«Depuis 2016, il n'y a pas eu de commando envoyé de Syrie, car c'est une opération qui prend du temps: envoyer des hommes, reconnaître les objectifs, préparer le matériel […] ils ont de moins en moins de troupes disponibles. Cette menace est à prendre au sérieux, c'est naturel. De là à en faire l'élément le plus préoccupant, là on est dans la communication politique»
Deux ans jour pour jour après le choc sanglant du 13 novembre, c'est donc la communication politique qui a pris le pas sur la réalité du terrain, selon Gérald Arboit. Car le patron de la Sécurité intérieure n'est pas le seul à pointer du doigt le danger venu de l'extérieur en ce jour de deuil et d'apaisement.
Le ministre de l'Intérieur de Gérard Collomb rappelle lui aussi dans le Journal du Dimanche que «Malgré les défaites de Daech en Syrie et Irak, il faut bien sûr rester vigilants face la capacité de nos ennemis à ordonner des attaques depuis les zones de combats». Une communication issue de l'ancienne présidence, où il était convenu d'insinuer que puisque «nous sommes en guerre donc Daesh, la menace ne peut venir que de Daesh». Or,
«Les gens reproduisent les attentats. On médiatise les attentats en disant Daesh est responsable. Quelques jours ou semaines plus tard, vous avez le même attentat qui se produit, mais avec les moyens du bord: regardez la série qu'on a eue avec les voitures, les camions, les couteaux… C'est par période, par médiatisation.»
«Ils sont plutôt on ground! C'est-à-dire qu'ils sont nés sur le terrain, et cela peut être n'importe qui, pour une raison X ou Y. Donc, c'est plus intéressant de maintenir cette idée la menace viendrait de l'extérieur que d'admettre qu'on a un problème à l'intérieur même de nos frontières. Et qui expliquerait, finalement, que la France est le seul pays européen à avoir un terrorisme lancinant depuis 2012».
À bout de souffle, «Daesh revendique tout est n'importe quoi, pour pouvoir faire du buzz, pour pouvoir continuer à essayer de survivre», commente Gérard Arboirt, qui rappelle que la relève est néanmoins assurée:
«Il ne faut pas oublier que l'EI n'existe quasiment plus, mais les sites qui ont repris le discours de l'EI continuent à exister sur Internet. Les tutoriels que Daesh a faits lors de sa splendeur médiatique sont toujours téléchargeables sur Internet.»
«Une fois passée la fièvre commémorative, ça s'étiolera. D'autres groupes se lanceront dans le terrorisme. Regardez l'extrême-droite, l'extrême gauche, qui repointent le bout de leur nez»,
et qui aussi, peuvent rependre le mode d'action des terroristes islamistes, pour cacher leur motivation islamophobe.