Ces limitations économiques ont porté un coup dur aux entreprises allemandes liées à la Russie. Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung, la production allemande a perdu 13,5 milliards d'euros de 2014 à 2015 à cause des sanctions.

Merkel aura le dernier mot

Au début de la semaine, Angela Merkel a annoncé le lancement des négociations avec les Verts et le FDP devant les représentants de la Junge Union à Dresde.

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La plupart des Européens comprennent peu à peu que la Crimée fait partie de la Russie
Les experts allemands ne sont pas du même avis concernant les délais probables de formation du nouveau gouvernement. Les uns estiment que les négociations pourraient prendre fin d'ici Noël. Les autres soulignent qu'elles pourraient traîner en longueur jusqu'au début de l'année 2018. La radio DW a récemment rappelé que suite aux élections de 2013, la formation du gouvernement avait pris 86 jours.

Dans tous les cas, la position de la chancelière Angela Merkel sur la Crimée sera décisive. Lors de la campagne électorale, elle a partagé sa position dans une interview au quotidien Frankfurter Allgemeinen Sonntagszeitung: «Quand j'entends qu'il faut reconnaître tout simplement l'annexion de la Crimée par la Russie, ma logique est suivante: qu'est-ce qui serait arrivé, si la RDA avait fait face à la même attitude sous le slogan «L'Allemagne a été partagée, et on ne peut plus rien faire»?»

Les cercles diplomatiques russes ont pourtant interprété les paroles de la chancelière de manière tout à fait différente.

Selon Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, les propos de Merkel sont un argument «d'acier» «soulignant clairement la justesse historique de ce fait».

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Merkel fournit malgré elle un «argument en béton» en faveur de la Crimée russe
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a fait remarquer que la réunification de l'Allemagne s'était déroulée sans référendum et avec le soutien de Moscou, souligne Zakharova.

Quoi qu'il en soit, certains experts considèrent cette comparaison entre la RDA et la Crimée comme incorrecte car l'Allemagne de l'Est était un État reconnu par la plupart des pays du monde, y compris par la RFA.

Dans tous les cas, la volonté d'élaborer une position de compromis sur la Crimée existe non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis où cette question est évoquée par de nombreux experts influents. «Si l'on se rend compte du fait que les relations russo-américaines sont plus larges que le problème de la Crimée, ce dernier sera résolu. A mon avis, il existe beaucoup de moyens de le faire et la Russie doit, elle-aussi, faire preuve de créativité. Je doute qu'un leader russe, même démocratique, accepte un jour de renoncer à la Crimée», souligne Thomas Graham, directeur exécutif du groupe Kissinger Associates Inc.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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