Alexandre Mendel: «Je ne crois pas à l’hypothèse de la guerre civile»

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À l’heure où, en plus de la radicalisation islamiste semble surgir celle d’extrême droite, se pose la question de la guerre civile. Une hypothèse que réfute Alexandre Mendel, auteur de « Partition, chronique de la sécession islamiste en France ». Car selon lui, l’éclatement qui menace la France ne sera pas combattu.

Le terrorisme est dans tous les esprits, mais pourtant depuis hier il n'est pas islamiste mais «d'extrême droite». Un «vaste coup de filet» mobilisant la DGSI et le RAID a conduit à l'interpellation de dix personnes dans les Bouches-du-Rhône et en région parisienne.

En effet, des individus exclus de mouvements comme l'Action française ou un moment proches du Front national, notamment un certain Logan Nisin, âgé de 21 ans et fiché S, auraient voulu s'en prendre à Jean-Luc Mélenchon, Christophe Castaner et à des lieux de culte musulmans.

Un phénomène

Certains verront dans «la haine» ou «le racisme» la cause du phénomène. D'autres, disons à droite, auront plutôt tendance à en minimiser l'importance. Les deux approches ne sont peut-être pas totalement fausses, mais en tout cas potentiellement superficielles.

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Je parle de phénomène, car d'autres auront relevé qu'entre Breivik, ou les attaques à la voiture bélier contre la mosquée de Finsbury Park à Londres en juin dernier ou contre une manifestation «antifa» à Charlottesville au mois d'août, des «radicalisations» qui ne sont pas celles de musulmans se font sentir…

Évoquer la possibilité d'une telle série permet de nous inscrire dans une dynamique de plus long terme. Elle permet de soulever une question qui se pose, de façon lancinante, dans bien des esprits… Cette question, c'est celle, ô combien douloureuse pour nous autres enfants de la modernité tardive, de la guerre civile. Car comme nous le savons, à la guerre comme en amour, il faut être deux.

Affronter le temps long

Affronter le temps long et cette possibilité de guerre civile est essentiel. Ce raisonnement par l'exception incite à percevoir autant les causes que les effets.

En d'autres termes: de quoi ces événements actuels sont-ils les effets?

Nous en venons donc à l'essai de notre invité: dans Partition, chronique de la sécession islamiste en France (L'Artilleur, 2017), Alexandre Mendel décrit ce à quoi nous assistons tous, mais que nous jugeons tous de manière différente, à savoir la place grandissante de l'islam en France.

Extraits de l'entretien:

Guerre civile?

«Je ne crois pas à l'hypothèse de la guerre civile. Elle aurait déjà eu lieu: les quartiers en sécession, ça ne date pas d'hier. Première hypothèse, le peuple se soulève parce qu'il en a marre des attentats, sent son identité en danger, ce qui est vrai: pourquoi maintenant et pas il y a dix ans ou après 250 morts? Deuxième hypothèse: je me souviens avoir discuté avec un fonctionnaire de la lutte antiterroriste il y a un an: il me disait qu'il n'y avait pas de la part de l'armée de plan de récupération des quartiers islamisés. Il a écarté l'hypothèse du plan "Ronces" émise par Eric Zemmour et Philippe de Villiers. Je ne crois pas qu'on perdra des milliers d'hommes pour récupérer les tours de La Courneuve. On va laisser faire.»

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«Des gens soupçonnés de s'en vouloir prendre à Jean-Luc Mélenchon, accusé de favoriser le communautarisme. Bon. Je ne connais pas le détail du dossier, mais il faut être rigoureux: on ne peut pas tirer la moindre conclusion sur dix personnes dont on ignore l'état d'avancement du projet. C'est vrai, des identitaires prennent l'habitude de laisser des têtes de cochon devant les mosquées. Je n'appelle pas ça un acte de guerre civile, que je trouve ridicule d'ailleurs. Si c'est ça la guerre civile, on peut dormir tranquille. En 1939, le député socialiste et pacifiste Marcel Déat, qui est devenu collabo, disait "on ne mourra pas pour Danzig". En 2017, les mêmes pacifistes disent: "on ne mourra pas pour La Courneuve".»

Quelles sources?

«Les plus grands pourvoyeurs d'informations sont les imams eux-mêmes. Ils adorent se balancer entre eux, et ils m'appellent! On a le droit de changer d'avis, mais vous apprenez que certains étaient considérés comme Frères musulmans ou salafistes… Les gars nous accueillent dans les mosquées, ils savent très bien que vous bossez sur l'islamisation, mais sont très contents de vous balancer des infos parce qu'ils se tirent dans les pattes. Aussi, j'ai écrit l'année dernière La France Djihadiste. Après, des gens sont venus directement vers moi: "si j'avais su, je vous aurais dit ça!"»

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«On retrouve, dans toutes les sphères, un système de flicage entre musulmans: celui qui n'ose pas faire la prière, ou ne prend pas de pause pour la faire. On rapporte son nom à la mosquée. Il est vu comme un mauvais musulman, un "hypocrite", comme ils disent. C'est terrible pour eux. Une lycéenne m'a aussi raconté qu'il valait mieux ne pas faire la minute de silence après Charlie Hebdo, ou ricaner. Sinon, vous passiez pour un collabo.
Le poids de l'Oumma est si fort, que quand vous habitez dans un quartier où 90% de la population est musulmane, vous avez intérêt à vous conformer. J'ai un témoignage; quelqu'un m'a demandé de changer de prénom, un agent de sécurité: "je ne veux pas passer pour un islamophobe auprès de ma communauté". Il pratiquait un islam modéré, des chibanis des années 70. Qu'on m'accuse moi d'être islamophobe, c'est le jeu! Qu'on accuse un musulman d'islamophobie, c'est là qu'on se dit qu'il y a un problème.»

Trop tard?

«Le dialogue antireligieux ne marche pas, l'antiracisme ne marche pas, au contraire: ça les victimise. Le propre des victimes est de se faire justice, donc de taper sur les Français. Je suis frappé par les témoignages dans le milieu du travail et dans les écoles. Il n'est pas normal que dans certaines tours de La Défense, certains agents quittent leur travail pour faire leur prière. Certains étages ne sont pas protégés. En plus, ils font du prosélytisme. Troisième chose, les écoles: comment les bobos pourraient-ils savoir ça? Les enseignants sont terrifiés à l'idée de passer pour des islamophobes dans un milieu très à gauche. Il faut qu'ils racontent ce qu'ils voient, qui est parfois très dur et inquiétant. Il n'y a pas à transiger.»

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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